Et si la clef du bonheur professionnel, c’était précisément de vendre du bonheur ? Lasses de fonctions dans lesquelles elles ne trouvent plus de sens, des femmes toujours plus nombreuses quittent leur emploi pour réaliser un rêve : celui de devenir wedding planner, ou planificateur de mariage. Si le propos prête à sourire, l’enjeu est réel tant le marché disponible pour ce type de services s’étend d’année en année.
Vendredi 24 novembre 2017, dans les salons d’un très chic hôtel parisien à deux pas du Louvre. L’ambiance est agitée, bavarde, féminine, et pour cause : l’Assocem, l’association française des wedding planners, organise son cinquième séminaire annuel. La cinquantaine de participantes présentes illustre mal le dynamisme de la profession ; les organisatrices visent en effet une vingtaine d’adhérentes gagnées en un an, soit une augmentation de plus de 60 %.
Voilà pour les cyniques qui portaient déjà le deuil d’une cérémonie qu’ils jugeaient ridicule et dépassée. « Le mariage n’a plus cette image ringarde. Aujourd’hui, il faut en mettre plein la vue, faire différent… et surtout pas comme les parents », nous explique Virginie Mention, co-fondatrice de l’Assocem [voir vidéo-ci-dessous]. « Les gens cherchent l’effet whouah. » Et quand on aime, on ne compte pas : dépouillée de sa symbolique religieuse et sociale, la cérémonie se veut souvenir inoubliable pour un public cible toujours plus diversifié : époux qui renouvellent leurs vœux, familles recomposées et désormais couples homosexuels. Ce que confirme la secrétaire générale de l’Assocem, Charlotte Beuvelet : « c’est un marché en pleine expansion. Aux Etats-Unis, la profession de wedding planner existe depuis un demi-siècle et 80 % des familles y ont recours. En France, la profession est apparue il y a dix ans à peine et organise 4 % des mariages seulement. » La marge de progression est donc énorme.
De quoi attirer les prétendants à la reconversion. Si l’on observe quelques jeunes actives dans l’assistance, nombreuses sont ainsi les femmes entre quarante et cinquante ans à la recherche d’un rebond professionnel. A l’image de Dominique, Ilhem et Christine. Elles sont chargée de communication, de ressources humaines ou responsable de boutique dans le prêt-à-porter mais toutes sont ici pour concrétiser un projet de reconversion professionnelle. « Je suis une femme de 47 ans : c’est maintenant ou jamais », estime Christine. « Je ne suis pas une jeunette ; je sais ce que je veux, j’ai mon expérience, c’est valorisant. » Si la volonté est là, inébranlable, les moyens d’atteindre leur objectif semble plus flou. Quelle formation, quel statut ? Comment démarrer sans book et sans réseau ? Le wedding planning souffre du flou propre aux professions émergentes, dont les conditions d’exercice ne sont pas encore balisées.
Tel est d’ailleurs l’objectif de l’Assocem : professionnaliser ce qui apparaît aujourd’hui comme un hobby pour actives fan de belles robes et de décorations florales. Mais non : construire la perfection fugace d’une journée de rêve, ça s’apprend et il existe même une école pour cela. Elle s’appelle Jaelys, a ouvert il y a moins de dix et propose aujourd’hui des formations en conseil en image et évènementiel. Pour décrocher son diplôme de wedding planner (plus reconnu par la profession que par l’Etat), il faut compter entre 2 et 5 000 euros, et entre trois mois et un an selon la formule qui accepte des bacheliers aux salariés en reconversion, en passant par les alternants. Ca ratisse large.
Mais plus de wedding planners, ça veut dire plus de concurrence sur ce marché. Et ce, malgré la position officielle de l’Assocem, qui prône la coopération et non la rivalité entre ces membres. Le possible manque de place pour les nouvelles entrantes n’inquiète pas ces dernières. « Il faut se diversifier », nous explique Ilhem. « Moi, je mise sur les mariages dans des lieux originaux et les baby showers. C’est la prochaine grosse tendance en France. » La belle histoire n’est donc pas prête de finir.