C’est une histoire triste et belle comme seules les fins d’année peuvent en offrir. Printemps dernier, en Corrèze : Nathalie Simonet, employée d’un grand magasin de bricolage, apprend que sa fille de douze ans est atteinte d’une leucémie. Afin de lui permettre de rester aux côtés de la jeune malade et l’accompagner tout au long de son traitement, ses collègues s’organisent et lui offrent un total de 330 jours de congés.
Si ce geste paraît naturel, il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, le don de RTT n’est possible que depuis l’adoption de la « loi Mathys » [voir encadré] en avril 2014. Celle-ci permet à n’importe quel salarié de renoncer, volontairement et sans contrepartie, à quelques jours de congés au profit d’un collègue dont l’enfant est gravement malade. Le don peut porter sur tous les jours de repos non pris, à l'exception des 4 premières semaines de congés payés, et bénéficier à toute personne ayant en charge un enfant de moins de vingt ans dont la maladie ou le handicap nécessite un accompagnement soutenu. L’entreprise est en charge d’organiser les échanges et valide les dons.
A l’origine de la loi, l’histoire du petit Mathys d’une dizaine d’années et atteint d’un cancer du foie. Désireux d’accompagner son fils jusqu’au bout et à travers toutes les difficiles étapes de sa maladie, Christophe Germain pose congés payés, RTT et même un congé maladie… mais se retrouve finalement sans option supplémentaire. Par solidarité, ses collègues s’unissent et lui offrent, spontanément, 170 jours de congés qui permettent au père d’être présent jusqu’à la mort de Mathys, en décembre 2009. Reste que si l’entreprise a regardé d’un bon œil le geste de ses salariés, celui-ci était parfaitement illégal. Seules quelques conventions collectives évoquaient alors le don de congés et aucun texte de loi n’officialisait cette pratique. Les parents de Mathys ont donc interpellé le corps politique afin que le Parlement légifère sur le sujet. C’est chose faite depuis le vote de la loi du 30 avril 2014, dite « loi Mathys ». |