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Sevran, l'exemple même d'une ville impliquée dans l'emploi

01/11/2001

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La mairie de Sevran tient son rôle très à cœur. Sa principale préoccupation : aider les Sevranais en difficulté à trouver un emploi ou une formation.

Cette politique trouve l’une de ses concrétisations avec un événement annuel : le Forum de l’emploi.

Avec 17 % de jeunes de moins de 25 ans, Sevran est une ville très jeune, avec des quartiers en difficulté, des problématiques sociales, d’emploi, de formation et de logement.

« Notre action s’articule autour de quatre grandes idées que nous allons développer sur les six années à venir, avance Jean-François Baillon, adjoint au Maire délégué au développement économique et conseiller régional.

Tout d’abord, faire en sorte que l’information sur l’emploi et la formation soit accessible à tous, par exemple, en donnant les moyens à la PAIO d’aller sur le terrain à la rencontre des jeunes au chômage ou en difficulté.

Assurer le développement économique de la ville, notamment en incitant les entreprises à s’installer sur notre agglomération.

Développer les transports pour désenclaver la ville et faciliter l’accès à l’emploi. Et quatrième idée : favoriser la rencontre entre l’offre et la demande d’emploi.

D’une part, en faisant venir l’ANPE et en liant, pour plus d’efficacité, les pôles emploi, formation et services économiques de la ville et, d’autre part, grâce à notre Forum Emploi annuel. »

Aller chercher les Sevranais

Les jeunes Sevranais, parce qu’ils sont nombreux et parce qu’ils représentent l’avenir de la ville, sont particulièrement concernés par les efforts prodigués par la municipalité.

La Permanence d’Accueil d’Information et d’Orientation (PAIO) de Sevran est une belle structure, bien équipée, implantée au sud du canal de l’Ourcq.

« Un bel espace est important pour valoriser les jeunes, leur donner envie de venir nous voir et qu’ils se sentent accueillis, développe J-F Baillon.

Pourtant, bien que nous enregistrions un taux de fréquentation important et croissant, beaucoup de jeunes encore n’ont pas la motivation de « franchir le canal » pour venir voir nos conseillers.

L’idée d’aller à leur rencontre (au nord du canal) s’est imposée d’elle-même. A la suite d’un programme que nous avons bâti en juin dernier, nous avons obtenu, dans le cadre du contrat de ville, des financements pour que des conseillers de la PAIO puissent se rendre sur le terrain, dans nos trois quartiers en grande difficulté). »

« Cette intervention vise à mieux nous faire connaître afin que les jeunes prennent conscience des intérêts qu’ils auraient à venir nous voir, quitte à ce que nous leur offrions leur premier ticket de transport », complète Jean-François Delannoy, coordonnateur du pôle emploi de la PAIO.

Cette démarche pro-active a d’ailleurs a été enclenchée : le 3 octobre dernier, le responsable du pôle orientation formation et un conseiller formation se sont déplacés sur un quartier Nord de la ville pour informer les jeunes.

L’objectif est la mise en place d’une permanence ouverte toute la journée sur chaque quartier, une fois par semaine, afin d’établir un contact, de faire passer un maximum d’information.

Attirer des entreprises

La ville joue plusieurs cartes afin de d’assurer son développement économique, fortement affecté par la délocalisation des deux grosses entreprises implantées sur son sol, Kodak et Westinghouse. Car si elle est proche de Roissy, Sevran ne bénéficie pas de ses retombées économiques.

«  Nous cherchons donc à faire venir les jeunes créateurs d’entreprises qui n’ont pas forcément besoin de s’implanter sur Roissy.

Afin de les inciter à choisir Sevran, nous terminons une pépinière d’entreprises afin de les aider à se développer en leur apportant une assistance juridique, comptable…

Puis, dans un deuxième temps, nous souhaitons pouvoir leur proposer un hôtel d’entreprises avec des locaux de toutes superficies, bien desservi », commente J-F Baillon.

Développer les transports

Faire venir les entreprises et résoudre le problème de l’emploi implique également de développer les transports.

Comme l’explique l’adjoint au maire : « La zone aéroportuaire de Roissy représente un vivier d’emplois important pour nos jeunes. S’il existe déjà un accès direct Sevran-Roissy par le RER B, Sevran reste une ville enclavée.

La Municipalité travaille à développer des transports en commun de nuit sécurisés pour que les cités soient desservies dans les tranches horaires adéquates afin que les jeunes puissent travailler sur cette plate-forme.

Par ailleurs, sur le secteur Westinghouse, il est prévu, dans le cadre d’un contrat de plan région, la transformation de la ligne des Cocotiers par un tramway qui sera relié d’un côté à Eole et de l’autre à la ligne B du RER vers Roissy. »

Favoriser la rencontre entre l’offre et la demande

La politique emploi de la ville repose sur les pôles emploi, formation, et services économiques.

Regroupées à la même adresse, la PAIO, pour les moins de 25 ans, et le Centre Municipal de Formation (CMF), pour les plus de 25 ans, participent activement au développement local en favorisant l’insertion professionnelle et sociale des Sevranais.

« Si le CMF et la PAIO ne concernent pas les mêmes publics, des liaisons existent entre elles : elles organisent ensemble le Forum de l’emploi.

Nous avons aussi un embryon de Service économique - chargé notamment de mobiliser les grosses entreprises sevranaises sur le Forum - et que nous souhaitons développer », rapporte J-F Baillon.

Forte de plus de 47 000 habitants, Sevran n’a cependant pas d’agence ANPE. « Nous négocions avec l’ANPE l’ouverture d’une antenne au premier trimestre 2002 et réfléchissons à une liaison ANPE, PAIO, CMF afin de tout rassembler sur un même lieu, en nous rapprochant idéalement du centre ville », conclut J-F Baillon. Car c’est en fédérant les initiatives, les volontés et les moyens que l’on peut répondre au mieux aux besoins des jeunes.

L’engagement de la PAIO

Le rôle d’une PAIO est d’accueillir et d’écouter tous les jeunes de 16 à 25 ans, diplômés ou sans qualification, et d’apporter à chacun selon son niveau, ses besoins, ses difficultés, des réponses individualisées.

La volonté clairement affichée par la ville Sevran de résoudre le problème de l’insertion des jeunes par l’emploi et la formation se traduit concrètement par les moyens qu’elle accorde à sa PAIO. Car celle-ci remplit un rôle d’autant plus crucial que la proportion de jeunes de moins de 25 ans est élevée à Sevran.

Aussi, l’effectif de la structure a-t-il pu doubler en cinq ans et est-il passé de huit en 1999 à seize aujourd’hui.

« Depuis six mois, nous avons la chance d’avoir pu intégrer dans notre équipe une assistante sociale et une psychologue ; cela permet aux conseillers de se consacrer intégralement à l’insertion professionnelle du jeune tout en sachant que Marie et Sophie prennent le relais pour lever toutes les barrières annexes (logement, hygiène, santé, problèmes psychologiques…). 

Sans la ville, nous ne pouvons rien faire : les subventions état et région ne suffisent pas », résume Jean-François Delannoy. Ainsi, en 2000, la PAIO était financée à 65% par la ville, à 25% par le Conseil régional et à 7% par l’état.

Fort heureusement, la Région Ile-de-France a décidé depuis « de tenir compte des difficultés spécifiques des communes et d’aider davantage les plus défavorisées sur la base d’actions proposées par les PAIO : le budget alloué par la Région à la PAIO de Sevran vient d’augmenter de 46 % par rapport à il y a deux ans », se réjouit J-F Baillon.

L’action menée par la Permanence et l’énergie déployée par ceux qui l’animent portent leurs fruits. « Notre PAIO fonctionne très bien parce que nous avons réussi à réunir une équipe dynamique et que nous proposons des actions concrètes à l’intention d’un public difficile »,  souligne J-F Delannoy.

Si nous avons enregistré, l’année dernière, une légère baisse des nouvelles inscriptions, notre capacité d’accueil a, en revanche, augmenté depuis 1996 en nombre de jeunes accueillis, d’entretiens réalisés et de jeunes suivis chaque mois par la structure. »

Ce qui tend à prouver que le travail fourni par la Permanence repose sur un principe de relation suivie et approfondie.

Ainsi, l’année dernière, ce sont 1002 jeunes (distincts) qui ont été suivis et 5 941 entretiens qui ont été réalisés (soit une moyenne mensuelle de 495 entretiens), contre 597 jeunes et 1 806 entretiens (soit une moyenne mensuelle de 164 entretiens) en 1996. Soit, respectivement, une augmentation de 80 % et de + 300 %.

La PAIO de Sevran s’organise autour de trois pôles d’actions : accueil, orientation / formation et emploi.

Le pôle accueil

Une moyenne de 494 jeunes se présentent tous les mois sur cet espace organisé et animé par deux professionnels pour s’informer sur les prestations de la PAIO et les ressources locales, consulter la documentation, s’inscrire…

« Le jeune est ensuite convié à une réunion d’information collective (pas plus de huit jeunes) animée par un chargé d’accueil et un conseiller orientation-formation.

Si le jeune sait ce qu’il veut faire, il sera ensuite convié à un rendez-vous orientation-formation pour un diagnostic de son parcours. S’il n’en n’a aucune idée, nous lui conseillerons une orientation en Ateliers Découverte des Métiers (ADM).

Financés par la Région, ceux-ci consistent en un bilan de compétences poussé qui permet de dégager un, deux ou trois projets professionnels qui seront suivis par des stages pratiques en entreprise ou des plateaux techniques dans des centres de formation pour vérifier l’adéquation jeune / projet.

Le jeune reverra ensuite un conseiller orientation/formation pour mettre en place un parcours d’insertion professionnelle et estimer si un complément de formation est nécessaire ou si le jeune peut basculer sur le pôle emploi de la PAIO », rapporte J-F Delannoy.

Le pôle orientation / formation

Géré par quatre conseillers, ce pôle se situe au cœur de l’activité de la PAIO. C’est sur cet espace que le positionnement des jeunes s’effectue afin de déterminer la logique de parcours la plus en adéquation avec la situation du jeune.

« Le problème ne réside pas dans une insuffisance d’offres d’emploi, non, le problème est de réussir à leur faire réaliser l’impact qu’une formation, même courte, peut avoir sur leur vie professionnelle. En général, les jeunes que nous rencontrons veulent travailler tout de suite », observe J-F Delannoy.

« Nous apportons aux jeunes un accompagnement personnalisé sur un moyen, voire un long terme et intervenons autour de plusieurs axes, précise J-F Delannoy.

L’élaboration de parcours : diagnostic, bilan, orientation, utilisation des dispositifs de formation, suivi ; l’accompagnement social - car environ 50 % des jeunes suivis présentent une difficulté d’ordre social ; la contribution à l’élaboration de projets d’insertion et leur mise en œuvre ; l’animation de l’Atelier Découverte des Métiers. »

En 2000, 551 jeunes distincts ont pris contact avec ce pôle dont 244 nouvellement inscrits, soit une moyenne mensuelle de 96 jeunes reçus et de 32 jeunes par conseiller.

« Le travail accompli par les conseillers s’effectue dans le cadre d’entretiens individuels d’une heure environ », précise J-F Delannoy. Dans un souci d’efficacité et afin d’établir une relation personnalisée, le jeune sera suivi par le même conseiller tout au long de son parcours.

En 2000, 51 % des jeunes suivis par le pôle orientation / formation ont intégré une formation, signé un contrat emploi ou trouvé un emploi.

« Mais les formations qualifiantes restent difficilement accessibles pour ces jeunes qui, souvent, n’ont pas le niveau suffisant pour engager ce type de parcours. »

Le pôle Emploi

Si les jeunes dont le niveau d’études est inférieur à IV sont dans un premier temps reçus par les conseillers orientation  formation, les autres sont directement inscrits sur le pôle emploi.

« Les jeunes de notre ville ont des difficultés à se stabiliser sur un emploi durable : 45 % des 522 jeunes pris en charge sur le pôle emploi l’ont déjà fréquenté l’année précédente, constate J-F Delannoy.

L’activité du pôle s’est nettement développée depuis 1999, tant quantitativement que qualitativement. Rien qu’en septembre, nous avons mené 407 entretiens. »

Animé par deux conseillers et deux animateurs, la structure emploi s’articule autour de trois axes : l’espace ressource emploi, ouvert tous les matins de 8h30 à 12h30 ; les séances de techniques de recherche d’emploi ; la collecte des offres d’emploi et la mise en relation offres/demandes.

Deux animateurs en contrat emploi-jeunes aident les jeunes à rédiger leur CV et lettres de motivation et leur apprennent à se servir d’Internet car les nouvelles technologies sont là pour véhiculer les offres d’emploi.

Ainsi, grâce à douze PC connectés à Internet par une liaison ADSL, les jeunes sont libres de consulter les sites emploi et de se créer une adresse e-mail. Par ailleurs, un partenariat avec l’ANPE permet au jeune d’appeler l’ANPE depuis la PAIO pour obtenir directement les coordonnées de l’entreprise.

Parallèlement, une conseillère va travailler au niveau du suivi et des freins que ces jeunes peuvent rencontrer dans leur démarche afin de les aider à concrétiser l’embauche en utilisant des ateliers (simulation d’entretiens, prospection téléphonique…)

« Le dialogue est privilégié entre le jeune et le conseiller pour responsabiliser et motiver le jeune et l’amener à comprendre que c’est à lui d’agir et d’appeler l’entreprise, insiste J-F Delannoy. 

Nous proposons d’ailleurs au jeune de signer un contrat d’engagement : ce que nous lui apportons et ce que nous attendons de lui.

En effet beaucoup d’entre eux manquent d’autonomie et ont besoin d’être encadrés. » D’où, également, le suivi des objectifs qui a lieu environ un mois plus tard et qui permet de « bousculer » un peu le jeune pour lui éviter de perdre trop son temps.

L’année dernière, 56 % des jeunes suivis sur le pôle emploi ont signé un contrat de travail - 45 % en CDD, 30 % en CDI - ou un contrat de formation.

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