Pas besoin de s’exiler dans un champ d’éoliennes pour exercer un métier vert ! Il en est un que nous croisons tous, tous les jours, sans même y prêter attention : les éboueurs. En collectant nos déchets et s’assurant de leur tri, ils constituent un maillon stratégique de la chaîne de recyclage.
RECRUT a posé trois questions à Christophe Clerfeuille, créateur du Collectif Ripeurs, une association visant à valoriser cette profession indispensable et pourtant victime de nombreuses idées reçues.
Les perspectives sont infinies, car je ne vois pas comment les déchets ménagers pourraient diminuer de façon significative, surtout dans les grandes villes. Cette profession est loin de manquer de candidats, surtout pour les éboueurs ayant le statut « fonctionnaires ». En effet, au-delà de cet emploi, les candidats regardent la possibilité de pouvoir évoluer au sein d'une administration et surtout le fait d'avoir un emploi assuré « à vie ». Après, il est vrai que les candidatures féminines ne courent pas les rues, même si on voit une petite évolution avec l'intégration de plusieurs femmes au sein de la collecte.
Je pense que certaines villes ont du mal à recruter car les salaires et conditions de travail ne doivent pas être à la hauteur de ce métier pénible où, je le rappelle, l'espérance de vie est quasiment la plus faible avec les égoutiers, et où les blessures sont quotidiennes.
Ne nous voilons pas la face : ce métier ne fait pas rêver, au même titre que les pompiers ou policiers. Mais je ne désespère pas de voir un jour un producteur oser faire un film sur nous et nous montrer différemment.
Je ne vois aucune évolution concrète sur l'image de notre profession découlant du gouvernement. La seule qui essaie et arrive à faire évoluer cette image, c'est bien notre association : « Le Collectif Ripeurs » ! Celle-ci agit bien évidemment avec l'aide des collectivités.
L'évolution peut aussi se voir dans nos parutions dans les médias. Chaque année depuis que notre association a vu le jour, les villes qui participent à notre action caritative en faveur des enfants malades ont toujours droit à un article dans la presse locale. Auparavant, on nous appelait en général pour parler des grèves ou du fini-parti [habitude qui consiste, chez les éboueurs et postiers notamment, à rentrer chez soi une fois la tournée terminée, sans tenir compte des horaires officiels de travail].
Le profil des candidats est simple. Jeune et souvent sportif. Ce sont les deux critères primordiaux pour pouvoir prétendre à la dure réalité du métier d'éboueur, ou plutôt à celle de « ripeur ». Il est rare de voir un homme de plus de 40 ans derrière un camion poubelle. Il faut que la condition physique de ce dernier soit parfaite (pas de surpoids, par exemple), que les horaires très matinaux ne le dérangent pas, que les odeurs et les intempéries ne soient pas non plus un obstacle car ils deviendront son quotidien.
Les études ou diplômes ne sont pas un critère pour prétendre à ce métier, même si certains ont poursuivis leurs études pendant un certain nombre d'années. Il n'est pas forcément nécessaire d'avoir un CV bien rempli.
Devenir éboueur par vocation, c’est rare, mais ça doit exister… Le premier critère recherché par les candidats à ce métier est tout simplement de pouvoir travailler. Pour certains, très jeunes, il s’agit d’obtenir leur indépendance financière vis-à-vis de leurs parents. Pour ceux qui choisissent la fonction publique, ce choix se transforme en un emploi à vie qui peut leur permettre d’évoluer au sein d’une administration. Certains font également ce choix de carrière en raison des horaires : avoir les après-midi de libre leur permet de faire du sport ou d’autres activités. Les horaires décalés sont aussi un avantage et un gain précieux d'heure qu'ils ne perdent pas dans les embouteillages quotidiens.