C’est une nomination que personne n’avait vu venir, mais qui semble mettre tout le monde d’accord. A 62 ans, Muriel Pénicaud devient la nouvelle Ministre du Travail, la première du mandat d’Emmanuel Macron. Un choix qui réjouit les principaux acteurs des négociations à venir sur la Loi Travail, de Force Ouvrière au Medef en passant par la CFDT.

Une ministre en terrain miné

« Elle a plutôt le bon profil », estime Jean-Claude Mailly de Force Ouvrière. Et un grand « sens politique et du dialogue ». Au Medef, on va même plus loin en saluant un « profil exemplaire ». Rarement un ministre du travail aura fait une telle unanimité auprès des partenaires sociaux. Pourtant le poste est hautement stratégique et les dossiers qu’elle aura à porter, potentiellement douloureux. Outre les chiffres mensuels du chômage, la nouvelle ministre sera en charge de la réforme du Code du Travail que le gouvernement entend mener dès cet été. Un texte qui, dans sa première version énoncée dans la programme du candidat Macron, n’avait pas manqué d’affoler les syndicats contestataires qui promettaient un « troisième tour social » à l’élection présidentielle. 

Aujourd’hui, cependant, les tensions semblent avoir baissé d’un ton et les leaders syndicaux se disent ouverts à un dialogue constructif autour du texte. Un petit miracle dû entièrement au profil de la nouvelle Ministre, qui compte parmi les choix les plus intelligents du Président Macron.

Profil hybride et expérience indéniable

A l’instar du gouvernement dans lequel elle s’inscrit, Muriel Pénicaud a un profil hybride. Membre de la société civile, n’ayant jamais exercé de mandat politique, elle a cependant acquis une solide connaissance des institutions en travaillant aux côtés de Martine Aubry sur les questions de formation professionnelle (à partir de 1991) puis en étant nommée par Jean-Louis Borloo Présidente de l’Institut national du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (INTEFP) en 2006. Des connexions de gauche comme de droite et une expertise sur la formation professionnelle : autant de cases cochées susceptibles de parler à Emmanuel Macron.

C’est cependant son expérience dans le privé qui fait aujourd’hui sa réputation. Après avoir quitté le service RH de Dassault Système, elle devient Directrice des Ressources Humaines du géant français Danone, où elle brille en instaurant une couverture santé mondiale pour l’ensemble des salariés du groupe. De quoi forger une réputation de femme sensible au bien-être des actifs, renforcée par la rédaction d’un rapport sur le stress au travail ayant servi de socle aux négociations de 2013 sur la qualité de vie au travail.

Depuis 2015, Muriel Pénicaud était Directrice Général de Business France, une agence chargée de la promotion des entreprises françaises à l’étranger. C’est à ce titre qu’elle s’affichait en janvier 2016 aux côtés d’Emmanuel Macron (alors Ministre de l’Economie) au Consumer Electronic Show de Las Vegas.

Connaissance des secteurs public et privé, expérience du dialogue social, sensibilité sociale et patriotisme économique, Muriel Pénicaud qui semble avoir toutes les cartes en main pour se montrer à la hauteur des dossiers brûlants dont elle vient d’hériter. 

C.Véron

Laurent Berger (CFDT) se réjouit de la nomination de Muriel Pénicaud sur BFM TV.