Les centres de formation proposent à leurs étudiants de nombreux services d’aide à la recherche d’une entreprise. Sandrine Forestier vous précise ce que vous pouvez attendre de votre centre de formation.
Sandrine Forestier est la directrice du CEFP, Centre Européen de Formation Professionnelle. Fondé en 1991, l’établissement propose des formation en alternance dans les métiers du secteur tertiaire en Ile-de-France.
Il assure des formations dans trois filières principales : la communication, les ressources humaines et l’informatique de gestion. Le centre a accueilli environ 500 stagiaires au cours de l’année 2002/2003.
La mission d’un centre de formation consiste bien évidemment à dispenser une formation pédagogique à des jeunes, définie dans le cadre légal du contrat de qualification. Pourtant, dans les faits, sa mission ne s’arrête pas là, bien au contraire. Aujourd’hui, le Centre de formation intervient de plus en plus dans les phases de recrutement des jeunes.
Il doit souvent aider les jeunes à trouver leur entreprise, orchestrer leurs recherches ou tout simplement les placer directement au sein d’une entreprise. Il intervient souvent à la demande des recruteurs qui lui confient la véritable sélection du candidat, même si au final, l’entreprise à toujours le dernier mot quant au recrutement du jeune en alternance.
Ainsi, nombre de jeunes aujourd’hui, s’inscrivent dans plusieurs centres de formation, en attendant que l’un d’eux leur ait trouvé une entreprise d’accueil. Certains sont d’ailleurs de plus en plus déresponsabilisés, et font l’erreur de trop attendre du centre de formation en matière de recherche d’entreprise.
Ils devraient au contraire s’impliquer fortement dans leurs recherches et profiter des services d’aide et d’accompagnement que propose généralement tout bon centre de formation.
Si le centre de formation encadre effectivement le jeune dans sa recherche d’entreprise, en lui donnant des outils de prospection, des conseils et des moyens pour mener à bien sa recherche, il est important de souligner que, de son côté, le jeune doit être réellement motivé.
Il doit aussi et cela est indispensable connaître parfaitement les caractéristiques du contrat de qualification, ses avantages pour l’entreprise afin de pouvoir engager sa propre prospection.
Le premier conseil à donner à un jeune reste d’entamer ses recherches par le cercle relationnel, de faire jouer ses relations et de rechercher prioritairement une entreprise en se faisant recommander.
Le centre de formation va tout d’abord, mettre à sa disposition, des outils de démarchage plus ou moins performants. Généralement, le jeune accède à des bases de données de contacts en entreprise.
Celles-ci peuvent déjà avoir ou non collaboré avec le centre de formation. Si c’est le cas, le jeune s’adresse à des entreprises déjà sensibilisées aux atouts de l’alternance. Des ateliers sont également souvent proposés au jeune pour lui enseigner les techniques de recherche d’entreprise.
Au CEFP, par exemple, nous avons mis en place des ateliers pour apprendre à rédiger un argumentaire sur l’alternance, à maîtriser les techniques de rédaction de cv et de lettre de motivation. Nous préparons le jeune pour les entretiens d’embauche.
Nous lui donnons un accès permanent aux salles informatiques afin qu’il se connecte « à volonté » sur internet et nous lui conseillons les sites de recherche d’emploi à consulter en priorité.
Des réunions sont également organisées par le CEFP pour bien expliquer les mécanismes de l’alternance. Il faut absolument que le jeune y participe, car, s’il veut séduire un recruteur, il doit parfaitement pouvoir présenter le principe de la formation en alternance. Il est de la responsabilité du centre que de bien l’informer.
S’il n’est pas capable de bien présenter sa formation, il risque fort de ne pas convaincre l’entreprise. Certains centres mettent en place de véritables cellules de télémarketing, où les jeunes contactent par téléphone des recruteurs à partir de fichiers, fourni par l’école, tout en s’auto stimulant et en étant encadré par des conseillers.
Nombreux sont les centres qui proposent un accès à internet pour mener à bien sa recherche. De plus en plus, internet s’affirme comme un outil de prospection très efficace.
Nous organisons régulièrement des « réunions de placement », au CEFP, à l’occasion desquelles les responsables de filière renseignent les jeunes sur les postes à pourvoir et les orientent dans leurs recherches.
En effet, nous sommes organisés par filière : communication, comptabilité/bureautique/assistanat et informatique. Chaque responsable de filière identifie toute l’année, les entreprises susceptibles d’intégrer un jeune en alternance.
Il centralise les besoins et est mieux à même de proposer le candidat le plus à même de satisfaire aux attentes de l’entreprise et aux contraintes du poste. La présence du jeune à ces réunions de placement est fortement recommandée.
Nous plaçons plus facilement les jeunes que nous connaissons bien, car nous nous engageons envers l’entreprise, en lui présentant les candidats faisant état du meilleur profil. Les candidats que nous présentons aux recruteurs doivent satisfaire à leurs exigences.
Le rôle du responsable de filière est donc très important. Il reçoit les jeunes individuellement et analyse leurs attentes et leurs personnalités. Il procède au même travail d’analyse avec l’entreprise qui recrute.
Il exige que soit définit un profil de poste précis, et prend le temps de le définir si le chef d’entreprise n’est pas à même de l’exprimer clairement. Ce n’est que lorsque l’entreprise a précisément défini le poste que le responsable de filière présente deux ou trois jeunes susceptibles de répondre aux attentes de l’entreprise.
Nous n’adressons des CV de candidats que la veille des entretiens de recrutement, car nous choisissons les candidats pour l’entreprise, qui sélectionnera ensuite le candidat, parmi notre première sélection. Nous sommes à l’écoute des jeunes.
Les entreprises doivent donc nous faire confiance et nous leur évitons ainsi des entretiens de recrutement inutiles avec des candidatures inadaptées. Nous nous qualifions souvent de « cabinet de recrutement pour des jeunes en début de carrière ».
Notre action de placement est d’ailleurs la partie la plus difficile de notre métier, elle est devenue de plus en plus importante avec le temps. En effet le jeune en alternance est désormais passée dans l’esprit des entreprises du statut de « stagiaire » au statut de salarié à part entière.
Leurs exigences nous ont permis de mieux préparer les phases de séléction, préparation et recrutement des jeunes candidats à l’alternance. Ceux-ci doivent donc vraiment participer aux différentes réunions destinées à les aider à trouver un employeur.
Il est important de faire un vrai choix de centre de formation et de privilégier la qualité de l’enseignement. S’inscrire dans plusieurs centres de formation, ce n’est s’engager personnellement qu’à moitié.
C’est trop attendre du centre de formation et oublier que pour trouver une entreprise, il faut s’investir pleinement dans les phases de recherche. Multiplier les centres de formation, ce n’est que multiplier les
« espoirs » d’être assister dans sa recherche d’entreprise. Avec un seul centre de formation, le jeune s’engage pleinement dans une recherche d’entreprise qu’il prend soin de bien construire en collaboration avec son centre de formation. Avant toute chose, il faut donc que le jeune soit motivé.
Il doit être sûr de vouloir faire une formation en alternance. Il doit « correspondre au profil ». Une personne qui a besoin d’un encadrement scolaire important, par exemple, ne trouvera pas forcément sa place en alternance.
Il nous arrive de refuser des candidatures. Le centre de formation doit savoir refuser des candidatures même si c’est parfois difficile. Il faut également que le jeune ait bien réfléchi à la formation qu’il souhaite suivre et au secteur dans lequel il voudrait travailler.
Là encore, il est important de postuler à des postes pour lesquels on est réellement motivé et ne pas s’engager à des postes qui ne nous correspondent pas totalement. Si le jeune a bien préparer son projet d’alternance, il n’a aucune raison de s’ inscrire dans plusieurs centres de formation.
Il risque simplement de se disperser dans ses recherches et de trouver finalement un poste qui n’est pas en adéquation avec sa formation et ses ambitions.
Tout d’abord, il faut s’inscrire à l’ANPE, sitôt après avoir passé son bac, en juin. Cette inscription immédiate facilitera les démarches d’enregistrement de la demande de formation en alternance auprès des organismes d’état.
Cette inscription est en fait très importante. Peu de centres la recommande systématiquement. Nous conseillons aussi de commencer très tôt sa recherche d’entreprise, dés le mois de juin.
Trouver une entreprise pour sa formation en alternance, c’est comme trouver un premier emploi. Nous connaissons tous dans notre entourage, une jeune diplômé à la recherche d’un premier emploi.
Ils sont peu nombreux à le dénicher en moins de deux mois de recherche. C’est pourtant la performance que va devoir réaliser le jeune qui veut suivre une formation en alternance. Autant vous dire que, commencer dés juin, est vraiment indispensable. Les jeunes sont encore trop nombreux à partir en vacances et à se reposer sur le seul travail du centre de formation et de son service de placement.
Autre conseil que nous proposons systématiquement : fréquentez tous les salons de recrutement. Vous avez l’occasion d’y rencontrer les responsables du recrutement. Il ne faut pas laisser passer de telles occasions de proposer directement sa candidature à des entreprises qui recrutent.
Tout à fait. Les responsables de filière sont à l’écoute des jeunes toute l’année. Leur travail ne s’arrête pas aux phases de recrutement. Une fois par an, un rendez-vous est pris avec le tuteur du jeune salarié.
On le tient informé des résultats scolaires de son stagiaire, on envisage la suite du contrat. C’est aussi au cours de cet entretien que le centre de formation explique au tuteur quels sont les impératifs de formation liés aux examens. Si l’élève n’est pas à l’aise dans son entreprise d’accueil, il peut en parler à son responsable de filière qui interviendra auprès du tuteur.
Bien souvent il suffit de rétablir la communication entre le tuteur et l’étudiant qui parfois ne sait pas prendre l’initiative de ce contact. S’il advenait que le jeune ne convient pas à l’entreprise, nous organisons une rupture à l’amiable.
On demande à l’entreprise de garder le jeune pendant un mois, le temps de trouver un autre élève à l’entreprise et de remplacer le jeune à un poste plus adéquat dans une autre entreprise.