Mélanger Art et Robotique est une association qui, au premier abord, n’est pas des plus évidentes tant ces deux termes semblent antinomiques. C’est pourtant le pari qu’a fait la Cité des sciences et de l’industrie puisqu’elle propose en ce moment même aux visiteurs l’exposition monumentale « Art Robotique ».
Une dizaine d’artistes sous les projecteurs
Alors que le visiteur pénètre à peine dans l’exposition, il peut apercevoir une forme étrange se dessiner à la passerelle du niveau 1 du musée. C’est la spectaculaire Totemobile imaginée et créée par Chico MacMurtrie. Une Citroën D.S, peinte d’un gris métallique, est ainsi exposée. La voiture mythique conduite par Louis de Funès et Jean-Pierre Belmondo se transforme peu à peu en une structure géante de 18 mètres de haut. Les mouvements de la machine sont dus à des systèmes automatisés qui donnent la vision d’un totem mécanique explosé.
Une fois à l’intérieur de l’exposition, vous passez du statut de simple visiteur à celui de voyageur. Vous êtes plongé dans un univers de science fiction digne des plus grands écrivains tel qu’Isaac Asimov. L’incursion se fait en douceur, avec le travail de Till Nowak, The Centrifuge Brain Project, sous forme d’un documentaire et d’esquisses. Ce réalisateur, fasciné par le gigantisme des fêtes foraines de son enfance, filme les expérimentations de l’Institut pour la Recherche Centrifuge sur la gravité et son effet sur le cerveau.
La deuxième installation est celle de Jean-Michel Bruyère, Le Chemin de Damastès. Devant vous, 21 lits médicalisés blancs, les couvertures pliées impeccablement sur le matelas, tout cela éclairé par 21 tubes fluorescents. Soudain un bruit, suivi d’un mouvement de la tête de lit. C’est alors que le premier lit se soulève puis s’abaisse, le suivant l’imite et ainsi de suite. Ces mouvements sont réglés et synchronisés par un ordinateur, laissant place à un véritable ballet, semblable à celui de la respiration.
Au détour du couloir, derrière une vitre, un robot-peintre s’active sur une toile.The Big Picture est un projet du collectif allemand robotlab. Pendant les neuf mois que dure l’exposition, il va réaliser seul une œuvre picturale, reprenant les images récoltées par Curiosity lors de ses déambulations martiennes. Il n’en est encore qu’au début, son œuvre se résumant pour le moment à des éclaboussures stylisées, mais dans 9 mois l’accouchement promet d’être saisissant !
Laissant ce robot derrière vous, le visiteur progresse vers une salle obscure où d’autres « voyageurs » tentent de tirer des sons d’un instrument étrange qui a la forme à la fois d’une note de musique et du personnage éponyme Pac-Man. Il s’agit d’un Otamatone, création du japonaisNovmichi Tosa appartenant au groupe artistiqueMaywa Denki. Pour créer une mélodie, il suffit de faire glisser ses doigts de haut en bas sur la tige de l’appareil, tout en manipulant la bouche avec l’autre main. Ce n’est pas la seule de ses créations mise à l’honneur puisqu’on y observe aussi les Marimcas, des marimbas dont les lames ressemblent à des pétales d’edelweiss, ou encore les Seamoons, des robots chanteurs avec des soufflets en guise de poumons.
Gravissant les quelques marches de l’escalier, on arrive devant les fantastiques créatures du néerlandais Theo Jansen. Appelées Animaris, ces structures aux multiples pattes sont composées de la matière plastique et de ruban adhésif. Pour que la plus petite Animaris Ordis avance et recule, il lui faut l’aide de trois personnes. Animaris Umeris, plus volumineuse, a seulement besoin de vent. Capturé dans sa voile, il sert à faire fonctionner le système d’air comprimé et de pistons. Ces inventions en forme d’insectes géants sont d’une beauté singulière. Lorsqu’elles ne sont pas en exposition, elles peuplent les rivages ensablés du Pays-Bas. Animal ou une machine ? Prenez le temps d’y réfléchir.
Continuant sur notre lancée, on atterrit devant les trois Cosmic Birds de l’ancien danseur Shun Ito. Ces sculptures cinétiques utilisent la lumière et le mouvement pour créer une chorégraphie hypnotisante faite d’ombres et de couleurs.
Un peu plus loin se trouvent cinq tableaux décrivant des propositions d’installations bio-scientifiques de l’artiste chinoise Lu Yang. Intrigué, le visiteur peut s’arrêter quelques temps devant ces schémas aux noms énigmatiques de Tendon Carnival, Zombie Music Box, Instruman et BCMI Monitoring ou encore Kraftmäuse.Cedernier tableau montre comment l’artiste entend créer un orchestre composé de souris grâce à certaines stimulations de leur cerveau. Ces expériences sont encore au stade de projet, l’artiste attendant la collaboration d’experts scientifiques.
Le visiteur inattentif risque de passer à côté de la Matrice liquide 3D du duo Christian Partos et Shiro Takatami. Dissimulée par un pan de mur, on y accède en traversant un rideau noir. Dans une pièce tout aussi sombre, on distingue deux blocs, l’un suspendu au dessus de l’autre. 900 valves contrôlées par ordinateur sculptent des filets d’eau éclairés par des stroboscopes. La Matrice n’est pas l’œuvre d’art, mais plutôt le support qui permet de créer l’œuvre.
La fin du parcours approche, après avoir redescendu les escaliers, une salle blanche peu éclairée laisse apparaître l’installation du collectif Troika, Falling Light. Levez les yeux, non pas au ciel mais au plafond. Vingt trois mécanismes y sont suspendus. Composés d’une lentille en cristal Swarovski, d’un moteur et d’une LED, ils tournoient, s’élèvent, s’éloignent et se rapprochent en rythme. Le sol, parsemé de cercles lumineux aux contours irisé, donne la sensation de baigner dans une pluie de lumière.
Infos pratiques
Du 8 avril 2014 au 5 janvier 2015
Cité des sciences et de l’industrie
30, avenue Corentin-Cariou - 75019 Paris
M7 Porte de la Villette
Tram 3B
Horaires
Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10h à 18h, et jusqu’à 19h le dimanche