L’économie sociale et solidaire, née durant la seconde moitié du XIXème siècle, repose sur des valeurs de solidarité, d’égalité, de liberté et renforce la cohésion sociale. Avec 10,3% de l’emploi français, soit 2,34 millions de salariés, elle est aujourd’hui un secteur essentiel à l’économie et au bon fonctionnement de la France. L’ESS est omniprésente pour les français sans que l’on s’en aperçoive réellement. 222 900 établissements relèvent de l’ESS, répartis dans trois branches principales : 21% des services pour personnes handicapées, 16% des centres sociaux et socioculturels et 13% de mutualités.
La mutuelle de protection sociale Chorum a réalisé, avec le soutien technique de l’institut CSA, une enquête concernant la qualité de vie au travail dans l’ESS. 6 261 salariés et dirigeants de l’ESS ont répondu à ce sondage à l’automne 2013.
Une qualité de vie supérieure à la moyenne nationale
Tandis que la note globale de la qualité de vie en France est de 6,1/10, celles des salariés et des dirigeants de l’ESS se placent légèrement au dessus avec respectivement 6,3 et 7,4. C’est dans les coopératives que la qualité de vie est la plus satisfaisante avec 7/10 contre seulement 5,9 dans les coopératives. On remarque également que cette note, que ce soit pour les salariés ou les dirigeants est toujours plus élevée chez les moins de 35 ans et dans les entreprises de moins de 20 salariés. Sans surprise, c’est dans les fonctions de la production que la note chute (5,6), tandis qu’elle grimpe dans la fonction de la direction générale (7). Cependant 46% des salariés et 32% des dirigeants ressentent une dégradation de leur qualité de vie au travail depuis quelques années.
Des conditions de travail convenables mais à améliorer
Majoritairement, les salariés et dirigeants se disent satisfaits de leurs conditions de travail à 78% et 89%. Ils sont 80% chez les salariés et 92% chez les dirigeants à considérer l’ambiance de travail comme satisfaisante. Cependant, ils sont 46% de dirigeants à penser que le travail empiète sur leur vie privée. Au niveau physique, 37% de salariés ont un travail qui implique des contraintes posturales et 23% perçoivent des douleurs articulaires et/ou une gêne dans le travail. La note globale des salariés victimes de gêne physique est de 5,3/10.
Bien que 84% des salariés et 81% des cadres se sentent respectés et reconnus dans le cadre de leur travail, 73% des dirigeants se sentent sous pression et 21% des salariés craignent des agressions physiques. Ils sont même 62% chez les salariés à se sentir affectés par les comportements et les discours agressifs des clients.
Un fort sentiment d’appartenance et d’utilité
85% des salariés et 92% des dirigeants souhaitent continuer leur carrière dans l’ESS, quant au contenu du travail, ils sont 80% de salariés et 94% de dirigeants à en être satisfaits. La quasi-majorité des dirigeants (98%) assure prendre souvent des décisions au travail, en revanche, seulement 73% des salariés partagent cet avis.
Des inquiétudes quant à l’avenir professionnel
Seulement 58% des salariés sont confiants dans leur avenir professionnel, tandis qu’ils sont 82% chez les dirigeants. La raison principale de la dégradation de leur qualité de vie s’avère être les fusions et regroupements. La moitié des salariés estiment l’information reçue lors des fusions insuffisante. Ainsi, seulement un tiers est rassuré quant à la pérennité de son emploi suite à une fusion ou à un regroupement. La note globale des salariés ayant connu une fusion ou un regroupement s’élève à 5,8/10.
Importance du relationnel et des échanges
90% des dirigeants pensent que les échanges formels ou informels permettent d’améliorer la qualité de vie au travail. Les salariés et dirigeants ayant des échanges réguliers au travail attribuent la note de 6,8/10 à leur qualité de vie au travail. 75% des salariés estiment que leur manager favorise la communication au sein d’une équipe, et 80% pensent que leur encadrant prend en compte leurs propositions. 56% des salariés déclarent recevoir un soutien satisfaisant de la part de leur manager dans les situations difficiles, leur note attribuée à la qualité de vie s’élève alors à 7,2. En revanche, les 28% jugeant le soutien de leur manager insatisfaisant ont attribué une note de seulement 4,6.
Le constat de ce baromètre est plus que satisfaisant, notamment concernant la qualité de vie et l’ambiance au travail. Cependant, il pointe les améliorations et les attentes liées à la gêne physique occasionnée, à l’inquiétude quant à l’avenir, à la relation parfois tendue avec les clients et au soutien parfois insatisfaisant des managers. L’ESS est un secteur d’avenir désormais indispensable, même s’il s’avère avoir encore quelques lacunes…
Sarah Lefeuvre