18 janvier 2016. François Hollande déclarait dans ses vœux un « état d’urgence économique et social ». Le taux de chômage était alors de 10,6 % (soit 3 552 600 demandeurs d’emploi) et une source d’inquiétude de premier ordre pour le gouvernement. Alerté par la DARES (son cabinet d’études), celui-ci se trouve confronté à deux soucis en apparence contradictoires que sont le nombre croissant de demandeurs d’emploi et les plus de 800 000 offres d’emplois qui restent vacants chaque année.
Convaincu que ce paradoxe repose sur un manque d’adéquation entre les compétences des chômeurs et les profils recherchés par les entreprises, le chef de l’Etat décide de miser sur la formation continue et lance le plan « 500 000 formations » pour « accompagner [les demandeurs d’emploi] vers les métiers de demain ». En clair, adapter les inscrits à Pôle Emploi aux offres disponibles.
Doté d’un budget estimé à un milliard d’euros, le plan visait à doubler le nombre de chômeurs formés (de 500 000 à un million fin 2016).
Un an plus tard, que reste-t-il de ces objectifs ? « L’objectif était de rattraper le retard français dans l’accès à la formation des demandeurs d’emploi par un plan ambitieux, et nous réussirons notre objectif de 1 million de personnes formées en 2016 », promet la Ministre du Travail Myriam El Khomri. Les premiers chiffres publiés en octobre 2016 par Pôle Emploi soutiennent cet optimisme : 740 000 demandeurs d’emploi ont bénéficié d’une formation en 2016.
Dans le détail : 450 000 ont terminé ou sont en cours de formation, 209 000 sont sur le point de commencer leur cursus, 48 000 sont actuellement accompagnés dans un processus de création d’entreprise et 33 000 ont signé un contrat de professionnalisation.
Le gouvernement entendait également rationnaliser l’offre de formation, en la rendant accessible en priorité aux profils les plus éloignés du marché du travail (notamment les deux millions de chômeurs sous le niveau bac). Là encore, les résultats sont encourageants puisque les actifs peu ou pas qualifiés et les chômeurs de longue durée représentent 41,8 % des bénéficiaires. Les jeunes de moins de 26 ans et les seniors, deux catégories durement touchées par le chômage, représentent respectivement 25,4 % et 24,2 % des formés.
Les détracteurs du « plan 500 000 formations » n’ont cessé depuis un an d’y voir un moyen de baisser artificiellement les chiffres du chômage en transformant les « demandeurs d’emploi sans activité » (catégorie A) en « demandeurs d’emploi en formation » (catégorie D), que les chiffres officielles de prennent pas en compte. Quelle qu’en soit la raison, la tendance est effectivement à la baisse sur le front du chômage : - 1,7 % entre septembre 2015 et septembre 2016.
Selon l’enquête publiée par Pôle Emploi fin octobre, les inscrits sont très contents de la formation dont ils ont bénéficié ; 89,1 % s’en disent « satisfaits » ou « très satisfaits ». Reste qu’il est encore trop tôt pour mesurer l’impact à long terme du plan sur l’emploi. Ces formés retourneront-ils en catégorie A une fois leur cursus achevé, ou renoueront-ils avec l’entreprise ?
L’autre défi du gouvernement consiste à transformer ce plan ponctuel en effort pérenne. « Il ne faut pas casser la dynamique », avertit Myriam El Khomri, qui réfléchit d’ores et déjà à une suite pour le printemps prochain.