Bilan de compétences, recherche des méthodes les plus appropriées pour faciliter l’apprentissage, techniques innovantes, tous les moyens sont aujourd’hui mis en œuvre pour permettre aux plus jeunes de réussir.
Le créneau du soutien scolaire se développe d’une façon régulière et ininterrompue depuis plusieurs années au rythme de près de 10 % par an.
Rassurer les parents, les déculpabiliser lorsqu’ils se trouvent dans l’incapacité de suivre le travail de leur progéniture, faire progresser les enfants, voilà l’objectif de ces nouveaux services à la « petite » personne.
Un peu d’histoire
Le soutien scolaire, les petits cours ... font partie du quotidien des élèves depuis de longues années. Cela se résumait souvent en cours d’une heure par semaine, sporadiquement distillés, en fonction des difficultés du programme ; épisodes dans le parcours scolaire des élèves, ces cours étaient généralement dispensés par des étudiants ou des enseignants en retraite.
Un nouveau concept
Aujourd’hui, si les cours de soutien scolaire s’apparentent parfois encore à des petits cours d’aide ponctuelle, bien d’autres fonctionnements sont apparus.
Grâce aux mesures gouvernementales des années 1990 permettant une déduction d’impôts de 50 % sur ces prestations, les entreprises spécialisées dans le soutien scolaire ont connu un essor remarquable.
Elles se partagent en France un marché estimé à environ 450 millions d’euros, en progression de près de 10 % par an. Cette croissance est alimentée par l’augmentation de la demande d’une part, mais surtout par les gains de parts de marché des prestations déclarées sur le travail au noir.
Aujourd’hui, pour rester dans les premières places du secteur, les entreprises doivent offrir un service à la fois complet et innovant.
La plupart d’entre elles proposent un suivi des enfants, sur la totalité de l’année scolaire, par un seul intervenant.
De nombreuses familles, dont les parents travaillent tous les deux, ne souhaitent pas ou ne peuvent pas gérer le quotidien scolaire de leur enfant. Pour eux, l’aide scolaire à domicile, est un moyen de s’assurer qu’un adulte veille au bon déroulement des apprentissages de l’école. Ce soutien va même jusqu’à s’apparenter à du coaching : nombreux sont les enfants qui n’auraient objectivement pas besoin de soutien mais auxquels les parents, inquiets, offrent une aide parfois quotidienne.
De plus en plus jeunes, parfois dès le cours préparatoire, les élèves bénéficient, certains tous les soirs, de l’aide d’un professeur spécialisé.
Les stratégies
L’immense succès que connaissent les entreprises de soutien scolaire est un révélateur de la crise et de l’inquiétude des parents face à l’avenir de leurs enfants. Les déclarations du Ministère de l’Education Nationale clamant haut et fort que les enfants ne savent plus ni lire, ni écrire, ni compter, les nouveaux programmes, les nouvelles méthodes, les querelles de spécialistes, les classes surchargées... tout cela ne fait que désemparer les parents qui font moins confiance à l’école.
Pour surfer sur cette vague, les acteurs du soutien scolaire ont développé des stratégies personnelles afin d’amplifier leur réussite, de signaler leur différence, ou même de survivre parmi les nombreuses entreprises qui se sont engouffrées dans cet espace : Anacours : a signé un partenariat avec un éditeur scolaire
Les cours Legendre proposent des professeurs salariés
Après la classe : propose des services étendus : sortie d’école + soutien scolaire+ garde en attendant le retour des parents Acadomia : mise sur le marketing avec des campagnes de publicité d’envergure
Quels professeurs ?
La difficulté principale que connaissent ces entreprises est de recruter du personnel qualifié, disponible. Dans l’ensemble, elles tentent d’embaucher des professeurs. Mais ceux-ci sont pour la plupart indisponibles pendant la journée, car ils travaillent déjà dans leur classe. Bien sûr, les professeurs du secondaire ont des emplois du temps plus souples.
En fin de journée, l’heure de pointe des « petits cours », les créneaux horaires sont vite complets.
Les entreprises ont donc élargi leurs critères de sélection de candidats : les professeurs en retraite ont donc été courtisés pour rejoindre les équipes de professeurs de soutien. De la même façon, des étudiants spécialisés dans certaines filières sont sollicités pour aider les enfants en difficulté. Leurs horaires de cours souvent souples et leur disponibilité personnelle font d’eux des candidats idéaux à ces postes de professeurs à domicile.
La plupart des acteurs du secteur exigent un bac + 3.
D’autres profils
En dehors des candidats pour les postes de professeurs, d’autres profils sont recherchés : des étudiants dès le premier cycle pour assurer les sorties d’école et les gardes, des étudiants plus qualifiés lorsqu’il s’agit d’allier sortie d’école et aide globale aux devoirs d’élèves de primaire.
Les entreprises sont, sur l’autre versant de leur activité, à la recherche de candidats de formation commerciale ou marketing, pour développer leur force de vente et leur technique de communication.
L’avenir du secteur
Les sommes investies par les entreprises dans cette démarche de recherche de qualité, qu’elles servent à obtenir une certification, à négocier des partenariats, à renforcer le processus de recrutement des professeurs ou à communiquer, laissent à penser que seuls les acteurs de poids pourront se maintenir sur le marché. Une concentration des acteurs est donc à prévoir.
Le modèle du prestataire qui met ses propres salariés à disposition des familles, devrait se généraliser à terme, ajoute Ludovic Melot, auteur d’un rapport sur le secteur du soutien scolaire pour Xerfi. La garantie de qualité est supérieure.» Pour conserver leur clientèle, les entreprises doivent faire en sorte que les deux parties (professeur et famille) ne souhaitent pas traiter en direct et donc, proposer des « services » suffisamment importants pour que l’intermédiaire devienne nécessaire.
Actualités
Les leaders du marché
Le leader actuel, Acadomia, fondé en 1989, domine le marché avec environ 2 millions d’heures de cours dispensées par an.
En 2004, son volume d’affaires, c’est-à-dire le montant total des sommes versées par les parents, a atteint 62 millions d’euros. Le numéro deux, Complétude, arrive loin derrière avec 500.000 heures dispensées et un volume d’affaires de 17 millions d’euros.
Les Cours Legendre, troisième acteur du secteur, constituent un cas à part : présents sur le marché du soutien scolaire depuis 1928, ils emploient des professeurs qu’ils recrutent comme salariés. Leur tradition d’excellence repose sur le choix d’une pédagogie qui a fait ses preuves sur la sélection et la formation d’enseignants majoritairement en exercice (84%) ou diplômés de haut niveau (maîtres de conférences, préparant CAPES, élèves ingénieurs BAC+4 avec expérience, etc.).