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Métiers oubliés : FAISEUR DE MOUCHES

15/10/2014

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Le faiseur de mouches confectionnait et vendait ces petits ronds de taffetas ou de velours semblables à des grains de beauté qu’il fallait coller sur le visage. A la fois artisan et commerçant, il était aussi marchand de fards et autres poudres que les dames de la Haute Société du Siècle des Lumières aimaient porter.

Les origines du métier

Le Moyen-âge fut l’époque de la petite vérole, aussi appelée variole, qui a sévi durement, tant dans les campagnes que dans les antichambres du pouvoir. Pour dissimuler les marques définitives qu’elle laissait sur les visages, on utilisait alors les mouches. Puis, les vaccins contre cette maladie sont apparus et la mouche est devenue l’ornement phare des Précieuses du XVIIème siècle : les plus coquettes pouvaient en porter jusqu’à quinze en même temps !

Les hommes, bien que moins nombreux, s’adonnèrent eux-aussi à cette pratique. Cette pratique puise ses origines les plus lointaines dans l’Antiquité, où les romains et les égyptiens utilisaient déjà la mouche pour camoufler leurs petits boutons.

La mouche, un accessoire de mode

Au temps de l’Ancien Régime, la cour de Versailles était le lieu de tous les artifices. Le naturel demeurait proscrit, au plus grand bonheur du faiseur de mouches. Non seulement utilisé pour dissimuler les imperfections, cet accessoire permettait aussi de rehausser la blancheur du teint et l’éclat de la peau. Le faiseur créait des mouches aux formes extravagantes pour satisfaire les envies saugrenues de ses clients. Certaines avaient l’apparence d’une lune, d’une étoile, d’un animal, d’un blason, d’autres simplement la forme d’une mouche… au sens littéral du terme !

L’emplacement de la mouche devait être choisi avec soin. En fonction de l’endroit où elle était placée, elle portait un nom qui révélait tel ou tel trait du caractère de son porteur. La passionnée près de l’œil, la baiseuse au coin de la bouche (au sens primitif du terme), la discrète sur le menton, l’effrontée sur le nez, la coquette sous la lèvre, la galante sur la joue, la généreuse sur la poitrine, la majestueuse sur le front, ou encore la voleuse sur un bouton !

C’est un accessoire qui perdure encore de nos jours. Dans les années trente, les pin-up se dessinaient un grain de beauté sur le coin de la bouche, tout en se fardant le visage de poudre de riz comme auparavant. Aujourd’hui, c’est Dita Von Teese qui se charge de remettre  la mouche au goût du jour.

Dans la littérature

Ce métier a fait l’objet d’une lettre écrite en vers par un auteur anonyme en 1661, la Faiseuse de mouches, une femme chez qui il était bon ton d’aller s’approvisionner. Dans cet écrit, elle prodigue ses conseils de séduction à une jeune galante, tout en lui contant les origines de la mouche.

Charles Sorel, l’historiographe de Louis XIII, y fait référence dans les Lois de la Galanterie. Dans ce texte destiné à un public mondain, il use d’un ton à la fois sérieux et parodique pour défendre le port de la mouche au masculin. Il démontre que les hommes doivent s’inspirer des femmes car elles possèdent un goût sûr. Mais attention, seuls ceux « de meilleure mine » pouvaient se le permettre. Cet ouvrage fut une source d’inspiration à part entière lorsque Molière écrivit sa célèbre pièce, Les Précieuses ridicules. 

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