Julie Martin, passionnée par les métiers de la mode, raconte pour les lecteurs de Recrut, la façon édifiante dont elle a changé de voie professionnelle pour rejoindre un secteur que l’on dit bouché et qui laisse cependant de la place aux personnalités volontaires et décidée …
· Quel poste occupez-vous et comment en êtes-vous venue à travailler dans le secteur de la mode ? Un rêve de petite fille ?
Julie Martin : Mes études ne me destinaient pas initialement au secteur de la mode puisqu’après un diplôme d’AES, j’ai fait Sciences Po. Cela m’a conduite à travailler 3 ans à l’étranger en tant que chargée de compte en communication institutionnelle et financière.
De retour en France, j’avais envie de faire quelque chose de totalement différent qui soit en adéquation avec ma sensibilité et ma culture familiale– je suis fille de soyeux !
J’ai alors développé un projet, une marque de vêtements pour les jeunes filles entre 10 ans et 16 ans : je monte alors un business plan, j’interroge différents acteurs du secteur …
Le projet prend de l’ampleur -je n’ai alors ni l’expertise, ni les moyens de suivre- et donc le projet n’aboutit pas. Cela a été néanmoins l’occasion de m’introduire dans ce milieu : je fais plein de petits boulots pour les personnes que je rencontre durant cette période et c’est comme cela que je suis devenue « Chef de produits » pour une marque de prêt-à-porter masculin.
· Depuis quand travaillez –vous sur ce poste ?
J. M : Je travaille avec cette maison depuis maintenant 10 ans et je suis passée du statut de salariée à celui de consultante extérieure. Avec l’acquisition de l’expérience et l’élargissement de mon réseau, d’autres opportunités se sont offertes à moi et j’ai donc créé ma petite entreprise (EURL). Ce statut me permet -depuis maintenant 5ans - d’exercer aussi l’activité d’acheteuse pour des boutiques multi-marques en tant que consultante indépendante.
· Quels sont les côtés qui vous plaisent dans ce métier ?
J. M : C’est un secteur qui bouge ! Il faut sans cesse se renouveler, imaginer une nouvelle histoire, ne pas laisser s’endormir son côté créatif….
La dimension internationale est aussi très intéressante : j’ai, par exemple, développé une licence avec un gros groupe japonais et il a fallu faire des plans de collection correspondant à notre style mais adaptés au marché japonais dont les codes sont totalement différents des nôtres (couleur, tendances…)
· Quelle est la partie la plus difficile à gérer ?
J. M : Sans aucun doute la production : le cahier des charges doit être archi développé, les délais difficiles à gérer car dépendant de nombreux intervenants, les usines de production ne sont pas toujours celles qui ont élaboré les prototypes …
· Comment envisagez-vous votre avenir professionnel ?
J. M : Pour boucler la boucle, il faudrait que j’ouvre mes propres boutiques et que je sois ainsi en relation directe avec le consommateur final.
Ou alors, créer un bureau d’achats et développer cette activité
· Le secteur est très recherché, comment y faire sa place et la garder ?
J. M : Je ne crois pas qu’il y ait de recettes, il faut s’accrocher ! Je pense cependant que le fait d’avoir travaillé, d’avoir accepté des petits boulots à mes débuts, m’a grandement aidé.
Cela m’a permis de me créer un réseau, ce qui est tout à fait primordial dans le secteur. Il ne faut pas avoir peur de travailler, d’accepter des tâches « ingrates » au début. Les jeunes gensdoivent veiller à ne pas être trop prétentieux en entrant dans le secteur.
· De quelles qualités faut-il faire preuve pour réussir dans le secteur ?
J. M : Il faut posséder une vraie sensibilité à l’air du temps, aux gens, ce qui est, je l’avoue, bien subjectif. Bien sûr, il est nécessaire d’avoir du goût, d’être créatif tout en restant fidèle à l’image des marques que l’on vend. C’est un savant mélange entre avant-gardisme et fidélité.
Sur le plan technique, il faut posséder de bonnes qualités d’argumentation, de la rigueur ainsi qu’un sens aigu de l’organisation, sinon, on est vite débordé !
· Quels diplômes, d’après vous, sont les plus adaptés ?
J. M : Je conseillerais une école comme l’Institut Français de la Mode pour avoir en mains les outils « économiques » ou une école de stylisme.
· Comment se porte le secteur ?
J. M : Il n’y a pas d’augmentation de budget dans le domaine mais néanmoins, les affaires continuent. Il est important que les marques trouvent leur place : c’est le positionnement luxe qui est le plus sûr actuellement. Le moyen de gamme est en grande difficulté, étouffé par les grandes enseignes type Zara, H&M…