En anglais, ils sont sobrement appelés « cleaners », les nettoyeurs. Chez nous, le métier est si peu connu qu’aucune appellation officielle n’est fixée pour ceux qui se désignent comme « nettoyeurs de scène de mort violente ». Ce métier d’une grande sensibilité et d’une minutie extrême ne manque pourtant pas de chantiers !

Disparus sans laisser de traces

Chaque année, la France compte 20 000 décès à domicile, dont 10 000 suicides. Une fois la police partie et les scellés retirés, la famille se retrouve seule dans des locaux vidés de l’être cher mais riches en souvenirs douloureux. Et en sources potentielles de contamination. Telle est alors la mission des nettoyeurs : éradiquer toutes les nuisances physiques et psychologiques laissées par le défunt.

Couverts des pieds à la tête en parfaits sosie des chasseurs de fantômes, ils photographient les lieux dès leur arrivée afin d’évaluer les dégâts, se souvenir de la disposition des objets et faire le points avec la famille sur les éléments qu’il est interdit de jeter. Arrive ensuite la phase la plus délicate, consistant à récupérer les parties souillées par des éléments infectieux (sang ou fluide) et susceptibles d’être porteuses de germes : la moquette est découpée ; le lino, retiré, le plafond, lessivé. Le parquet est quant à lui sondé, afin qu’aucun fluide ne s’incruste à l’intérieur du bois. Comme à l’hôpital, à qui ils empruntent leurs techniques d’hygiène, la propreté des lieux ne doit pas seulement se constater visuellement mais se vérifier en profondeur. L’opération peut durer entre 2 et 8 heures.

Un métier ouvert à tous

Compte tenu du flou qui entoure cette profession encore peu connue, tout le monde peut se lancer dans l’aventure. La France compte actuellement moins de dix entreprises de nettoyage spécialisé et la plupart des professionnels sont issus d’une reconversion. Cependant, il peut être dangereux de se lancer sans formation : les véritables professionnels sont formés aux techniques de désinfection des morgues et services hospitaliers et détiennent un agrément délivré par le Ministère de l’Agriculture les autorisant à utiliser des produits phytosanitaires.

Outre ces compétences techniques, le nettoyeur doit également savoir faire preuve de qualités humaines afin de savoir réconforter les familles et prendre sa mission avec recul. En effet, déléguer cette tâche permet non seulement d’être certain de l’état des lieux, mais surtout de soulager la douleur des endeuillés. Il convient de préciser que les équipes de nettoyeurs ne voient jamais les corps.

La Ville de Paris possède sa propre équipe de nettoyage post-morts violentes appelée la Fonctionnelle. Cette dernière s’occupe d’agir en urgence sur les accidents de la route ou morts survenues sur la voie publique. Elle est accessible après quelques années de service dans les équipes propreté de la ville (ex : éboueurs).

Ils nettoient les scènes de mort violente