Le calme avant la tempête. Depuis hier et la suspension de vote au Parlement décidé par le Gouvernement, les nuages s’accumulent au-dessus des différents acteurs de la Loi Travail.
Résultat, c’est un Pierre Gattaz à la fois fâché et résigné qui s’est adressé aux journalistes en ce mardi 10 mai au matin. Dénonçant la « complexité délirante » du texte actuellement débattu à l’Assemblée, il s’est refusé à se positionner clairement sur un texte dont l’issue et la forme (5000 amendements seront examinés à l’Assemblée) restent pour le moins incertain. Que la loi soit soumise à un vote, à un passage en force ou à un référendum populaire (réclamé par J-P Mailly de FO) ne semble guère l’intéresser. « Notre analyse du texte ne se fera que suivant un unique critère : cette loi permettra-t-il de renouer avec une dynamique de création d’emplois ? ».
Suivant cette échelle d’évaluation, l’organisation patronale plaide en faveur du retour à la version initiale du Compte Personnel de Formation (plus limité) ou du retrait du mandat syndical obligatoire dans les TPE-PME. « Croit-on vraiment qu’augmenter de 20 % le nombre d’heures des délégués syndicaux va permettre de renforcer la compétitivité des entreprises ? Croit-on vraiment qu’obliger à mettre des tracts syndicaux sur les intranets des entreprises va permettre de créer de l’emploi ? » , s’est-il agacé, dénonçant ainsi les compromis obtenus par la CFDT.
Le principal point de rupture entre le gouvernement et le MEDEF reste la surtaxation des contrats courts, que M. Gattaz qualifie de « casus belli ». « C’est un réflexe pavlovien terrible en France : dès qu’il y a un problème, on taxe. C’est d’une facilité, d’une simplicité affligeante. Il faut arrêter de croire que l’on règle les problèmes en taxant. »
L’heure est donc au status quo. Le MEDEF attend une adoption du texte pour se positionner officiellement, notamment sur la question de l’assurance chômage, dont il a conditionné la renégociation à un geste du Gouvernement en faveur du patronat sur la Loi Travail.