Contrairement à ce qu’affirment chaque année les instituts de sondage, les français continueront de partir en vacances cet été.
Chaque année, on nous prédit le pire. Chaque année, au retour des vacances, les agences de voyages constatent le contraire ! Qui a raison ?
Pour Opinion Way*, le jugement est sans appel : avec seulement 53% des sondés ayant décidé au 10 avril 2013 de partir durant la pause estivale, « jamais les intentions de départ n'ont été aussi basses depuis cinq ans ». A cela une seule explication : la « Crise ». Contraints de se serrer la ceinture, les Français rogneraient de plus en plus sur leurs vacances d'été et cela à l'image de l'ensemble des populations européennes.
Il faut pourtant rappeler que ce qui est annoncé avec anxiété comme une tendance inéluctable n’a en réalité rien de nouveau. Déjà, en 2012, une étude réalisée par le cabinet Protourisme, annonçait que 53% des français envisageaient de partir en été ! D’ailleurs, depuis de nombreuses années, l’observation des bilans des saisons estivales nous indique que « seulement » 44% des français partent en vacances en été dont 23% à l’étranger. Ces résultats sont donc stables sur le long terme et largement assimilés par les professionnels du tourisme.
Les méthodes de sondage utilisées permettent-elles toujours de mesurer précisément les tendances de voyage ? En effet, il est important de considérer séparément les intentions de départ en France et à l’étranger. S’il est difficile de mesurer en amont les grandes tendances de départ en France, directement liées à des facteurs de dernière minute tel que le climat, les prévisions de départ à l’étranger dévoilent, en revanche, certaines orientations sur le long terme.
A ces considérations méthodologiques s’ajoute une composante sociologique indispensable à la bonne compréhension de ces chiffres apparemment en baisse.
A court terme, la conjoncture économique a évidemment un impact sur les habitudes de consommation des touristes. Par contre, sur le long terme, les intentions de départs en été s’expliquent principalement par les comportements et les envies des voyageurs, qui ne sont plus du tout ceux d’il y a 10 ans.
Les 35 heures, les RTT et l’utilisation d’internet ont modifié les habitudes de consommation. La durée moyenne de vacances des français n’excède pas 15 jours consécutifs. Le fractionnement des congés est entré dans les mœurs : les départs sont répartis tout au long de l’année, des longs week-ends aux vacances d’une dizaine de jours. La « haute saison » et ses tarifs élevés sont boudés par la clientèle.
Par contre, les ventes « coups de cœur » ou de dernière minute sont en constante hausse et représentent près de 60% des ventes globales.
Aujourd’hui, deux saisons se distinguent clairement : d’octobre à mai, les destinations long-courriers sont plébiscitées par les couples, et de juin à septembre, place aux vacances familiales avec un budget maîtrisé. A cela s’ajoute que les réservations se font désormais dans des délais de plus en plus courts : entre 6 semaines et jusqu’à 24h avant le départ ! Les ventes de dernière minute ne sont plus le reflet d’une recherche du meilleur prix, mais plutôt d’une envie irrésistible de changement d’air, de détente, d’échappatoire au mauvais temps.
« Moins de touristes en été » ne signifie pas nécessairement « moins de départs sur l’ensemble de l’année ». Le tourisme est devenu un produit de consommation comme un autre. Il ne constitue plus un élément de privation pour les ménages et sauf exception, un budget est prévu chaque année pour les vacances.
De nombreux vacanciers se décident au dernier moment pour leurs congés d’été. Les résultats des sondages d’intention de départ, menés dès le mois d’avril sont donc faussés.
Pourquoi ne pas adapter ces sondages à l’évolution du secteur touristique en se concentrant sur le choix des destinations, la durée moyenne des séjours notamment pour les ventes de dernière minute ou encore la répartition des départs tout au long de l’année. Il serait donc pertinent d’interroger à leur retour les 44% des français partis en vacances ; leur « choix définitif » ayant plus de valeur que leur « intention de départ ».