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Les start up : un nouveau profil d'entrepreneur

01/12/2000

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Les mots “ start up ”, “ NASDAQ ”, “ business Angels ”, “ e-commerce ” et “ nouvelle économie ” font rêver à tous les coins de l’hexagone. C’est en 1999 que le phénomène a réellement pris toute son ampleur en France.

Les start up, nouveaux objets, mal identifiés, de l’économie internationale, ont le vent en poupe. La France s’enthousiasme ou se désespère, selon les jours, à l’heure du “ NASDAQ ” remarque François Hurel, Délégué Général de l’APCE (Agence Pour la Création d’Entreprises).

“ Ce marché boursier américain des valeurs technologiques, créé en 1971 et inconnu hier encore, a progressé de 81% en 1999 (source : La Tribune, 25 et 26.02.2000), avant de faire la une des journaux ces temps-ci, à la suite des baisses spectaculaires… ”.

En effet, depuis la chute boursière du mois de mars dernier, une certaine méfiance est née vis à vis de la Net économie… sans pour autant stopper le “ phénomène start up ”.

Un véritable phénomène start up

Selon une étude réalisée par l’APCE sur les jeunes pousses (auprès d’environ 800 start up), publiée le 14 juin 2000, en Europe, on compte près de 15 000 créations d’entreprises liées aux nouvelles technologies entre 1997 et 1999.

Au cours de la même période, les fonds levés sur le Nouveau Marché français ont été multipliés par cinq (source : Ministère de l’Economie et des Finances).

Par ailleurs, en 1999 toujours, 26 des 97 sociétés du Nouveau Marché, ont vu leurs cours grimper de plus de 100%, 15 sociétés de plus de 200% et la plupart des introductions ont vu leurs offres “ sursouscrites ” de 20 à 30 fois (source : l’Expansion du 6 au 19.01.2000).

“ Des anciens directeurs généraux, solidement appointés, abandonnent la voie toute tracée pour tenter l’aventure et n’hésitent pas à envoyer leur CV dans des start up. G.Shaheen, quinquagénaire, président d’Andersen Consulting, a rejoint un petit site de commerce électronique, en France, André Lévy Lang, ancien président de Paribas a suivi la vague Internet… ” observe François Hurel.

“ L’existence d’un véritable phénomène “ start up ” est donc patente, malgré les coups de semonces des marchés boursiers ”.

Cependant, si le développement des start up constitue bien une chance pour le développement économique français “ sous réserve de ne pas mésestimer le rôle des “ vieilles entreprises ”, surnommées par les américains, les “ brick and mortar ”, c’est à dire “ de brique et de mortier ” ” précise François Hurel, il ne faut pas négliger en effet le rôle de ces entreprises dans le développement financier des jeunes.

En effet, un grand nombre de grands groupes français se sont dotés de fonds de capital-risque destinés à soutenir les “ jeunes pousses ” du high-tech.

Qu’appelle t-on Start up ?

Les définitions sont très différentes. L’APCE a, pour sa part, retenu une définition de start up, beaucoup plus économique que certaines et moins liée à l’activité de l’entreprise proprement dite : “ c’est une entreprise créée entre 1995 et 1999, innovante, soit par son secteur d’activité, soit par ses méthodes de commercialisation ou son mode de développement, et connaissant une croissance rapide, en matière de chiffre d’affaires, de capital et/ou d’effectifs. ”

Les start up interrogées par l’APCE développent des activités principalement dans les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication ou NTIC (34,1%), ce qui semble d’ailleurs en accord avec la tendance générale du marché, à commencer par le marché boursier.

La majeure partie des activités relève en outre de la “ Nouvelle Economie ”, avec Internet, les biotechnologies ou l’informatique. 48% des sociétés interrogées par l’APCE ont un taux de croissance de plus de 100%.

Hors la “ Nouvelle Economie ”, combien d’entreprises ont un taux de croissance de plus de 100% ? “ Certes ce taux sera réajusté par le marché, mais il est la preuve du véritable engouement que suscitent les start up ” souligne François Hurel.

Pourquoi un tel engouement ?

Pour François Hurel, l’engouement pour les start up n’est pas seulement d’ordre financier, mais il tient à trois raisons principales : “ parce que les médias en parlent et que la start up est symbole de réussite, deuxièmement, parce que j’ai le sentiment qu’il s’agit d’un nouvel épanouissement des hommes.

Je pense en effet que les salariés, moins fidèles à leurs entreprises, saisissent l’opportunité de créer et de réaliser ainsi leurs rêves, opportunité qu’ils n’auront peut-être pas ultérieurement, et enfin, les créations d’entreprise sont un indicateur de bonne santé économique ”.

Qui sont les créateurs de start up ?

“ En premier lieu, je tiens à préciser que la différence entre nouvelle et ancienne économie est davantage liée au profil de l’entrepreneur et à sa motivation. Autrefois, les gens créaient des entreprises afin de les développer et les céder ensuite à leurs enfants, ou les revendre une fois le temps de la retraite arrivé ” explique François Hurel.

“ L’époque où l’on restait dans la même entreprise toute sa vie est désormais révolue, un entrepreneur crée, développe et songe parfois à revendre très rapidement, histoire de toucher la plus-value. Comme disent les américains : “ take the money and run ” (prends l’oseille et tire-toi !).

L’entreprise a tendance à devenir un bien et service de consommation, et non plus un bien patrimonial.

C’est pourquoi je pense qu’il y a un ancien et un nouveau profil d’entrepreneur. On n’est plus du tout dans le contexte de céder son entreprise à ses enfants, la “ patrimonialité ” n’existe plus.

Les entrepreneurs vivent avec le mécanisme de la nouvelle économie et les capitaux de l’ancienne économie, il y a complémentarité, mais la sève est identique ”.

Profils identifiés par l’étude de l’APCE

Selon l’étude de l’APCE, les créateurs de start up ont pour la plupart entre 35 et 40 ans, et n’ont pas la même conception du travail que leur parent.

Ils ont vu la crise et l’impact sur leurs parents, (chômage, angoisse de ne plus rester dans la même entreprise…), si bien qu’ils n’ont plus la fidélité à l’entreprise, ils n’ont pas d’état d’âme à partir. Ils sont fidèles à eux-mêmes, à leur projet.

La nouvelle économie et les nouvelles technologies offrent des perspectives qu’il n’y avait pas avant et qui ne se représenteront pas forcément dans leur vie. Ils ont le goût de l’aventure et saisissent l’opportunité.

“ Il s’agit d’un bouleversement profond qui va au-delà de la création au sens propre, c’est un bouleversement sociologique (créer quelque chose est omniprésent). C’est la conjoncture des nouvelles technologies et de la bonne santé économique qui favorise la création d’entreprise ” ajoute François Hurel.

Parmi les créateurs de start up interrogés par l’APCE, la plupart ont “ un peu de bouteille ”, une formation solide et une expérience de plusieurs années à un poste à haute responsabilité.

Ils ont un réseau professionnel et relationnel (amical) qui va les aider à démarrer.

“ J’ai le sentiment que l’expérience professionnelle dans des postes à responsabilité leur permet de créer mieux et plus vite, n’hésitant pas à quitter une situation bien établie dans un grand groupe.

Parmi les 800 créateurs que l’on a vus , beaucoup ont d’abord muré un projet (et non “ traficoté ” dans leur garage) et ensuite c’est l’environnement de ce projet qui propulsera ou non la start up.

Plus le créateur a un solide réseau dans son environnement, plus il ira vite ” commente François Hurel.

“ Et comme toute entreprise qui croît très vite, les start up ont des soucis de croissance, fragilisées, elles ont besoin d’alliance, formulée de leur plein gré ou non, de capitaux… ”.

Les nouvelles technologies (informatique, biotechnique, industrie…) offrent des opportunités nouvelles et des marchés nouveaux que de plus en plus de personnes ont envie de saisir.

Des personnes du monde entier, de tout niveau d’études, de l’autodidacte au Bac +5 et de tout horizon social et professionnel se lancent dans l’aventure du Net, certains réussissent très vite, d’autres vont devoir effectuer un vrai parcours du combattant et d’autres vont échouer…

L’importance de la matière grise

Pour Jean-Marie Messier, Président de Vivendi, la matière grise est essentielle, c’est ainsi qu’il écrit dans son livre j6m.com : “ Dans cette nouvelle économie, la matière grise est plus importante que les capitaux […] 

Il n’y a pas de barrière à l’entrée du rêve Internet. Tous ceux qui ont l’esprit d’entreprise peuvent avoir l’espoir d’y participer.

On le voit bien avec les start up : la Net économie est un ascenseur social universel. Dans tous les pays, même les plus pauvres, il y a des jeunes qui réussissent sur le Net.

Partout, on assiste en très peu de temps à la constitution de fortunes fabuleuses, construites sur des marques qui deviennent immédiatement mondiales.

En cinq ans, Amazon.com a atteint un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de dollars pour un investissement de départ qui ne dépassait pas quelques centaines de milliers de dollars […]

Avec Internet, de jeunes entrepreneurs investissent tous les domaines et menacent les positions qui paraissent les plus solides. […].

Cependant, Jean-Marie Messier reste prudent quant aux succès de ces jeunes entrepreneurs : “ Certes, ne rêvons pas. Ce n’est pas en accolant .com ou .fr à n’importe quel business qu’on devient Bill Gates.

Il y a autant de faillites sur le web qu’il y en a eu au début de la révolution des transports. […].

Seules les sociétés offrant de réelles innovations, de nouveaux services avec une logistique et une gestion solides deviendront de véritables entreprises. […] ”.

Extrait du livre j6m.com de Jean-Marie Messier, président de Vivendi

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