Pour la 6ème édition du concours “Les plastiques en débat”, organisé par PlasticsEurope, 50 élèves provenant de toute la France se sont rendus, avec leurs enseignants de biologie ou de technologie, “dans l’hémicycle de la 3ème assemblée de la République”, au Conseil économique Social et Environnemental de Iéna.
Au programme de l’après-midi : des débats animés entre les élèves sur les thèmes de la contribution du plastique dans notre quotidien et de son impact sur l’environnement. Chacun devra défendre son point de vue en 1 minute 30.
La présidente de l’assemblée et maire de Vernouillet, Marie-Hélène Jolivet, lance la séance par un discours d’introduction : « Apprendre à débattre est un exercice intéressant car vous pourrez l’appliquer dans votre future vie citoyenne et vie privée ». Elle nous présente ensuite les deux représentants de la vie civile, l’un en faveur des plastiques, l’autre contre, qui donneront aux jeunes l’opportunité de confronter leurs points de vue. Le premier, Didier Lutsen, le responsable Communication de ExxonMobil Chemical France, est invité d’emblée à exposer ses arguments. Il prend l’exemple du film plastique (de seulement 1 gramme et demi) qui entoure le concombre et qui a comme effet d’augmenter la fraîcheur du légume pendant 15 jours. Selon lui, cette utilisation est primordiale pour la population mondiale grandissante. En outre, la légèreté de la matière est très pratique dans les transports comme l’automobile ou l’avion. Dans un A320, 22% du plastique qui compose l’avion permet d’économiser 15% de kérosène. Toutefois, malgré les avantages nombreux du plastique et de son utilisation très fréquente dans notre quotidien, Didier Lutsen déplore le fait qu’il soit si peu populaire auprès des français.
Puis c’est le tour de Pénélope Vincent Sweet, pilote du réseau Déchets de France Nature Environnement. Selon elle, la plastique est certes une matière « merveilleuse », mais son plus gros problème est son « indestructibilité ». Elle est problématique au moment de sa fabrication puisqu’elle utilise le pétrole, une ressource finie. Par ailleurs, son utilisation même et sa fin de vie posent un problème à partir du moment où le recyclage ne concerne qu’une petite partie du plastique et qu’il peut avoir un impact sur la santé si des adjuvants se détachent. Enfin, lorsqu’il se casse, personne encore ne sait le réparer. Autant de points qui méritent d’être débattus, et qui ne sont pas tombés dans l’oreille des sourds !
Il s’ensuit alors 2 heures de débat pendant lesquels les jeunes vont prendre la parole les uns après les autres, clamant leurs idées, tonnant leurs arguments ! Certains nous bluffe par leur talent d’orateur, d’autres par l’originalité de leur exposé ou par leur volonté farouche de pouvoir s’exprimer une seconde fois. Ainsi, le premier candidat nous interpelle immédiatement : « on imagine pas une vie sans plastique, mais une vie avec des océans malades ? ». Il vient de nous introduire directement dans le vif du sujet, tandis qu’une jeune fille dresse un bref historique du plastique depuis son invention en 1860. Pour la moitié d’entre eux, le plastique rime avec révolution, avancée technologique et progrès de la médecine. Une jeune candidate explique : « avant j’étais pleine de préjugés, le plastique pour moi ne faisait que polluer. Or, c’est un matériau léger et très résistant, notamment à la chaleur. Il est rentable, peu coûteux et consomme peu d’énergie, sans oublier son incroyable longévité. Le plastique tend à devenir un matériau noble ». L’autre moitié s’insurge de l’impact négatif qu’il a sur l’environnement. Pour Pauline, la candidate n°12, « il y a seulement 20% de la matière recyclée, 33% brulée, tandis que le reste finit dans la nature et pollue. La situation est alarmante car déjà on constate que certaines espèces sont menacées d’extinction ». Une autre jeune fille explique qu’il ne s’agit pas d’être pour ou contre, mais qu’il est nécessaire d’ici 2020 d’atteindre 100% de recyclage, car « comme le disait un célèbre président, Yes we Can ! ». Une vision positive qui déclenche les applaudissements sincères de la part de l’auditoire. Une de ses camarades surenchérit : « Il est indispensable de changer les mentalités car finalement le problème, ce n’est pas le plastique, mais nous ! ».
Pendant 2 heures, les jeunes prennent la parole avec fougue et sans interruption. Du haut de leur 15 ans, ils impressionnent par leurs engagements et la défense de leurs idées. La grande finale vient de s’achever mais les organisateurs réservent une belle surprise aux collégiens.
Le skipper Alessandro Di Benedetto, sponsorisé par Team Plastique et surtout participant du Vendée Globe 2012, vient de rejoindre l’assemblée. Il est connu aussi pour ses traversées en solitaire de l'Atlantique (2002) et du Pacifique (2006) sur catamaran de sport (6 m), et pour son tour du monde en solitaire sur un voilier Mini de 6,5 mètres (2009-2010).Il est venu soutenir l’événement et répondre aux questions des jeunes. L’occasion aussi pour cet amoureux de la mer, respectueux de la nature, d’émettre une opinion sur les plastiques : « Il faut gérer la vie du plastique et sa fin de vie car il est recyclable à l’infini. C’est là le point essentiel, sinon le plastique peut devenir une bombe écologique ».
Après cet échange chaleureux, le jury remet le prix des 10 meilleurs orateurs. Le grand vainqueur est quant à lui Pierre Fournel du collège Saint-Paul de Cherbourg (50), qui remporte pour sa classe un chèque de 1 500 euros afin de réaliser un projet pédagogique. Les jeunes gagnants arborent des sourires, ils sont fiers d’être photographiés sur les hauts des marches d’un endroit aussi prestigieux que le conseil économique de Iéna.
Et après l’effort, le réconfort ! Un goûter haut en couleur attend les participants. On en profite pour se faufiler et interviewer certains d’entre eux. Pour Gabriel Pelouze, 14 ans, l’expérience est « très enrichissante puisqu’elle m’a permis d’écouter des avis opposés au mien. Dans ma famille, nous sommes tous engagés d’un point de vue écologique. Le concours m’a rendu moins extrémiste sur les plastiques ». Pour Baptiste Loire, 14 ans, même son de cloche, si ce n’est qu’il regrette le « discours un peu figé » de certains de ses camarades. « J’ai eu la sensation parfois que quelques candidats ont souhaité faire plaisir au jury dans l’exposé de leurs arguments, laissant parfois de côté des points plus complexes ».
Une belle aventure, alors vivement l’année prochaine !
Pauline de Waele