Pour la huitième année consécutive, à l'occasion des ApprentiScènes, 350 jeunes apprentis franciliens vont se produire sur une scène parisienne pour y jouer des saynètes qui ont été élaborées et travaillées en seulement 12 heures avec l'aide de metteurs en scène professionnels.
Cette année, l’accent est mis sur les enseignements que les apprentis tireront de ces ateliers. Pour la première fois, les jeunes sont suivis tout au long des ateliers pour évaluer leur marge de progression. Pour ce faire, un premier bilan est effectué en amont par les « relais » auprès des maîtres d’apprentissage, puis un dernier à l’issue de la représentation finale.
Recrut.com s'est rendu à l'une des répétitions des apprentis en carrosserie du Centre des Formations Industrielles (CFI), situé porte des Lilas à Paris. Le CFI délivre chaque année à 900 élèves une formation en alternance dont la visée est avant tout de répondre aux besoins des entreprises et de faciliter leur entrée sur le marché du travail. Le taux de placement à la sortie s'en ressent, puisqu'il s'élève à 80 % !
Cinq élèves de ce CFA ont été sélectionnés pour cette nouvelle édition. Lorsque nous arrivons dans leur salle de répétition, cela ne fait que 2 heures 30 qu'ils ont découvert leur texte et leur chorégraphie (ils auront encore 4 heures pour faire de leur saynète un succès). Le thème qu'ils ont choisi de traiter est celui du métier.
La metteuse en scène souligne leur courage : « En un temps si court, je ne suis pas sûre d'être capable de devenir carrossière, alors que les concernant, ils vont monter sur une scène, et par le biais d'une interprétation théâtrale, ils vont parler d'eux et de leur métier ».
Avant que ses protégés ne se lancent devant le public intimidant d'une cinquantaine de personnes – parmi lesquels le président de la Région Île-de-France et le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie – la professionnelle du théâtre sonne le top départ : « soyez convaincus, soyez présents, comme vous l'êtes dans vos jobs ! ».
Les jeunes se prêtent alors à l'exercice avec beaucoup d'entrain et parviennent même à dissimuler leur tract. La saynète s'achève sur ces mots : « la tôle, c'est pas le bagne ».
Un jeu de mots représentatif du parallèle établi entre l'apprentissage professionnel et amoureux du jeune homme qui bascule peu à peu dans la vie d'adulte. Pour ce faire, les comédiens en herbe recourent avec beaucoup d'humour et de finesse à des métaphores de la carrosserie. La saynète nous conte ainsi le passage à la vie d'adulte d'un point de vue professionnel ou émotionnel, selon le sens que l'on prête aux mots.
Les intervenants se succèdent ensuite pour encourager les apprentis et manifester leur soutien à cette « opération exemplaire et originale en France », comme le souligne le président de la Région Île-de-France.
Pierre-Antoine Gailly, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de la Région, estime, comme jadis Gambetta, que « tout le monde a droit à l'avenir » et donc que « tout le monde a le droit à l'art ».
Jean-Paul Huchon rappelle l'idée des ApprentiScènes : aider ces jeunes à développer la confiance en soi, le sens du rapport à autrui, le sens du travail en équipe et l'expression personnelle, que ce soit autour d'un métier ou d'une problématique. Le président de la Région ajoute que « tout le monde a le droit de se valoriser, c'est le sens d'un apprentissage citoyen que nous essayons de développer ».
L'actrice Sara Giraudeau, la marraine de l'évènement, reconnaît le vrai travail artistique des apprentis et admire leur ténacité : « j'ai un grand respect pour le courage que demande cette première mise à nu ». Elle conclue : « je suis très heureuse d'accompagner cette nouvelle édition. Cela me rappelle mes premiers cours de théâtre et le stress que je ressentais avant de monter sur les planches ».
Enfin, Damien, qui a participé à l'évènement l'an dernier, a souhaité témoigner de son expérience. Il dit avoir gardé un très bon souvenir de l'espace Cardin et de l'évènement lui-même : « Avant, je perdais mes moyens devant mon patron, les ApprentiScènes m'ont permis de m'ouvrir aux autres, de m'évader et d'acquérir une certaine confiance en moi », dit-il en s'exprimant sans gêne devant le vaste auditoire.
Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer dans ce projet ?
C'est un projet que j'ai trouvé intéressant car je suivais déjà des cours de théâtre lorsque je vivais encore au Portugal, il y a deux ans.
Comment vous sentez-vous à l'approche du jour J ?
Je suis un peu nerveux, mais confiant. Il nous reste 4 heures de préparation. Nous allons travailler sans relâche, répéter chez nous et pendant les pauses à l'école.
Qu'est-ce que vous apportent les ApprentiScènes ?
La précision, dans la mécanique comme sur scène. J'ai le sentiment également de prendre confiance en moi, car je n'ai plus peur d'être devant quelqu'un ou un public. Cela me permet d'acquérir des responsabilités et de l'assurance.
Rendez-vous le 2 avril à l'Espace Cardin pour voir le groupe monter sur les planches !
Maïwenn Lamy