Un certain nombre d’acteurs de l’enseignement professionnel et notamment les centres de formation en alternance pensaient que la loi Fillon allait mettre un terme à leurs activités et qu’ils n’auraient plus la possibilité de former et de préparer des jeunes au diplôme tel que le BTS.
Nous avons assisté à une extraordinaire levée de bouclier, des étudiants manifestant devant le Sénat, des milliers de lettres de protestations envoyées au ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, François Fillon.
En réalité, aucun tremblement de terre ne s’est produit, la formule dite de professionnalisation, venue remplacer notamment le contrat de qualification qui existait depuis 1983, a vu le jour et cela sans difficulté. En fait, rien ne s’est passé. En effet, le texte de loi a renforcé le pouvoir des acteurs professionnels. Chaque secteur d’activité est désormais constitué en ce que l’appelle des branches professionnelles, avec leurs représentants qui ont la charge de gérer les orientations liées principalement à la formation en général, formation en alternance incluse.
Ces branches professionnelles ont donc plutôt bien anticipé les modifications liées à la nouvelle loi sur la formation.
Alors que se passe-t-il concrètement aujourd’hui pour un jeune qui souhaite apprendre un métier par la voie de l’alternance ? La grande question était de savoir si un jeune candidat pouvait faire, par exemple, un BTS en contrat de professionnalisation. La réponse est OUI. Le texte de loi ayant renforcé le pouvoir des branches professionnelles, celles-ci ont la possibilité de financer quelque formation que ce soit, à condition que cette formation entre dans le cadre d’une formation professionnalisante.
Et il existe bel et bien des dérogations permettant de signer un contrat de professionnalisation pour obtenir un BTS. Par ailleurs, les financements sont non seulement maintenus et restent identiques à ceux en vigueur du temps du contrat de qualification mais il est même probable que ses seuils soient relevés.
Quant au nombre d’heures de formation prévues dans le cadre du contrat de professionnalisation, il reste lui aussi identique au nombre d’heures suivies en contrat de qualification. Une excellente orientation de ce contrat de professionnalisation est le fait qu’il s’adresse désormais également à des publics de plus de 26 ans et cela sans conditions restrictives contrairement au précédent contrat ; l’insertion professionnelle va s’en trouver accrue. Il faut voir là une mesure d’égalité de toutes les personnes souhaitant posséder une qualification professionnelle.
Sur le plan pratique, les rémunérations sont quasiment identiques. Le type de contrat est un contrat à durée déterminée de 6 à 12 mois mais qui, avec les dérogations de branches, peut être signé pour une période allant jusqu’à 24 mois au maximum. Pour les entreprises, les avantages d’exonérations partielles de charges sont aussi maintenus. Bien évidemment, l’objectif pour une entreprise n’est pas exclusivement de bénéficier des avantages et des exonérations, mais bien de pouvoir embaucher des jeunes qui seront spécifiquement formés pour coller au plus près à ses besoins. C’est un gage de réussite pour le candidat, mais aussi un formidable passeport pour sa propre employabilité.
Il faut rappeler que l’alternance, tous contrats confondus, à généré depuis 1983 plus de 550 000 emplois qualifiés. Les personnes qui ont bénéficié de cette formule étaient majoritairement des personnes en situation d’échec scolaire pour ne pas dire d’échec social, avec, nous le savons bien, son corollaire de conséquences dramatiques ainsi évitées Il faut rendre grâce à toutes ces lois et nouvelles formules car elles ont mis sur un pied d’égalité toutes ceux qui souhaitaient apprendre un métier et par là obtenir une véritable qualification.
La France est le seul pays d’Europe à avoir mis en pratique un tel système de formation professionnelle avec des contrats intégralement financés en partie par les entreprises et en partie grâce aux aides de l’état. D’autres pays, comme par exemple l’Allemagne, s’intéressent de près à notre façon d’aborder la formation et l’emploi des jeunes.
Une personne qui veut être formée doit avoir à coeur de bien choisir sa formation. On peut distinguer deux grandes familles de formations : les spécialisées et les transversales. L’essentiel, en fait, est plutôt de choisir un domaine d’activité pertinent en réfléchissant aux évolutions de ce secteur en terme de marché de l’emploi.
Ainsi, les secteurs émergents ont aujourd’hui, plus que jamais, besoin de nouvelles ressources et de nouveaux candidats. Il ne faut pas non plus négliger les formations transversales : elles sont aussi nécessaires car elles permettent d’être ce que l’on appelle " multi-employable ", quel que soit le secteur d’activité.
L’avenir s’annonce bien, gageons que la nouvelle loi saura porter les ambitions de développement et de création de formation et d’emplois dans les secteurs professionnels en constante évolution.