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Le secteur du bâtiment : retour sur des métiers intemporels

14/05/2014

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Désireux de modeler le monde à son image, l'homme s'est fait bâtisseur dès l'Antiquité. Quelques uns des plus anciens métiers de l'humanité se retrouvent donc dans le secteur de la construction. Des pyramides aux gratte-ciels, les artisans du bâtiment impressionnent depuis des millénaires par la maîtrise de leur art.

Au fil des siècles, les pratiques ont beaucoup évolué. Les savoir-faire se sont améliorés et les matériaux se sont diversifiés. Dès l'Antiquité, on utilise des outils tels que les poulies, les grues ou des chèvres pour soulever des poids lourds. Au Moyen-Âge, les techniques de la taille de la pierre et de la charpenterie s'affinent. A partir de la fin du XVIIIe siècle, l'emploi du métal se généralise, notamment dans les charpentes. On peut désormais soulever des poids plus lourds et gagner ainsi en efficacité tout en réduisant les coûts. A cette époque, de nouveaux matériaux, tels que le zinc pour les toitures ou la fonte pour les tuyaux de descente d'eau font aussi leur apparition sur les chantiers. De plus, dès le milieu du XIXe siècle, ces derniersse mécanisent grâce à l'utilisation de la vapeur comme source d'énergie. C'est également au XIXe siècle que sont inventés le ciment - un mélange de chaux et d'argile –etle béton armé, qui permettent la construction de structures à la fois légères et solides. Au XXe siècle enfin, les bâtisseurs, assistés par des outils de modélisation informatique, vont encore plus loin dans la virtuosité et créent des ponts et gratte-ciels qui rivalisent en grandeur et en légèreté.

Toutefois sur les chantiers, du Moyen-Âge à aujourd'hui, le savoir-faire des artisans a conservé toute son importance. Les métiers de tailleur de pierre, de charpentier et de sculpteur sur pierre ou sur bois ont subsisté et ont peu changé depuis le Moyen-Âge. Leurs outils même ont peut évolué car ils étaient adaptés dès leur création à un usage spécifique. Les tailleurs de pierre d'aujourd'hui,comme ceux qui ont contribué à bâtir la cathédrale de Notre-Dame,utilisent ainsi le même outil pour tailler leur bloc : un grand marteau appelé le têtu. Ils se servent ensuite d'une gouge pour le sculpter. Il en va de même dans la charpenterie, filière dans laquelle les artisans utilisent depuis des siècles des compas, des équerres, des limes ou des scies pour dresser et assembler leurs pièces. Des gouges et des ciseaux sont ensuite utilisés pour sculpter les poutres.

Quelques nouveaux outils sont tout de même apparus dans la taille de pierre, tels que la boucharde, qui sert à dégager les aspérités de la pierre ou le guillaume, utilisé pour tracer des rainures sur la surface du bloc.

Si la plupart des aspirants artisans passent aujourd'hui par des établissement d'enseignement ordinaires, tels que les CFA ou les lycées professionnels pour se former, certains d'entre eux choisissent de valoriser les traditions de leur profession et de devenir membre des Compagnons du Devoir. Les origines de cette organisation remontent aux grands chantiers du Moyen-Âge. Les premières sociétés de compagnonnage sont créées pour permettre aux ouvriers de prendre leur indépendance vis à vis des corporations de métiers de l'Ancien Régime. Sans maîtres et disposant d'une grande liberté pour l'époque, les compagnons allaient proposer leurs services de chantier en chantier. Le compagnonnage est aujourd'hui surtout connu comme une association oeuvrant pour la conservation et la transmission des savoir-faire des métiers de l'artisanat. Il a d'ailleurs été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité comme "réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier". Les Compagnons du Devoir assurent en effet une formation d'excellence aux métiers traditionnels tels que charpentier, tailleur de pierre ou ébéniste. Les jeunes qui choisissent d'intégrer cette organisation suivent une formation classique en Centre de Formation d'Apprentis (CFA) à l'issue de laquelle ils réalisent un "Tour de France". Lors de cette période de formation itinérante, ils vont de ville en ville, de chantier en chantier où ils travaillent comme apprentis afin de se familiariser avec les différentes techniques du métier qu'ils ont choisi. Durant cette période, les aspirants compagnons sont encadrés par l'association et vivent en communauté dans des "maisons des compagnons". Pour recevoir le titre de compagnons, les aspirants doivent ensuite présenter un travail personnel réalisé pendant leur temps libre, appelé "chef d'oeuvre".

L'association des Compagnons du Devoir est bien plus qu'une structure d'enseignement des métiers de l'artisanat, c'est également une école philosophique dont les membres cherchent à s'épanouir par la pratique d'un métier. Ils cherchent donc à porter au plus haut la maîtrise de leur art. Cette organisation ouvrière, qui a su conserver depuis près de huit siècles les savoir-faire des métiers manuels, n'est pas une organisation anachronique. Les ouvriers compagnons sont toujours extrêmement recherchés car la qualité de leur travail est encore aujourd'hui reconnue de tous.

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