Sous la Renaissance, les hommes prennent la direction des corporations féminines. Seulement trois résistent à cette prise de position, dont les célèbres bouquetières… Charmantes, souriantes et gracieuses, ces jeunes femmes sont des marchandes de fleurs qui s’établissent dans les Halles, les marchés de la ville, les restaurants ou encore les music-halls pour vendre leurs bouquets.
Quelles sont les origines du métier ?
Les bouquetières parisiennes, célèbres pour leur faconde, crient dans les rues passantes « des bouquets pour Jeannot et Jeannette » ou, pour les plus puristes, « des bouquets pour Jean et Jeanne ». En garnissant les coins de rues et en se promenant, elles interpellent aimablement les piétons pour vendre leurs bouquets de fleurs fraîchement cueillies.
Pour s’approvisionner, elles se rendent aux Halles, le plus grand marché de vente en gros de Paris. Selon les moyens de ces jeunes commerçantes, elles choisissent les variétés de fleurs qui conviennent afin de satisfaire leur clientèle. Selon les espèces, les prix varient et atteignent parfois des sommes exorbitantes… C’est la raison pour laquelle, elles préfèrent en général attendre que la cloche sonne 8 heures afin de bénéficier de prix avantageux. En effet, les commissionnaires et les maraîchers se voient dans l’obligation de baisser les prix de leurs lots de fleurs invendus pour liquider les stocks. Ainsi, une fois fournies, les fleurs étant éphémères, les jeunes femmes doivent rapidement se mettre au travail tout au long de la journée ! Elles partent alors à la recherche de passants intéressés ou bien de femmes cherchant à agrémenter leur chapeau d’une fleur par exemple.
Une communauté exclusivement féminine et sélective
Pour prouver leur indépendance et leur autonomie, aucun homme n’est accepté au sein de cette communauté ! Être bouquetière-chapelière est alors une profession uniquement réservée aux femmes. C’est la raison pour laquelle, les fils ou les maris ne peuvent en aucun cas reprendre l’affaire de leur défunte mère ou épouse. Certes, les hommes sont exclus, mais pour les femmes il est extrêmement difficile d’intégrer cette corporation… En limitant le nombre d’apprenties, les maîtresses privilégient un suivi personnalisé pour les former correctement au métier. Une fois la formation accomplie, la future bouquetière passe alors un test final : élaborer une création personnelle. Sa « composition florale » est un chef-d’œuvre examiné en détail afin d’être certain du savoir-faire et des capacités de l’apprentie. En cas d’échec, la jeune femme sera envoyée de nouveau à sa maîtresse pour approfondir et perfectionner son apprentissage. Au contraire, si le bouquet composé convient, celle-ci pourra accéder au statut de maîtresse tout en payant des droits de maîtrise, c’est-à-dire participer aux dépenses communes du groupe.
Cette profession oubliée a aujourd’hui laissé place aux fleuristes. Il a fallu attendre le XIXème siècle pour que les premières boutiques éclosent … Néanmoins, le 1er mai reste la seule journée où il est possible pour les marchands de fleurs de vendre du muguet dans les lieux publics !