« Que tous se rassurent : il y a mille autres façons de faire rire ses collègues, notamment ses collègues femmes. » Dans le viseur de Myriam El Khomri ce matin, le sexisme au travail dans ses manifestations les plus quotidiennes, de la blague autour de la machine à café aux remarques faussement flatteuses sur la tenue de la nouvelle stagiaire. Des comportements que la ministre qualifie de "conscients ou inconscients, toujours injustifiés et toujours déplacés". Souvent involontaires car culturellement admis, les comportements paternalistes ou machistes ont des conséquences encore sous-estimées dans l’entreprise. Si 83 % des femmes (et 77 % des hommes) estiment que de tels actes pèsent sur le moral et la santé, 63 % des victimes disent n’avoir rien dit de peur des représailles ou de l’inertie de la direction. Résultat, plus de 8 salariées sur 10 disent avoir adopté une « conduite d’évitement » : rejet de certaines tenues vestimentaire, isolement, évitement de la prise de parole en réunion…
« Rebellez-vous ! Rebiffez-vous ! », s’exclame Laurence Rossignol, Ministre du droit des femmes. A ceux qui l’accuseraient de multiplier les études et publications sans fond, elle souligne la nécessité d’objectiver le ressenti des employés par des enquêtes de terrain susceptibles de sortir la question du sexisme des seuls cercles féministes. Et de rappeler, en chœur avec Myriam El Khomri, l’introduction de la question de l’égalité sexuelle dans les lois Travail et Rebsamen (17 août 2015). En prolongement de cet arsenal juridique, le gouvernement publie un « kit pour agir contre le sexisme ».
Celui-ci se compose de trois parties : une juridique (qui rappelle le nouveau cadre légale), une fiche repère ("que faire ?" lorsqu'on est dirigeant, victime, DRH...) et de recommandations aux entreprises. Et Myriam El Khomri de conclure par une invitation à une prise de conscience générale : "n'oublions jamais que la marche du progrès n'a rien de mécanique et dépend avant tout de la mobilisation à tous".