Jeunes en cours de formation, entreprises, centres de formation et tuteurs ont donné leur avis sur le contrat de qualification, ses objectifs, sa mise en œuvre et les perspectives qu’il offre en termes de débouchés.
Le résultat est plutôt encourageant, même si les jeunes sont plus critiques que les autres intervenants du système.
L’enquête, réalisée en 2002 par AGEFOS PME, gestionnaire des fonds de la formation professionnelle des TPE (très petites entreprises) et PME, présente un visage plutôt encourageant du contrat de qualification.
A plus de 90 %, les acteurs affirment que le contrat offre au jeune la possibilité d’acquérir une première expérience, ce qui lui facilite en outre, de l’accord de tous, son entrée dans la vie active.
Malgré ce jugement positif, plus de 90 % des personnes ayant participé à l’enquête affirment aussi que l’alternance représente une forte charge de travail pour le jeune.
Les résultats permettent donc de tracer le portrait d’un mode de formation qui satisfait ses acteurs mais qui pourrait être amélioré, notamment au point de vue de la circulation de l’information entre les acteurs.
Le contrat de qualification est vu par les jeunes avant tout comme une porte d’entrée vers l’emploi.
Mais, contrairement à d’autres contrats en alternance, il représente aussi pour bon nombre de jeunes un moyen de poursuivre une formation initiale.
L’aspect « intégration professionnelle et emploi » est cependant privilégié, dans leur esprit, par rapport à l’aspect « formation ».
Les jeunes sont en tous cas unanimes à rejeter l’idée que le contrat de qualification puisse être assimilé à une école de la seconde chance, alors que les tuteurs et les responsables d’entreprises repoussent moins catégoriquement cette opinion.
Les sociétés qui font appel aux contrats de qualification ne cherchent pas réellement, pour la plupart, à en faire un moyen de recrutement.
L’initiative du contrat vient rarement de l’entreprise, elle est plutôt le fait du jeune lui-même ou de l’organisme de formation.
L’embauche effective du jeune, suite au contrat, intervient pourtant dans 81 % des cas, d’après une étude réalisée par AGEFOS PME en 1999 parmi ses entreprises adhérentes.
Les emplo-yeurs attendent donc plutôt moins de l’alternance que ce qu’ils en retirent finalement en termes de recrutement.
Bien que les différents acteurs du contrat de qualification ne lui prêtent pas la même utilité, ils reconnaissent tous que la réussite du contrat dépend avant tout de son adaptation aux besoins du jeune et de l’entreprise.
Or AGEFOS PME observe une « absence de définition préalable des objectifs à la fois par l’entreprise et le jeune.
Il n’y a pas suffisamment de dialogue en amont sur les attentes de chacun, de prise en compte des besoins
« réels » des deux bénéficiaires, et d’adaptation de la formation à ces besoins ». En effet, seuls 16 % des jeunes, tuteurs et responsables d’entreprise ont répondu que la formation dispensée correspondait totalement à la fois aux attentes de l’entreprise et du jeune, et ils sont 47 % à avoir affirmé qu’elle était plutôt ou très mal adaptée.
Les organismes de formation sont plus positifs sur cette question.
La phase préalable d’identification des besoins des acteurs ne semble donc pas réellement bien opérée.
La phase de déroulement du contrat de qualification, pendant laquelle se met en route une organisation et interviennent différents acteurs, génère des réactions plus mitigées.
Les entreprises et les jeunes mettent l’accent sur les contraintes liées aux rythmes de l’alternance, qui imposent l’aller-retour entre le lieu de travail et le lieu de formation.
La gestion des absences du jeune semble peser aussi sur les employeurs, de même que la difficulté à organiser son accueil et à définir son poste.
Les personnes en contrat de qualification insistent sur leur insatisfaction concernant les contacts entre organisme de formation et entreprise, alors que ces deux acteurs voient leur relation d’un œil plutôt positif.
Pour un quart des jeunes, l’organisme de formation n’assure pas de suivi pédagogique. La participation du tuteur dans la formation, de son côté, est reconnue par tous.
« Certains jeunes indiquent également que le tuteur n’est pas outillé pour assurer cette fonction », remarque AGEFOS PME.
Malgré ces difficultés, les acteurs dans leur ensemble affirment, à plus de 70 %, être prêts à recommander le contrat de qualification.
Les jeunes ayant répondu au sondage sont un peu moins enthousiastes que les autres intervenants, mais cela est peut-être dû au fait que leur contrat est en cours.
Cela pourrait en effet les rendre plus pessimistes sur leurs chances de trouver un emploi suite à leur formation.
AGEFOS PME profite aussi de cette étude pour faire un bilan de son action. L’association est en effet un des acteurs essentiels du dispositif du contrat de qualification par son rôle d’information auprès des jeunes et des entreprises, et par sa fonction de gestionnaire des fonds.
Outre un travail particulier en direction des tuteurs, à il qui propose des formations et des conseils, AGEFOS PME se donne pour objectif de suivre deux axes de progrès :
• en faveur des jeunes, il faut veiller à « l’individualisation de la formation et l’implication des acteurs de l’entreprise et des organismes de formation »
• en faveur des entreprises, il s’agit de mettre l’accent sur « l’adaptation de la formation aux besoins spécifiques de l’entreprise. »