Face à la vague de départs à la retraite liée au papy-boom que va subir le secteur de la santé, plusieurs centaines de milliers de postes vont devoir être renouvelés. une profession qui doit se régénérer.
Tous les corps de métiers sont concernés, de l’aide soignant en passant par l’infirmier, du médecin aux autres professionnels du paramédical, c’est toute une profession qui doit se régénérer.
Le vieillissement de la population, facteur d’emplois
Le secteur des services à la personne et de la santé continue son chemin sur la pente ascendante. En effet, fort d’une demande toujours accrue, il devrait remplir ses objectifs de créer 100.000 nouveaux emplois par an.
La principale explication de cette tendance est le vieillissement de la population. Une société qui vit plus longtemps est une société qui voit sa population augmenter. Il va donc y avoir une recrudescence du nombre de personnes à soigner, sachant que les personnes âgées sont, en France, les premières consommatrices du système de santé. C’est pourquoi, pour répondre à la demande, le secteur de la santé doit relever le défi du départ à la retraite des travailleurs de la génération issue du baby-boom tout en opérant un véritable lifting de ses infrastructures : de nombreux hôpitaux sont vieillissants et ne sont parfois même plus aux normes.
Le vieillissement de la population va également contribuer à développer la construction d’établissements de soins comme les maisons de retraite ou les maisons de repos.
Ces établissements, créés pour accompagner les personnes âgées et à mobilité réduite, sont en plein essor. Ils pérennisent l’emploi dans la santé en faisant appel à de multiples corps de métiers : infirmiers, aides soignants, kinésithérapeutes ou encore médecins. La santé peut donc se targuer de ne pas avoir subi la crise économique de plein fouet, elle reste en recrutement permanent non pas simplement par renouvellement de personnel parti à la retraite mais surtout grâce à la création de nouveaux postes.
Un déséquilibre géographique
Cependant, malgré ce constat positif, certaines difficultés subsistent : ainsi, même si le nombre de professionnels a augmenté de façon régulière depuis plusieurs dizaines d’années, dans certaines régions de France on constate un manque de médecins, notamment dans le Nord et dans le Centre.
Inversement, certaines régions comme la Côte d’Azur ou l’Ile de France regorgent de praticiens. De la même façon, le nombre de pharmaciens stagne ou peine à suivre l’augmentation des effectifs des médecins dans ces régions.
L’objectif à moyen terme serait donc de rééquilibrer le ratio de médecins entre les régions et d’arriver à élever le nombre de pharmaciens afin de ne pas créer de déséquilibre entre ces deux corps de métiers complémentaires.
Une féminisation accrue de la profession
Autre tendance de la profession : l’augmentation du nombre de femmes dans le secteur médical. Aujourd’hui,
leur progression se maintient, mais les prévisions laissent à penser qu’elles seront majoritaires dans la profession en 2025. Si les femmes ont toujours été très présentes dans certaines spécialités comme la pharmacie ou la dermatologie, on constate qu’elles se tournent de plus en plus vers d’autres domaines comme la pédiatrie ou la cardiologie.
La médecine, toujours attrayante pour les étudiants
Le principal avantage dont dispose le secteur de la santé est sa popularité.
En effet, comparé à d’autres domaines qui doivent aussi se renouveler et qui peinent à recruter, la santé dispose d’une image qui favorise les vocations. Le prestige de la profession y est pour beaucoup ; ajoutez à cela un salaire potentiellement intéressant et vous avez tous les arguments pour en faire un secteur prisé par les jeunes.
D’ailleurs, le nombre d’étudiants s’orientant vers la médecine ne cesse d’augmenter. Il ne faut toutefois pas oublier que les études de médecine sont parmi les plus exigeantes et difficiles ; qu’il s’agisse de médecine générale, de pharmacie ou de kinésithérapie, les places sont chères.
Proportionnellement, le nombre de places allouées aux étudiants en médecine n’augmente pas aussi vite que le nombre total de bacheliers. Ce sont des études longues, rigoureuses qui n’offrent de réussite qu’aux plus brillants et plus assidus. Les jeunes ne doivent donc pas penser que, sous prétexte qu’il manque des médecins, leur chemin sera aisé.
Une grande diversité de lieux d’exercice
Une fois son diplôme en poche, le professionnel de la santé dispose de plusieurs options pour déterminer son lieu de travail. Une infirmière ou une aide soignante pourront exercer en hôpital, en maison de retraite mais également à domicile.
Le pharmacien pourra lui aussi exercer dans plusieurs endroits. Il faut savoir que l’ouverture d’officine est réglementée et est soumise à une autorisation.
Face à cette relative immobilité de la profession, le pharmacien avant de pouvoir ouvrir sa propre officine ou en racheter une pourra travailler dans des industries, plus particulièrement au service recherche et développement ou encore dans la production et la galénique (c’est-à-dire la mise en forme du médicament).
Le médecin lui, aura une palette de choix plus vaste. Malgré la nette domination des praticiens exerçant en libéral ou en hôpital, d’autres voies sont envisageables. L’attrait pour l’humanitaire a généré la création de nombreux postes de médecins au sein d’organisations d’aide aux pays défavorisés.
Il lui sera également possible de se spécialiser dans l’industrie ou la recherche médicale. Enfin, la médecine du travail et la médecine scolaire dont la notoriété n’atteint pas celle d’un chirurgien apparaissent tout de même comme des perspectives intéressantes pour le professionnel de la santé.
Une pénurie dans certaines spécialités
D’un point de vue général, la santé reste un secteur attractif pour les jeunes. Les diplômés en médecine générale et les infirmières sont légions.
Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. La profession souffre d’un manque cruel de vocation dans certaines spécialités. La France souffre d’un déficit de cardiologues, de gynécoloques-obstétriciens, d’urologues, de stomatologues, d’ophtalmologistes...et même de certains spécialistes en chirurgie comme les chirurgiens pédiatriques, les chirurgiens orthopédiques ou les neurochirurgiens. Une autre profession particulièrement en tension est celle d’aide soignant. Métier peu en vue, parfois dénigré, il ne génère pas assez de vocations.
Si le quotidien de la profession paraît contraignant (s’occuper de personnes dépendantes, les laver, changer leurs lits...), il ne faut pas négliger l’aspect humain qui motive la plus grande partie des candidats. Etre à l’écoute des autres, les rassurer, leur proposer un moment d’attention, cela attire des candidats vers ce poste.
Cependant, cette partie du secteur de la santé peine à recruter malgré des campagnes de sensibilisation visant à la promouvoir. D’ici quelques années, le secteur de la santé va se retrouver confronté à plusieurs challenges qui auront une importance majeure sur son fonctionnement à venir. Il faudra tenir compte d’une demande de soins toujours plus importantes, liée au vieillissement de la population ainsi que de l’attrait constant des jeunes pour ces professions afin gérer en douceur les vagues de départ à la retraite. Les professionnels et institutionnels devront trouver les moyens de créer des vocations pour des métiers et spécialités en manque de main-d’oeuvre et ralentir l’écart du nombre de praticiens entre les régions.
Autant de paris que la santé se doit de gagner.