Avec 38 000 ingénieurs diplômés en 2015, la France n’a pas à craindre une désaffection des jeunes à l’égard des métiers industriels. Cependant, les menaces qui pèsent sur le secteur sont nombreuses, au premier rang desquels celle de la modernisation des pratiques industriels. Les usines changent de visage, rapidement, et c’est pourquoi les étudiants sont parfois perdus à l’heure de choisir leur orientation.
Selon une étude Ifop commandée par l’agence 4Vents, les jeunes au niveau collège et lycée font contre mauvaise fortune bon cœur : ils sont ainsi 64 % (et 74 % en IDF) à se déclarer optimisme quant à la suite de leur parcours professionnel.
Ces résultats sont cependant à nuancer par les détails. S’ils sont persuadés de pouvoir poursuivre des études qui les intéressent (82 %) et dans lesquelles ils réussiront (81 %), ils se montrent moins confiants sur leur possibilité de trouver un emploi (59 %), bien gagner leur vie (57 %) ou même à occuper un poste intéressant (55 %).
Face à de telles préoccupations, le choix de la filière scientifiques semble le plus stratégique pour les répondants, qui considèrent que celle-ci donne accès des métiers plus variés et mieux rémunérés. Un résultat qui souligne encore la forte sexualisation des parcours scientifiques et technologiques, bien plus plébiscités par les garçons.
Si les professionnels du secteur se réjouissent de ces résultats qui contredisent la désaffection annoncée des jeunes pour les métiers industriels, ils restent cependant méfiants. Pour eux, ce sont avant tout les grands groupes qui sont à l’origine de cet enthousiasme. Celui-ci traduirait donc une méconnaissance du tissu industriel français, fait avant tout d’entreprises moyennes (moins de 150 salariés) engagés en sous-traitance sur de gros chantiers. Les enseignants, complètement coupés du marché de l’emploi, ne sont pas à même de corriger cette vision et orienter correctement les jeunes. C'est ainsi qu'une large majorité de diplômés des filières scientifique et technologiques finissent par travailler dans les services, souvent par méconnaissance des véritables débouchés.
Ces derniers semblent conscients de leur manque d’information. C’est pourquoi ils appellent à une contextualisation des enseignements scientifiques (par des mises en situation, des stages plus nombreux) et à un développement de l’apprentissage.