Le 30 septembre, s’est tenu, à l’occasion des 60 ans de l’AFPA, un colloque réunissant les acteurs principaux du monde de l’emploi et de la formation professionnelle. Les débats avaient pour objectif de faire le point sur l’état actuel de la formation, sur les moyens de l’adapter aux besoins des entreprises et sur l’avenir de cette association sexagénaire mais toujours jeune !
C’est à Jean-Luc Vergne, président de l’AFPA qu’est revenu le privilège de présenter l’association, son historique et ses ambitions aux nombreux partenaires qui s’étaient réunis pour analyser la situation actuelle. M. Vergne a particulièrement insisté sur la vocation qui a toujours animé l’AFPA, celle d’être au service de tous les demandeurs d’emploi et salariés, quel que soit leur niveau ou leur qualification en rappelant les 60 ans d’engagement au service de l’emploi, des demandeurs d’emploi et des salariés. « Notre action repose sur la conviction profonde qu’à tous les âges de la vie, apprendre représente une opportunité de s’inscrire différemment dans la société et dans la vie active. »
La formation ; un nouveau départ vers l’emploi
Personne ne conteste aujourd’hui la première place des organismes formateurs à l’AFPA dont l’activité a progressé, sur le marché des entreprises, de près de 60% en quatre ans et qui a formé près de 50.000 jeunes de moins de 25 ans en 2008. Résultats qui témoignent de sa capacité à se maintenir à un haut niveau de performance. Elle peut s’estimer fière d’avoir formé en 60 ans, plus de 5 millions de personnes.
Comment expliquer une telle réussite ? Monsieur Vergne répond : « Nous mettons tout en oeuvre pour que chacun soit pleinement acteur de son parcours de formation et soit considéré comme unique. Il s’agit souvent d’un nouveau départ vers un emploi et l’occasion de s’épanouir. »
Bien sûr, le colloque a pour vocation de faire le bilan des actions passées mais également de se tourner vers l’avenir en plaçant deux axes majeurs au coeur de ses préoccupations : la formation et l’emploi des jeunes d’une part ; l’impact de la crise actuelle, d’autre part. Constatant l’augmentation spectaculaire du nombre de chômeurs parmi les jeunes de 16 à 25 ans, - + 40 % en 1 an, Jean-Luc Vergne et Philippe Caïa ont pris l’engagement de « former 50 000 jeunes supplémentaires si les besoins de formation se dessinaient à cette hauteur. Dans cette perspective, ils ont fixé trois objectifs :
Laurent Wauquier a profité de l’occasion pour rappeler l’engagement du gouvernement en faveur de l’AFPA dans un contexte de nouvelles exigences communautaires. Il a rappelé les atouts de l’association, « en premier lieu, elle peut se prévaloir d’une présence sur l’ensemble du territoire.
"Nous allons créer un livret de compétences afin de mieux identifier les aptitudes et compétences des jeunes"
En deuxième lieu, elle dispose d’équipes de formateurs exceptionnels, qui ont travaillé plus de cinq ans en entreprise et qui ont été formés avec une pédagogie spécifique aux adultes, centrée sur la logique d’emploi et de métier. Enfin, l’AFPA a pris l’habitude d’orienter son travail par des objectifs de résultats » et a réaffirmé le refus de son démantèlement ainsi que le choix qui a été fait du déplacement de moyens à hauteur de 900 millions d’euros en faveur des publics les plus en difficulté. Enfin, le gouvernement a sollicité de la commission européenne, le droit de continuer, pendant 5 ans, à subventionner l’AFPA.
Dominique-Jean Chertier, Président de Pôle Emploi, invité à réfléchir sur ce thème a insisté sur le fait qu’en France, on privilégie encore trop le diplôme aux dépens de la notion de savoir-faire. Autre remarque alarmante, « depuis trente ans environ, le taux de chômage de notre pays n’est jamais descendu en dessous de 7 %
Les intervenants sont également tombés d’accord sur le fait que les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, s’ils obtiennent par le biais de la formation des qualités de savoir-faire, sont souvent démunis en ce qui concerne leur savoir-être ; ces savoirs, apportés principalement par la socialisation doivent faire l’objet de formations spécifiques.
Jean-François Pilliard, délégué général de l’Union des industries et métiers de la métallurgie affirme que « cette vision rejoint celle du « socle de compétences », selon laquelle chacun doit d’abord disposer d’un socle de compétences générales, avant d’acquérir, face aux besoins d’un poste ou d’un métier, des compétences spécifiques ».
Philippe Caïa, insiste sur les efforts consentis dans ce sens depuis plusieurs mois : l’analyse de près de 300 métiers auxquels l’AFPA forme afin de déterminer 25 compétences transversales qui pourraient, à terme faire l’objet de formations spécifiques. « Ces compétences sociales sont centrales, en ceci qu’elles mettent en jeu l’estime de soi. De nombreux jeunes sont aujourd’hui pessimistes, car le marché du travail ne leur donne pas cette nécessaire estime de soi. »
Martin Hirsch, haut commissaire à la jeunesse abonde dans ce sens : « Nous sommes partis d’un postulat : aucun jeune ne peut être nul en tout. Une institution qui affirmerait qu’un jeune est nul devrait dès lors être elle-même considérée comme nulle. Sur la base de ces principes, nous allons créer un livret de compétences, dont le rôle sera d’identifier les domaines dans lesquels un jeune démontre des qualités. Nous pourrons ainsi porter un autre regard sur les jeunes, en reconnaissant avant tout leurs aptitudes et leurs compétences. » Le moment est particulièrement bien choisi pour la mise en place de nouveaux dispositifs. En effet, chaque année, de plus en plus de salariés partent à la retraite. Le besoin d’intégration de jeunes sur le marché du travail s’avère particulièrement important. Ce défi doit être pris en considération rapidement car les entreprises, si elles ne trouvent pas de candidats adaptés, auront bien vite recours à la délocalisation.
Il est donc urgent de revoir les notions de compétences sociales, c’est-à-dire la capacité à s’intégrer dans un collectif de travail. Et cela pour que les jeunes trouvent leur place dans les sociétés qui les accueillent, qu’ils aient le temps d’y développer leur curiosité et le potentiel qui les habite à leur insu. Ces notions de talents et de compétences vont-elles, à terme, remplacer le sacro-saint diplôme ? Ce colloque en est la preuve : l’AFPA ne se contente pas de se pelotonner dans son rôle de modèle, elle s’engage sur des décisions qui seront l’avenir de la formation professionnelle en France.