Le revenu universel semble avoir connu son heure de gloire lors de la dernière campagne présidentielle mais n’a pas dit son dernier mot. Suivant une initiative allemande, une association lance aujourd’hui une expérience de terrain visant à relancer le débat et apporter des réponses aux questions qui l’entourent.
« Et toi, tu ferais quoi ? » La question revient inexorablement lorsqu’il est question de l’instauration d’un revenu universel d’existence (RUE). Que faire lorsqu’on reçoit chaque mois un revenu, sans condition ni contrepartie à fournir ? Gage de liberté, remède anti-pauvreté ou incitation à la paresse, les points de vue sont aussi multiples que divers.
Pour mettre fin aux fantasmes, l’association MonRevenuDeBase vient de lancer une collecte pour financer une expérimentation d’un an. L’objectif : sensibiliser le grand public et, surtout, nourrir le débat d’éléments de réflexion pragmatiques. « A chaque fois que nous collecterons 12 000 euros, nous les redistribuerons en désignant par tirage au sort une personne qui s’est inscrite sur le site, et qui recevra 1000 euros par mois pendant un an, sans contrepartie », est-il expliqué sur leur site. L’inscription à l’expérience est gratuite et aucun prérequis n’est exigé, le RUE se voulant par essence inconditionnel.
Lancé en catimini fin octobre, l’initiative a depuis pris une ampleur qui dépasse quelque peu ses concepteurs : 750 donateurs, près de 24 000 € récoltés (soit deux bénéficiaires) et 50 000 prétendants. Les heureux gagnants seront désignés le 6 décembre prochain, mais l’association annonce déjà la poursuite de la collecte et donc la multiplication souhaitée des récipiendaires.
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Que faire, donc, avec un revenu universel ? On se pose la question presqu’immédiatement, avec souvent une réponse déjà très précise à l’esprit. Du moins pour les autres : tous, nous sommes persuadés que le voisin cesserait de travailler, sans exprimer un tel souhait pour nous-mêmes. Pour mettre des mots sur les aspirations des participants, l’équipe leur a posé la fameuse question. Les répondants brillent par leur pragmatisme, moins la tête dans les nuages que les pieds sur terre : payer mes impôts, réparer enfin la voiture, suivre cette formation nécessaire à ma reconversion… Quand rêve il y a, il est moins question de paillettes que de tranquillité. Prendre le temps de, prendre soin de. « Je vivrai au lieu de survivre », écrit ainsi Emilie.
Rendez-vous est dconc pris avec l'association le 6 décembre pour le lancement de l'expérience terrain. Les bénéficiaires pourront choisir de dévoiler ou non leur identité, et de communiquer sur les mutations de leur quotidien. RECRUT suivra tout cela de près.