Toute l’Union européenne parle désormais anglais. Toute ? Non, un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Dans la sixième édition du baromètre sur le niveau d’anglais dans le monde*, la France garde son bonnet d’âne de mauvais élève de l’Europe de l’ouest. Son niveau la classe en 29ème position (sur les 72 pays sondés), un rang modeste mais marquant un bond remarquable par rapport à l’année précédente, où nous pointions à la 37ème place. La progression française est la plus importante de l’Union, malgré un niveau qui reste inférieur à la moyenne européenne.
Cela marque-t-il un changement de mentalité dans notre rapport à la formation en langue ? Pas vraiment. Pour les rédacteurs de l’étude, cette inflexion s’explique surtout par l’arrivée dans l’échantillon d’une nouvelle génération, plus exposée au monde par internet où près de 56 % des contenus sont rédigés dans la langue de Shakespeare. De quoi expliquer un important gouffre générationnel : les moins de 20 ans présentent un niveau d’anglais de près de 15 points supérieur à celui des plus de 40 ans.
La résistance de la France, pays pourtant tourné vers l’international par une culture renommée et un tourisme conséquent, s’explique par plusieurs caractéristiques :
- L’identité française. Dans les pays du nord de l’Europe, champions du baromètre, parler anglais est une fierté qui ne remet pas en cause l’appartenance à la communauté nationale. En France, en revanche, on aime à dénoncer une « américanisation de la société » qui se traduit notamment par la multiplication des mots anglais dans le langage courant.
- La faible exposition de la population. Qu’il s’agisse de l’obligation à traduire les slogans publicitaires ou du doublage systématique des contenus audiovisuels (là où de nombreux pays préfèrent le sous-titrage), les Français peuvent facilement contourner l’anglais dans leur vie quotidienne.
- L’attachement à la grammaire. A l’école, les petits Français apprennent les règles, les conjugaisons, sans vraiment mettre l’accent sur l’application pratique et la conversation. Résultat, l’étude note que c’est dans l’enseignement supérieur que les progrès sont les plus importants, lorsque les élèves sont poussés à vivre des semestres à l’étranger.
Le baromètre 2016 en quelques points :
> L'Île-de-France reste la région la plus performante de France. Paris n'arrive cependant qu'en troisième position, derrière Bordeaux et Lille, Toulon étant la ville la moins anglophile du territoire.
> L'Amérique latine est la seule région du monde où le niveau recule, malgré le lancement de politiques volontaristes par les gouvernements. Le Moyen-Orient, malgré son très faible niveau, ne prend de son côté aucun mesure spécifique pour former sa population. |
* baromètre EF English Proficiency Index, établi par EF Education First. Echantillon 2016 : 950 000 personnes dans 72 pays (dont 35 000 en France).