Il y a dans chaque manager un artiste qui sommeille. Un scénariste, pour être précis.
Réveiller le héros qui sommeille en nous
Le héros est la personne normale qui fait l’action, sur laquelle repose l’avancement de l’histoire, du début à la fin. S’il accepte de porter une quête collective qui le dépasse, c’est parce qu’il y voit un moyen de satisfaire un désir personnel. Le héros, c’est l’employé.
En effet, tout comme Ulysse qui part à la guerre (quête collective) pour retrouver sa femme (désir personnel), le collaborateur s’implique dans l’objectif de l’entreprise s’il y a voit un moyen d’y gagner quelque chose. Ce quelque chose diffère d’un salarié à l’autre, dessinant ainsi une topologie des divers héros/collaborateurs : le magicien (qui veut transformer l’entreprise), le sage (transmettre du savoir), l’amoureux (rassembler), le rêveur (éclairer), etc.
Au manager de parler avec ses managés pour comprendre auquel des douze types il a affaire et ainsi adapter son discours. Cette analyse est actuellement essentielle car elle permet un management efficace, l’individuel prenant clairement le pas sur le collectif.
La capacité du manager à faire coïncider les désirs individuels et la mission collective déterminera le bien-être des salariés et la réussite des missions de l’entreprise. Ainsi s’explique le refus de certains managers de quantifier les objectifs et leur souci d’inscrire ces derniers dans un registre émotionnel. Le champion du genre : Steve Jobs, pour qui vendre des produits Apple permettait non pas d’augmenter le chiffre d’affaires, mais de répandre un état d’esprit. Le manager, c’est donc l’ordonnateur,celui qui fixe la quête.
Trouver le coupable idéal
Les aventures de Batman seraient-elles aussi palpitantes sans le Joker ? Sans doute pas. Bien souvent, on doit une bonne histoire à un méchant de qualité. En effet, quel mérite y aurait-il pour le héros à vaincre un adversaire sans relief ? D’où les félicitations exprimés par certains politiques ou sportifs qui, en vantant les mérites de leur opposant vaincu, souligne l’éclat de leurs lauriers. Pas de justice sans crime. Le méchant est donc une figure indispensable qui exacerbe le désir de se battre du héros et provoque la mobilisation générale.
Le rôle du manager consiste à trouver l’adversaire idéal, celui qui poussera les collaborateurs à mener la juste bataille. Pour ce faire, il est indispensable de localiser l’ennemi : est-il intérieur ou extérieur ? S’agit-il tout simplement d’un concurrent, d’un autre service de la même entreprise ou même d’un salarié remonté contre son employeur ? A chaque mission son méchant unique, avec pour le manager la possibilité de fixer des caps intermédiaires tout en gardant à l’esprit la direction globale de l’entreprise.
Organiser le banquet
Parce qu’il désire quelque chose, le héros du début de l’histoire est une figure en manque, en déséquilibre. Lorsque le méchant est vaincu, lorsque la quête est accomplie, il s’agit alors de de rétablir l’équilibre en récompensant le héros. Cette célébration peut revêtir plusieurs formes (primes, évaluation, promotion…) et se doit d’être à la fois individuelle et collective (c’est le schéma du banquet dans Astérix). L’entretien personnel d’évaluation est pour le manager le moment idéal pour dresser un bilan de la quête, de distribuer la récompense promise et définir une nouvelle quête, un nouvel ennemi à surmonter.
Là encore, il convient de s’attacher au type d’employé afin d’adapter son discours et fixer une quête qui sera à même de le mettre en mouvement.
Le bon manager doit donc : comprendre le désir de ses héros, définir une quête collection, trouver le juste méchant.