Les démarches administratives, recherches de financements et remises en questions personnelles font souvent passer la création d’entreprise pour une épreuve de survie en milieu hostile. C’est un peu le cas. Il n’en reste pas moins que de plus en plus de Français se sentent une âme d’aventurier et se lancent dans l’inconnu.
Et si le prochain, c’était vous ?
On reproche souvent à la France son immobilisme et son manque d’audace économique. Et pourtant, les Français sont nombreux à vouloir tout plaquer pour se lancer dans la folle entreprise de la création d’entreprise. Salariés ou chômeurs, ils envoient valser leur employeur pour répondre à l’appel de l’émancipation et de la passion.
En 2014 (dernières données disponibles), ils furent 550 000 à sauter le pas. Si ce chiffre marque une augmentation de 2,3 % par rapport à 2013, celle-ci est moindre comparé aux explosions des années précédentes. Au total, nombre de créations d’entreprises à triplé depuis 2005.
Pour de nombreux observateurs, cet engouement sans précédent est à mettre sur le lancement du statut d’autoentrepreneur en 2008. Très vite adopté, il a représenté jusqu’à 58 % des projets de création en 2011 ; depuis, ce chiffre est retombé et stagne autour de 50 %. Bien qu’il ne soit pas adapté à toutes les activités, l’autoentreprise a eu le mérite de prouver que la création d’entreprise est à la portée de tous. Il a donc faire germer les graines de l’entreprenariat qui dormaient dans beaucoup d’entre nous.
Si les Français peuvent tous prétendre à l’entreprenariat, tous n’en ont pas forcément l’écorce. Aujourd’hui, le bagage d’un candidat pèse moins dans la balance que sa personnalité. Parmi les traits de caractère fondamentaux de sa personnalité, on compte :
> Professionnalisme. Avoir toutes les cartes en main pour se lancer, c’est avant tout maîtriser son sujet. N’allez pas croire que vous apprendrez le métier ou découvrirez le secteur au fil de l’eau : vous n’aurez pas le temps !
> Persévérance. Malgré toute l’énergie que vous lui dédiez, votre entreprise n’est pas attendue avec impatience. Il y a donc toutes les chances que ses débuts soient modestes, voire décevants. Qu’importe : l’entrepreneur doit avoir la modestie de se remettre en question et assez d’astuce pour rebondir.
> Réalisme. Mieux qu’un manque de clients, des prévisions erronées peuvent condamner votre boîte avant même son lancement. Prenez-donc le temps de vous fixer des chiffres d’affaires réalistes et d’y consacrer des moyens adaptés.
> Courage. Créer une entreprise, c’est sauter dans l’inconnu et accepter de se mettre en danger. Mais attention : si l’entrepreneur ne doit pas avoir peur des risques, il ne doit pas les rechercher non plus. La difficulté doit être vécue comme une invitation à l’innovation.
Enfin, avoir des idées, c’est bien ; savoir les vendre, c’est encore mieux. Le créateur d’entreprise est, par nécessité, un bon communicant qui doit convaincre les autres autant que lui-même de la pertinence de son projet. Avant de vous lancer, faites donc un test auprès de vos proches.
Faire les choses dans l’ordre, sans précipitation, est fondamental. En effet, la réussite d’un projet de création dépend bien souvent du sérieux de l’organisation préalable.
1. L’idée. Souvent négligée, cette étape est nécessaire car elle permet de poser l’identité de l’entreprise et de son dirigeant (« Pourquoi créer cette entreprise ? »), ainsi que ses objectifs. C’est à ce moment qu’il convient pour le candidat de présenter son projet à son entourage. Par leurs remarques, ils permettent de confronter l’apprenti entrepreneur à des difficultés auxquelles il n’avait pas pensé, de nourrir sa réflexion. Si celui-ci se sent souvent seul, il ne l’est jamais vraiment : la création d’entreprise est nécessairement une œuvre collective.
2. Le business model. Après le « pourquoi » vient le « comment », question centrale qui poser les bases de la rentabilité de la future entreprise. C’est le moment de penser stratégie et de rédiger trois des piliers de l’argumentaire déployé devant les futurs investisseurs : le business model (concept sur lequel repose l’entreprise), le business plan (application concrète du concept : organisation et concurrence) et le plan de communication.
3. Le choix du statut. Exception faite de quelques professions qui imposent un statut, l’entrepreneur se trouve libre de choisir en fonction de sa personnalité et de son patrimoine.
4. La recherche de financement. Le banquier se doit d’être le meilleur ami de l’entrepreneur. Si les banques ne prennent plus en charge 100 % des projets, elles en restent le financeur principal.
Depuis sa création en 2008, le statut d’autoentrepreneur a fait ses preuves. C’est qu’il ne manque pas d’arguments : formalités simplifiés, statut accessible à tout le monde (car cumulable avec une activité salariée, un chômage, une retraite ou des études), risques limités… Cependant, la loi Pinel de juin 2014 (entrée en application depuis le 1er janvier 2015) fusionne l’autoentreprise et la microentreprise, portant ainsi un sérieux coup au statut. Cette réforme n’est sans doute pas sans rapport avec la stagnation du nombre d’autoentreprise.
Parmi les principaux changements :
- Exit le « pas de recettes, pas de charges ». Si l’autoentrepreneur ne payaient des charges qu’à hauteur de ses recettes, il devra désormais s’acquitter de paiements obligatoires tels que la cotisation foncière des entreprises (CFE) ou la taxe pour frais de chambre (activités commerciales et artisanales).
- Si la formation professionnelle était auparavant considérée comme un dû, elle fera désormais l’objet d’une contribution financière de la part des autoentrepreneurs. Pas de paiement, pas d’accès à la formation.
- Finie les formalités légères ! Un effort (minime, certes) sera demandé aux entrepreneurs qui devront désormais s’enregistrer au Registre du commerce et des sociétés (pour les activités commerciales) ou au Répertoire des métiers (pour les artisans). Cette inscription est gratuite mais nécessite de se rendre à la Chambre de Commerce la plus proche.
- Les qualifications des autoentrepreneurs seront plus encadrées. Lors de l’enregistrement de métiers exigeant technique et dextérité, un diplôme justificatif pourra être demandé.
Autoentrepreneurs, adieu : l’année 2016 sera celle des microentrepeneurs !