Si « armée » n’évoque pour vous que des exercices d’entraînement intensifs au petit matin ou une obéissance aveugle à la hiérarchie, cet article est pour vous. Vous pouvez oublier toutes vos idées reçues sur l’armée ! Aujourd’hui, des centaines de carrières y sont accessibles pour tous les jeunes, diplômés ou non. Recrut.com a rencontré le Capitaine Lardoux, Chef de la section des opérations de recrutement en Ile-de-France et Outremer pour l’armée de terre, qui nous a dressé un tableau précis des conditions et des opportunités d’emploi pour 2010.
Capitaine Frédéric Lardoux : Des postes de toutes sortes qui s’adressent à tous les jeunes. Chaque année, l’armée de Terre recrute sur environ 14.000 postes. 9.000 à 10.000 d’entre eux concernent des engagés volontaires -ou militaires de rang et s’adressent généralement à des jeunes sans qualification ou titulaire du bac. Pour ceux-ci, deux types d’emplois possibles :
Et très vite, chaque militaire se voit confier autonomie et responsabilité dans sa mission, quelle que soit la catégorie de recrutement : engagés volontaires, sousofficiers (bac à Bac +2) ou officiers (à partir de Bac+3). La promotion interne n’est pas un vain mot : 50% des sous-officiers ont été recrutés en tant qu’engagés volontaires. La proportion est la même pour les officiers, dont la catégorie est composée à 50% d’anciens sous-officiers. Preuve que l’armée de terre donne bien leur chance à tous ceux qui font preuve de qualités humaines et professionnelles.
Afin de faciliter le recrutement, une centaine de Centres d’Information et de Recrutement des Forces Armées (CIRFA) ont été ouverts. Ce sont des points de contact unique pour tous les jeunes en recherche d’emploi. Parallèlement, des partenariats locaux sont noués avec les Pôles Emploi.
Cpt F. L : En effet car l’armée de terre possède environ 500 sites répartis en métropole, à l’outremer ou à l’étranger. Suivant la disponibilité des postes recherchés et selon ses aptitudes, la jeune recrue pourra être amenée à quitter sa région d’origine pour développer ses talents ailleurs sur le territoire. La région Ile-de-France concentre la plupart des étatsmajors centraux et très peu de régiments : le jeune francilien a ainsi toutes les chance de commencer sa carrière dans une ville de province. Chaque mois, entre 80 % et 100% des recrutés en Ile de France quittent la région lors de leur incorporation.
Cpt F. L : Tout d’abord, il y a un travail de communication à effectuer en amont des cessions de recrutement : faire savoir que l’armée recrute et ce qu’elle propose. Rares sont ceux qui décident de rejoindre l’armée sans la connaître ! Nous communiquons donc par plusieurs biais : télévision, cinéma, presse, … Les conseillers en recrutement se déplacent dans les lycées, les mairies, les forums emplois ou encore les centres commerciaux pour informer les jeunes. Tous sont militaires, ont connu la vie en régiment et en opérations. Ils témoignent donc d’une expérience à forte valeur humaine. Le jeune qui est intéressé se rend dans l’un des CIRFA où il prend connaissance des postes disponibles. Il peut alors affiner et approfondir sa candidature sous l’égide d’un conseiller qui détermine précisément ses motivations, son profil, ses qualifications … afin de définir le poste susceptible de lui convenir.
Quelque soit le niveau de recrutement, les candidats recevront une formation de 3 mois
Compte tenu que certains postes nécessitent des aptitudes particulières, le candidat est convoqué pour des tests visant à déterminer son niveau physique, son équilibre psychologique et son état de santé. Ces tests sont une garantie d’aptitude à être soldat. Ces évaluations sont organisées dans l’un des cinq centres métropolitains, sur 4 demi-journées, au cours desquelles le candidat est encadré, logé et nourri sur place. Il peut ainsi se faire une idée de la vie en collectivité, et côtoyer des militaires en poste.
Cpt F. L : Non, la motivation se lit aussi bien lors des entretiens et des tests ! Si les évaluations ont été positives, le candidat est déclaré apte à devenir militaire et se voit indiquer à quel type de postes il peut prétendre. Un entretien complémentaire est organisé et si aucune inaptitude n’est constatée, le candidat se positionne sur trois postes de son choix. Comme il n’y a qu’un plan unique de recrutement en France, certains postessont très rapidement pourvus. On revoit alors, en fonction des postes restants, ceux qui conviendraient aux candidats. Les dossiers sont étudiés et le candidat reçoit une proposition de poste suivant ses qualités et son profi l ; Le candidat signe alors son contrat et part commencer sa formation militaire dans un régiment ou dans une école.
Cpt F. L : Cette apparente lenteur est un atout. Rejoindre l’armée de Terre, c’est rejoindre un environnement unique, avec ses contraintes et ses avantages. Le candidat doit en mesurer pleinement tous les aspects. Nous lui en laissons le temps.
Cpt F. L : Non, pas de profil déterminé à priori. Avec 400 spécialités professionnelles, tout nouveau soldat peut trouver un poste qui correspond à son âge (de 17 ans à 28 ans), à son niveau d’étude (de sans qualifi cation à bac + 5), à sa condition physique, ou encore à ses attentes. Certains candidats craignent de ne pas être au niveau physiquement. Pourtant, sauf contre indication médicale forte, l’entraînement dispensé permet, dans la plupart des cas, de corriger toute défi cience ou excès et d’atteindre ainsi le niveau requis. Tous les ans, chaque militaire passe des épreuves sportives lui permettant de se mettre au niveau physique et d’être en mesure de s’améliorer.
Ce qui fait l’originalité et la force de l’armée de Terre, c’est sa dimension humaine et formatrice. L’accent est mis sur le binôme : individu/collectif. Plus l’individu s’améliore, plus le collectif est fort. Quelque soit le niveau de recrutement, les jeunes gens bénéficient d’une formation initiale d’au moins 3 mois. Cette formation est un tronc commun : tous doivent pouvoir faire face à tout type de situation dans laquelle peut être engagé un soldat, quelle que soit sa spécialité. Ce tronc commun est le ciment de base à partir duquel chacun construit son parcours de soldat.
Et les femmes ?
Elles sont de plus en plus nombreuses à pousser les portes des CIRFA et représentent aujourd’hui 15 % de la population militaire. Elles occupent souvent des postes à spécialités (RH, secrétariat, finances, logistique, santé,…) mais beaucoup veulent aussi s’engager « sur le terrain ». Toute jeune femme doit être consciente que les conditions de l’engagement opérationnel se sont endurcies et sont physiquement éprouvantes. Par ailleurs, la spécifi cité et la rusticité de certaines missions (munitionnaires, groupes isoléss dans des environnements naturels diffi ciles) sont difficilement compatibles avec la morphologie ou les conditions d’hygième requises pour un personnel féminin. Cependant, tout est fait pour en termes d’accueil, d’intégration, de considération et de responsabilisation pour permettre aux femmes d’avoir leur place dans l’armée de Terre.
Cpt F. L : Oui, l’évolution personnelle et la promotion interne sont essentielles, car elles conditionnent le bon fonctionnement de l’armée de terre. Celui qui s’engage s’y épanouit en mettant ses acquis au service des autres, en développant de nouvelles compétences ou en montrant sa capacité à avoir des responsabilités supérieures. Contrairement aux idées reçues, la plupart des militaires sont sous contrat, de 1 à 8 ans. Ainsi, pour « faire carrière », des rendez-vous sont donnés à chaque militaire en termes de compétences à développer, de diplôme ou qualifi cations à obtenir, de postes à occuper. Cette formation continue est indispensable pour continuer à servir dans l’armée de terre sans se lasser ou pour se donner les armes nécessaires à la poursuite de son parcours, à l’issue du contrat, dans la fonction publique, dans une entreprise privée ou à son compte. Ces qualifications sont reconnues dans le civil sous forme d’équivalences qui existent donc pour toutes les spécialités.
Cpt F. L : En effet, ils sont recherchés car ils ont développé des qualités d’excellence : amélioration du niveau académique, exercice de responsabilités, développement du savoir-être, ouverture d’esprit, prise en compte de situations complexes, tant techniques qu’humaines,… Autant d’atouts dont peut se prévaloir un militaire au moment de sa reconversion (en fin de contrat) ou de sa retraite, fixée par la réglementation en fonction du grade détenu.
Cpt F. L : Il ne s’agit pas de donner une image, mais plutôt de faire sentir l’enrichissement personnel que peut apporter une expérience au sein de l’armée de terre quelle que soit sa durée. Rejoindre l’armée de terre, c’est partager et développer des valeurs humaines fortes telles que connaissance et dépassement de soi, sens des responsabilités, vie en communauté, respect des autres, maîtrise et contrôle, confiance mutuelle, ouverture à d’autres cultures,...
Ce qui prime, ce n’est pas tant l’aspect professionnel : un informaticien qu’il soit militaire ou civil exerce le même métier sur le même matériel. Mais bien le contexte humain exceptionnel dans lequel chacun vit son métier. Bien sûr, comme dans tous les secteurs professionnels, nous rencontrons des moments de doute, de fatigue, des difficultés, mais il y a toujours autour de nous quelqu’un qui les a vécus, et qui propose des solutions pour y faire face. Contrairement à ce qu’on peut penser, le collectif ne nuit pas, il permet à chacun de s’épanouir et d’être reconnu pour ce qu’il est et ce qu’il a à donner. Dès le recrutement, ce sont ces valeurs que nous transmettons car ce sont elles qui font notre différence et notre attractivité sur le marché de l’emploi.
L’armée de terre, une solution face à la crise ?
La région Ile de France compte beaucoup de candidats potentiels, compte tenu du grand nombre de jeunes plus ou moins qualifiés, sur le marché du travail ; mais la plupart d’entre eux n’est pas spontanément attirée par l’armée et la concurrence des entreprisesprivées est rude.
Cependant l’armée présente une image de solidité face à la crise :