Il est une question qui déclenche des débats fiévreux en ce moment : la possibilité que l’université puisse, sous des conditions pourtant restrictives, dispenser des cours dans une autre langue que le français. Certains jugent la mesure anti-démocratique, dangereuse, stupide, tandis que d’autres préfèrent assumer l’abandon du monopole du français pour éviter un lent et déclin tragique.
Un point va bientôt être débattu au parlement lors de la proposition de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche visant à permettre à l’Université de dispenser des enseignements en anglais. Bien évidemment cette réforme ne doit pas occulter les objectifs réels attendus : permettre à tous les étudiants d’accéder aux savoirs sous toutes ces formes.
Cette mesure devrait pouvoir accroître l’attractivité de la France pour les étudiants et les professeurs étrangers, mais aussi être bénéfique pour les étudiants français qui, ayant alors eu l’occasion de côtoyer des étudiants de la planète entière, seront en mesure d’appréhender un monde qui change et dont les frontières s’élargissent.
La proposition de loi vise donc d’attirer dans nos universités les étudiants internationaux qui, aujourd’hui, affluent dans les pays anglo-saxons, Scandinavie, Allemagne…, mais pas seulement ! Il s’agit surtout de permettre à l’ensemble des étudiants français d’accéder aux savoirs sous toutes leurs formes. La France doit accueillir les meilleurs spécialistes des diverses disciplines afin qu’ils y délivrent des enseignements, y compris s’ils ne sont pas francophones. L’anglais est aujourd’hui incontournable, comme le fut jadis le latin, pour la simple et bonne raison qu’il permet de communiquer de manière unanime.
Terra Nova, le laboratoire d’idée progressiste ayant pour but de produire et diffuser des solutions politiques innovantes en France et en Europe, formule 4 propositions afin d’enrichir le débat sur le projet de loi et contribuer à son amélioration :
- Tout étudiant non-francophone venant en France pour suivre un cursus complet et acquérir le diplôme correspondant devra se voir proposer, dans le cadre de sa formation, un enseignement en Français Langue Etrangère (FLE) et en culture française. En fonction du niveau initial en français de l'étudiant, l'enseignement disciplinaire pourrait par exemple s'effectuer lors d'un stage proposé avant le début des cours, ou selon des modalités appropriées définies par les équipes pédagogiques.
- Chaque établissement devra définir et formaliser sa politique en matière de langues d’enseignement dans le cadre de son contrat pluriannuel, après débat dans les instances chargées des questions académiques.
- Les propositions de l’université seront validées dans le cadre de la procédure nationale d’accréditation intégrée à la contractualisation avec l’État.
- Le recrutement d’enseignants non-francophones sur des postes permanents de l’université sera autorisé sous condition que ceux-ci s’engagent à être en mesure, dans une durée raisonnable (2 ou 3 ans, comme cela se fait dans de nombreux pays) de donner aussi des enseignements en français.
Rendez-vous lors des débats … la loi passera t’elle ou non ? Entre traditionalisme et progressisme, la question reste ouverte !
Pauline de Waele