L’alternance est un mode de formation professionnelle au cours de laquelle le jeune partage son temps de travail entre un centre de formation où il reçoit un enseignement théorique et une entreprise, pour la partie pratique. Elle constitue un moyen d’accès privilégié à l’emploi puisque entre deux candidats à niveau d’études égal, une entreprise choisira celui qui a suivi une formation en alternance.
Mais attention, dès que vous optez pour l’alternance, vous n’appartenez plus au monde étudiant mais bien à celui du travail, comme l’explique Jean-François Leportier, directeur adjoint de l’ANPE de Tolbiac (Paris XIIIe arrondissement), agence vouée à l’alternance : « Les jeunes viennent nous voir avec l’idée de continuer leurs études. Ils pensent que l’alternance consiste à faire un stage en entreprise. Ils privilégient la recherche d’une école à celle d’un employeur, en pensant que l’entreprise est plus facile à trouver. Or, c’est exactement l’inverse. Lorsqu’ils en prennent conscience, c’est la panique! »
Deux types de contrats La formation en alternance comprend deux types de contrats, l’apprentissage et depuis le 1er octobre 2004, le contrat de professionnalisation, remplaçant les anciens contrats de qualification, d’adaptation et d’orientation.
Ce nouveau contrat professionnalisation se veut avant tout qualifiant. C’est-à-dire que contrairement à l’ancien contrat de qualification, sanctionné par un diplôme de l’Education nationale, le contrat de professionnalisation est simplement reconnu par la profession. Chaque branche professionnelle définissant ce que doit être la formation, ce contrat permet d’adapter celle-ci aux besoins des entreprises. Il s’agit donc d’une formation recherchée sur le marché de l’emploi. Attention toutefois : contrairement au contrat d’apprentissage, il n’est pas possible d’effectuer son contrat de professionnalisation dans les entreprises relevant du secteur public.
L’un des autres avantages de ce contrat est sa courte durée.
Il s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans révolus n’ayant pas de qualification professionnelle ou ayant besoin de compléter une formation initiale pour pouvoir accéder au métier visé. Ce contrat peut être à durée déterminée ou indéterminée, pour une période de six à douze mois, pouvant être portée à vingt-quatre mois en cas d’accord de branche ou quand la nature des qualifications l’exige. La formation est comprise entre 15 % (150 heures minimum) et 25 % de la durée totale de l’action de professionnalisation prévue en CDI ou en CDD.
Elle est dispensée au choix soit par un organisme de formation (il faut alors conclure avec lui une convention de formation) soit par l’entreprise si elle dispose d’un service de formation. Si cette formation n’est pas obligatoirement encadrée par un tuteur, des accords de branche peuvent en faire une condition préalable. Dans ce cas, son rôle consistera à accueillir, informer et guider le salarié en contrat de professionnalisation, à veiller à son emploi du temps et à assurer la liaison avec l’organisme de formation.
Selon les textes de loi en vigueur, le contrat de professionnalisation est sanctionné par trois types de résultats : une qualification enregistrée au répertoire national des certifications professionnelles ; une qualification reconnue dans la classification d’une convention collective ou une qualification figurant sur une liste établie par la commission paritaire nationale de l’emploi d’une branche professionnelle. Cela signifie que normalement cette voie ne prépare pas aux diplômes de l’Education nationale sauf en cas d’accord exprès de branche, ce qui concerne par exemple certains BTS.
Il permet de préparer un diplôme de l'enseignement professionnel ou technologique (CAP, BEP, BTS), un titre d'ingénieur ou un titre répertorié reconnu par les professions. Il est possible d’effectuer son apprentissage dans toutes les entreprises relevant du secteur public et du secteur artisanal, commercial, industriel ou associatif.
Attention toutefois : l’apprentissage est organisé par branches de métiers définies par le ministère du Travail. Cela signifie que même si tous les secteurs recrutent des apprentis, tous les métiers ne s’apprennent pas par l’apprentissage et ne se préparent par cette voie que les diplômes professionnalisés. Les jeunes peuvent enchaîner autant de contrats d’apprentissage qu’ils le désirent dès lors qu’ils préparent à chaque fois un diplôme de niveau supérieur. Quant au redoublement, il n’est théoriquement pas autorisé mais peut faire l’objet d’une dérogation. Ce cas ne se produit que très rarement, le taux d’échec étant très faible aux examens.
Le contrat d’apprentissage s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans révolus. Une dérogation est possible pour les élèves de 15 ans ayant effectué leur scolarité jusqu’en classe de 3e. Ce contrat donne le statut de salarié en CDD.
Sa durée est de deux ans en moyenne, mais elle peut varier de un à trois ans en fonction du diplôme préparé. La partie théorique doit comprendre entre quatre cents et sept cent cinquante heures par an minimum, selon le diplôme préparé, en centre de formation d’apprentis (CFA). Tout au long du contrat, l’apprenti est guidé par un maître d’apprentissage pour l’acquisition des compétences nécessaires à l’obtention du titre ou du diplôme préparé, en liaison avec le CFA. Ce maître est soit le chef d’entreprise soit l’un des salariés.
Même si la formule de l’alternance est séduisante parce qu’elle permet de mettre tout suite la main à la pâte, il ne s’agit en rien d’une formation « au rabais ». Au contraire. Cette formule demande rigueur et auto-discipline car elle impose un rythme de travail soutenu : quand le jeune n’est pas au centre de formation, il doit être dans l’entreprise. Le nombre d’heures de cours peut varier tout comme les rythmes d’alternance pratiqués, en fonction des organismes de formation.
Certains choisissent un rythme de deux jours en formation et trois jours en entreprise chaque semaine, d’autres préfèrent une semaine en entreprise puis une semaine en centre de formation ou encore six mois en continu dans l’entreprise puis six mois au centre. Même si les écoles tiennent de plus en plus compte des besoins des entreprises et font de leur mieux pour s’y adapter, il n’y a pas de règle en la matière et l’alternance reste un travail à plein temps. Une sérieuse motivation est nécessaire. « Il s’agit de vraies journées de travail. Et le soir, en sortant de l’entreprise, il y a parfois des devoirs à faire à la maison. Quant aux vacances scolaires, nenni ! », assure Jean- François Leportier, de l’ANPE Tolbiac.
Fatima N’Diaye, conseillère au CIDJ (Centre d’information et de documentation jeunesse) de Paris, au pôle « emploi formation continue », confirme : « L’alternance permet aux jeunes de baigner très tôt dans la culture d’entreprise et leur apprend également à se responsabiliser. C’est-à dire à se lever tôt le matin, à être ponctuel… Toutes ces choses qui sont très appréciées dans le monde du travail et qui peuvent paraître simples mais qui ne sont pas évidentes pour un jeune qui sort de l’école. ».
Le niveau de formation des jeunes au moment de leur entrée en contrat d’alternance augmente régulièrement, ainsi que le niveau de la formation préparée. « Il faut briser le mythe du jeune qui sort de l’école sans aucun diplôme et va passer un CAP en alternance », affirme Jean-François Leportier. Cette image d’Epinal ne correspond absolument plus à la situation actuelle. Selon les chiffres de la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) publiés en février 2005, 63,6 % des entrants en contrat de qualification et 71,7 % des entrants en contrat d'adaptation justifiaient, lors de leur embauche, en 2003, d'un niveau au moins équivalent au baccalauréat.
L’alternance constitue aujourd’hui un vrai projet professionnel débouchant sur des métiers permettant de très bien gagner sa vie. Ces qualifications sont très recherchées par les entreprises et répondent à de vrais besoins, dans des secteurs où l’on souffre d’un manque de personnel. L’alternance concerne aujourd’hui des diplômes de plus en plus diversifiés à l’université. Et si tous les secteurs recrutent des jeunes en contrat d’alternance, le secteur tertiaire est le plus demandeur. L’apprentissage des fonctions liées à la gestion, au commerce et à la vente prend une place croissante.
Cette démarche doit s’effectuer comme une recherche d’emploi classique. Il est vivement conseillé de s’y prendre très tôt (six mois à l’avance). La réussite de ce projet dépendant bien sûr du marché de l’emploi, il est important de bien repérer les secteurs intéressés par l’alternance. Il ne faut pas hésiter à pousser toutes les portes et à collecter le maximum de renseignements.
Faites jouer vos relations, courez les salons, consultez les petites annonces, les annuaires d’entreprises, surfez sur le web (il existe des sites consacrés à l’alternance), ne négligez aucune piste. La rédaction d’un bon CV et d’une lettre de motivation est un atout supplémentaire, pour cela faites-vous aider par un professionnel, dans votre ANPE par exemple.
Il existe des annuaires de ces centres, disponibles dans les lieux où vous vous rendez pour votre recherche d’emploi. Les centres passent régulièrement des annonces dans les journaux, certains ont même leur site Internet. Quel que soit le type de contrat en alternance que vous choisissez, la formation est gratuite.
Elle est financée par l’Etat ou la région et par la taxe d’apprentissage dont s’acquittent les entreprises. Dans la plupart des cas, pour intégrer un centre de formation, il vous faudra passer un test et un entretien. Si vous êtes mineur, le responsable des inscriptions demandera à rencontrer vos parents. Au cours de ce rendez-vous, il verra quel a été votre parcours et vérifiera vos motivations.
Dans le cadre de l’apprentissage, l’enseignement est assuré par des centres de formation des apprentis (CFA). Ils peuvent être publics, privés ou consulaires (on parlera alors d’institut consulaire). Les CFA sont soumis au contrôle pédagogique de l’Etat, ce qui n’est pas le cas des autres centres de formation (pour les contrats de professionnalisation). C’est pourquoi, certains centres ont des taux de réussite plus importants que d’autres. Il est conseillé de se renseigner sur l’environnement du centre, son fonctionnement, les types de professeurs y enseignant.
• Auprès de votre établissement scolaire
• Dans un CIO (Centre d’information et d’orientation)
• Au CIDJ (Centre d’information et de documentation jeunesse)
• ou au CRIJ de votre région
• Dans votre ANPE Certaines agences, comme celle de Paris Tolbiac, organisent des ateliers d’alternance
• Dans votre mission locale.
• Auprès de la Permanence d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO)
• Auprès de la chambre des métiers
• Auprès de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de votre région
• Dans les centres de formation des apprentis (CFA)
• Sites utiles :
www.lapprenti.com
www.en-alternance.com