Mardi 28 avril 2015 – Le Ministère du Travail, France Stratégie et DARES présentent une étude prospective sur l’état du marché du travail en 2022, par secteur et par zone géographique, en s’appuyant sur les chiffres de départ à la retraite et formulant plusieurs scénarios concernant les créations de postes. L’objectif est, selon les termes du Ministre François Rebsamen, « d’éclairer les transformations des métiers à venir et d’accompagner les pouvoirs publics […] dans leur prise de décision ».
Bilan des principaux enseignements du rapport.
Contrairement à bon nombre de pays européens (l’Allemagne, notamment), la France verra son nombre d’actifs augmenter jusqu’en 2022 : + 1,2 million d’actifs en dix ans.
Cette augmentation s’explique notamment par la réforme des retraites, qui repousse l’âge du départ et maintient donc les seniors sur le marché du travail. La part des plus de 55 ans dans la vie active augmente sensiblement, tout comme l’âge moyen des actifs français. La part des seniors dans la population active va ainsi grimper de 27 % à 30 % d’ici 2022, soit 1,5 millions de personnes de plus de 55 ans en plus.
Ces chiffres entraînent irrémédiablement une réflexion sur la formation continue (susceptible d’adapter les professionnels aux évolutions technologiques) et la reconversion professionnelle.
Les métiers qui recruteront le plus ces prochaines années ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Ainsi, si l’informatique et les technologies figurent bien dans le top 20, le podium est occupé par des postes bien plus traditionnels tels qu’agents d’entretien, aides à domicile et enseignants. La raison est simple : 80 % des postes à pouvoir sont liés à des départs en retraite. En moyenne, ce sont 620 000 personnes par an qui prendront leur retraite (contre 400 000 au cours de la décennie précédente), soit autant de postes à pouvoir sur les quelques 800 000 annoncés par le rapport.
Cette situation est bien entendu différente selon les secteurs, l’informatique présentant bien plus de créations de postes que de nouveaux retraités à remplacer.
Depuis 1975, la part des femmes dans la population active n’a cessé d’augmenter. Ce sera encore le cas jusqu’en 2022, leur part passant de 47,7 % à 49,1 %.
Reste que la mixité globale est encore peu de mise à l’échelle des métiers : seuls 20 % emploient autant d’hommes que de femmes. Les professions en France restent donc malgré tout fortement sexuées.
Pour lutter contre ce phénomène, le Ministre du Travail François Rebsamen propose de privilégier l’information au niveau de la formation et de la reconversion.
Difficile de se montrer très optimiste au sujet de l’emploi des jeunes, ce dernier restant fortement dépendant de la conjoncture. Les rédacteurs de l’enquête tiennent à distinguer deux catégories de jeunes au sort différents : les diplômés et les « décrocheurs ».
Les perspectives d'emploi se montrent en effet bien plus favorables aux diplômés, en raison du fort dynamisme des professions les plus qualifiées.
Afin d’éviter la polarisation de l’emploi, le Ministre s’engage à lutter contre le décrochage scolaire et à « maintenir une forte croire du recours à l’apprentissage ».
Outre une forte tertiarisation, on observe une relative polarisation des métiers due à la hausse de la qualification, la diminution du poids relatifs des ouvriers et la croissance des professions peu qualifiées.
De plus, le rapport met en évidence que les métiers « fragiles » se concentrent particulièrement dans certaines zones : « les perspectives d’emploi seront ainsi sans doute plus favorables sur l’ouest et le sud, moins favorables pour le nord et l’est », précise M. Rebsamen.