L’Ile-de-France concentre les deux tiers du chiffre d’affaires dans ce secteur et a toujours besoin d’informaticiens, de graphistes ou de webmasters pour répondre à ses besoins grandissants.
L’informatique est le domaine qui a le plus progressé en Ile-de-France sur la période 1990-1999. D’après une enquête de l’Observatoire régional de l’emploi et de la formation (OREF), en 10 ans, le nombre de personnes exerçant un emploi lié à l’informatique a augmenté de 43 %. Avec une telle demande, on pourrait craindre que les offres ne suivent plus, mais la région attire de plus en plus les entrepreneurs.
Conséquence : des postes se créent. Les professions informatiques en Ile-de-France ont enregistré une diminution de presque 18 % du nombre d’inscrits à l’ANPE entre mars 2007 et mars 2008. Alors que 18 600 spécialistes de ce secteur cherchaient encore du travail en 2004, ils n’étaient plus que 7 000 quatre ans plus tard.
Pour Yaël Amar, responsable pédagogique à l’ESIC (Ecole supérieure d’informatique et de communication), il y a une raison simple à cela : l’informatique s’est développée dans toute la société. L’explosion des services de vente en ligne et la nécessité de créer un réseau interne ne laissent qu’un choix restreint aux entreprises : celui d’externaliser ou de recruter elles-mêmes des professionnels qui géreront leurs systèmes et sites. Se passer d’un tel outil de communication est désormais hors de question.
Les initiatives des recruteurs
L’essor du secteur et l’attractivité de la région aidant, les événements autour de l’emploi dans les différentes branches de l’informatique et du multimédia se multiplient dans la capitale. Les forums de rencontres entre candidats et recruteurs sont légion et s’apparentent à un jeu de séduction inhabituel sur le marché du travail : ce sont les entreprises qui tentent d’attirer à elles les chercheurs d’emploi les plus prometteurs.
Elles font appel à des cabinets de recrutement spécialisés, développent des partenariats avec les organismes de formation afin de repérer les candidats potentiels le plus tôt possible... Certains recruteurs adoptent des techniques plus originales et organisent, comme le fait Google, des concours pour les programmeurs, les graphistes, les ingénieurs système... Ils détectent ainsi les talents susceptibles d’intégrer leur entreprise.
Les débouchés pour les bac +2
Avec des évolutions techniques en ébullition, les qualifications recherchées sont de plus en plus pointues. Mais Véronique Speltdoorn, directrice d’Accile, cabinet de recrutement spécialisé dans le marketing, le web et l’informatique, reste rassurante pour les détenteurs de BTS, de licence ou de DUT : « ce n’est difficile pour personne de trouver dans ce domaine. A bac +2 ou bac +3, un candidat travaille forcément, à moins que son relationnel ne soit totalement catastrophique. »
Très demandé en ce moment, le BTS ingénierie informatique option système réseaux est une porte ouverte à la signature d’un contrat. Les entreprises démarchent directement auprès des écoles : d’après
Véronique Speltdoorn, 80 % des étudiants sont en situation de pré-embauche avant même l’obtention de leur diplôme, et ceux qui n’ont pas cette chance peuvent généralement considérer que leur stage de fi n d’études mènera au moins à un CDD renouvelable.
Dieynaba Sock, assistante RH dans la web agency CFI, explique que, depuis sa création il y a onze ans, l’agence recrute en permanence et demande des profils très variés. « Nous avons toujours besoin de quelqu’un. En ce moment, nous recherchons des développeurs web, des chefs de projets, des référenceurs, et certains profils commerciaux. »
Comme dans beaucoup de domaines, les employeurs insistent sur le fait que les compétences pures ne suffisent plus.
Les qualités humaines sont tout aussi importantes.
Dans le multimédia, la créativité et l’imagination sont évidemment indispensables.
D’après Albert Cohen, directeur de l’EPSI (Ecole privée des sciences informatiques), « les entreprises sont de plus en plus exigeantes et ne se contentent plus de professionnels maîtrisant uniquement la technique. En délocalisant, elles les ont mieux pour moins cher. Elles veulent des profils capables d’évoluer, de prendre en charge des projets, d’animer des équipes, ayant des compétences métier... »
Ainsi, malgré le nombre d’offres d’emploi dans ce secteur (1,4 offre par demande), les stages restent une nécessité. La plupart des recruteurs exigent des candidats une certaine expérience, qu’elle consiste en quelques semaines d’observation en entreprise ou en une réelle pratique professionnelle allant d’un à trois ans. Montrer ce dont on est capable avant de formuler une prétention salariale ou d’évoquer une évolution de carrière est la règle, comme l’explique Albert Cohen : « pour réussir son entrée dans la vie professionnelle, il faut être exigeant pour soi, et accepter de donner avant de recevoir : il faut d’abord faire ses preuves. »
Et pour se faire connaître des employeurs, la meilleure arme dont disposent les diplômés en informatique ou multimédia reste leur outil de travail : rien de tel qu’un site Internet sur lequel exposer son « book », surtout lorsqu’on espère s’intégrer dans le monde professionnel des arts visuels.
Pour Muriel Bougherdani, titulaire d’un BTS multimédia, « un site, c’est indispensable.
Envoyer des CV, répondre à des annonces et s’inscrire dans des agences de recrutement ne suffit pas : quand on est graphiste, on a besoin de montrer ce qu’on fait. C’est plus parlant. » Si elle ne dispense pas de la recherche par les voies classiques, cette vitrine rassemblant vos oeuvres a l’avantage d’attirer l’attention des recruteurs.
A vous, ensuite, de la garder et de convaincre.
Un marché cyclique
Sébastien Canard, co-fondateur d’Opensourcing et expert du recrutement, conseille aux candidats en informatique de définir leur plan de carrière avant de se lancer sur le marché.
Quelles sont les spécialisations les plus recherchées en ce moment ?
Tout ce qui concerne la technique et l’administration réseaux, mais aussi les développeurs PHP. Ce sont des postes qui recrutent à bac +2. Un DUT ou un BTS en informatique conviennent parfaitement.
Certaines sociétés embauchent aussi des autodidactes, du moment qu’ils sont passionnés.
Avez-vous des conseils à donner aux candidats ?
Pour la recherche d’emploi, ils doivent absolument utiliser leurs propres réseaux.
C’est un domaine dans lequel la cooptation fonctionne très bien. Il faut aussi qu’ils veillent à être bien positionnés dans les CVthèques.
En ce qui concerne la réponse à une offre, ils ne doivent pas se focaliser uniquement sur le salaire, comme c’est trop souvent le cas. La première chose à faire, c’est de construire un projet professionnel et de s’interroger sur les possibilités d’évolution au sein de l’entreprise.
Comment voyez-vous l’avenir de l’emploi dans l’informatique ?
C’est un marché cyclique. Nous nous posons des questions à l’heure actuelle en raison de la crise financière, qui touche énormément l’informatique, car beaucoup de banques sont clientes de SSII. Leurs budgets risquent de diminuer et les informaticiens seront sans doute les premiers touchés par les réductions d’effectifs