En recevant son diplôme, on quitte le cursus balisé des études pour le monde professionnel, avec des ouï-dire et aspirations comme seules boussoles pour nous guider à travers la forêt des entreprises qui recrutent.
Pour la deuxième année consécutive, l’agence de communication QUATRE VENTS a interrogé les jeunes (étudiants, jeunes actifs, diplômés de l’année) pour connaître leurs préférences. Quelles entreprises les font rêver ? Que recherchent-ils précisément lorsqu’ils épluchent les offres ?
RECRUT épluche les résultats.
Quels sont les arguments qui, dans une campagne de recrutement, font mouche auprès des jeunes candidats ? Ces derniers se prononcent clairement en faveur de cinq critères :
1. Le secteur d’activité (67 %)
2. La dimension internationale (55 %)
3. La localisation géographique du poste (54 %)
4. Le prestige, la réputation de l’entreprise (51 %)
5. La possibilité de se former et développer ses compétences (50 %)
Premier enseignement : les jeunes souhaitent un poste qui soit à la fois proche de leur domicile et ouvert à l’international : n’y a-t-il pas comme un paradoxe dans cette affirmation ? Non, selon les responsables de l’étude, qui soulignent que l’expatriation fait moins rêver que la possibilité de pouvoir au quotidien échanger avec des interlocuteurs de différents pays. L’international est donc ressenti comme accessible depuis le site même de l’entreprise, à travers les relations avec les partenaires et/ou clients. Si cette dimension pèse auprès des futurs ou récents diplômés, elle perd en importance au fil de la carrière ; pour les recruteurs, il s’agit-là d’une preuve que l’international traduit surtout un désir de glamour, très vite entravé par les exigences pratiques de l’expatriation.
Deuxième enseignement : il existe un écart entre les aspirations des jeunes candidats et le discours tenu par les recruteurs, qui pourrait expliquer les difficultés de certaines entreprises à séduire. En effet, les grands axes privilégiés dans les campagnes « marque employeurs » arrivent en fin de peloton : la qualité des produits n’intéressent que 35 % des répondants ; la sacro-sainte responsabilité sociale, 29 % et la position de l’entreprise dans les classements des meilleurs employeurs, seulement 8 %. Autant dire qu’entreprises et jeunes candidats ne sont pas sur la même longueur d’onde et que les premiers feraient bien de repenser leurs campagnes pour attirer les seconds dans leurs équipes.
SECTEURS |
FONCTIONS |
Industrie (34 %) |
Recherche et développement (31 %) |
Energie (34 %) |
Marketing (29 %) |
Conseil (29 %) |
Industrie (29 %) |
Luxe (25 %) |
Finance (21 %) |
Agro-alimentaire (20 %) |
Vente/Commerce (16 %) |
Les chiffres publiés par 4Vents semblent jeter un froid parmi les recruteurs : il y a, selon eux, un décalage grave entre les métiers visés par les jeunes diplômés et la réalité du marché de l’emploi. « Il va falloir qu’il recrute, Gucci, s’il veut contenter tous les diplômés qui rêvent du luxe ! », s’exclame ainsi un recruteur à la vue des résultats. Même chose pour le marketing et la communication, qui engrangent beaucoup d’appelés pour relativement peu d’élus. A l’inverse, certains secteurs manquent d’un déficit d’image (la banque, durement touchée par la crise) ou de visibilité (l’audit, notamment, qui recrute bien plus que le conseil).
Autre point soulevé par les observateurs : le « désamour » des jeunes actifs envers la fonction publique, seulement quinzième avec 8 %, alors même qu’elle intéresse plus de 60 % des 14-19 ans.
Difficile d’établir un classement des médias utilisés dans la recherche d’emploi, tant ils diffèrent d’une classe d’âge à l’autre. Les réseaux sociaux, souvent présentés comme une véritable révolution dans la recherche d’emploi, sont effectivement en plein boom mais ne sont aujourd’hui privilégiés que par 29 % des candidats. Et parmi lesdits réseaux, un leader se dégage très clairement : LinkedIn, qui fait l’objet d’un véritable plébiscite (64 %) et écrase Facebook (deuxième avec 23 %). On note cependant une différence dans le comportement des utilisateurs : issus d’une école d’ingénieurs, ils utilisent leur compte pour dénicher les offres d’emploi, tandis que les étudiants d’écoles de managements se servent de leur profil comme d’un outil de communication personnelle pour gagner en visibilité. Twitter arrive bon dernier, avec seulement 8 % des répondants qui disent opérer à une veille des entreprises en 140 caractères.
La principale conclusion est que les réseaux en ligne ne sont pas encore parvenus à remplacer le relationnel direct. Ainsi, les jeunes diplômés et étudiants valorisent encore le réseau (environ 50 % d’entre eux le site comme canal privilégié pour leur recherche d’emploi ou de stage) ainsi que les intranets d’école et université. Ces derniers sont aujourd’hui sous-exploités par les employeurs.
Enfin, notons la résistance des jobboards qui, bien que condamnés par les observateurs depuis quelques années, séduisent encore près de 70 % des diplômés.
L’originalité de ce classement repose sur la distinction qu’il fait entre entreprises de référence (qui sont de grandes pourvoyeuses d’emploi) et les entreprises de rêve (celles dans lesquelles les répondants aimeraient effectivement travailler).
Entreprises de référence dans l’emploi |
|
Entreprises qui donnent envie d’y travailler |
TOTAL |
1 |
TOTAL (=) |
EDF |
2 |
DANONE (+ 3) |
THALES |
3 |
AIRBUS GROUPE (+ 1) |
AIRBUS GROUPE |
4 |
NESTLE (+ 4) |
DANONE |
5 |
AIR FRANCE - KLM (+ 5) |
L’OREAL |
6 |
L’OREAL ( = ) |
MICROSOFT |
7 |
THALES (- 4) |
NESTLE |
8 |
EDF (-6) |
GDF-SUEZ |
9 |
HERMES (+ 15) |
AIR FRANCE - KLM |
10 |
GDF-SUEZ (- 1) |
On retrouve dans ces résultats les grands secteurs cités plus haut, comme l’énergie et le luxe, ainsi que le goût pour l’innovation. Le principal message envoyé par ce classement est de nouveau la prégnance de la dimension internationale, celui-ci étant dominé par les entreprises françaises en position de leader à l’échelle mondiale.
On note enfin que le classement présente quelques différences notables chez les filles et les garçons : Danone (entreprise préférée des femmes, elle est aux porte du top 10 masculin), LVMH (dixième chez les femmes, vingt rangs plus bas chez les hommes) ou Dassault (septième auprès chez messieurs, mais en-dehors du top 25 chez mesdames).
Méthodologie de l’enquête- 10 289 répondants (étudiants, diplômés ou anciens élèves de moins de 30 ans) dont 4 700 issus de grandes écoles de management ou ingénieurs. - 117 entreprises soumises aux répondants, sélectionnées selon leur attitude sur le marché de l’emploi : seules sont prises en compte celles en recherche active de candidats. |