Alain Cordesse occupe plusieurs fonctions au sein du Conseil Régional et Social de la Région Ile de France, notamment dans le domaine de l’économie sociale. Actuellement secrétaire national de la Ligue de l’Enseignement à l’économie sociale et président de l’USGERES, plus large regroupement de syndicats patronaux de l’économie sociale (25 syndicats, 13 branches professionnelles, regroupant des entreprises sous forme associative, coopérative ou mutuelle), il a choisi Recrut.com pour détailler les actions entreprises dans la Région pour la valorisation de l’emploi solidaire et de l’économie sociale.
A. C. : L’Usgeres1 Ile de France a engagé des travaux de sensibilisation aux discriminations dans les procédures de recrutement et dans l’évolution professionnelle. Ces actions de formation s’inscriront dans le programme de la Semaine de l’Egalité du 29 novembre au 4 décembre organisée par le CR d’Ile de France. L’Usgeres participe chaque année au Salon de l’Emploi Responsable de Paris qui permet de mettre en relation les demandeurs d’emplois avec les entreprises de l’économie sociale.
Dans ce cadre, l’Union a engagé des travaux en direction des jeunes afin de développer l’alternance dans les branches professionnelles de l’économie sociale et de développer les liens entre l’université et l’accès au premier emploi. Dans cet axe, nous travaillons avec le pôle universitaire de Nanterre : un état des lieux de l’exercice de la fonction employeur dans nos secteurs va être réalisé afin d’apporter des réponses permettant l’articulation entre le management des entreprises, les publics demandeurs d’emplois et les salariés.
La convention nationale de l’Usgeres du 8 octobre prochain à Paris, se penchera sur les réponses des employeurs de l’économie sociale en matière d’accès et de développement de l’emploi dans la crise et en prévision de la sortie de crise.
Les associations représentent plus de 90% des établissements employeurs
A. C. : L’Île-de-France est la première région d’implantation de l’économie sociale et solidaire et réunit, avec 30 000 établissements, 14,8 % du nombre total d’établissements en France. Elle est également la première région en terme d’emplois dans cette économie avec près de 374 000 salariés2. et près de 80% des emplois de l’économie sociale et solidaire en Ile-de-France.
La souplesse de la règlementation encadrant la création d’une association, la présence importante et l’action efficace des sièges et fédérations d’associations sur le territoire francilien et relative cohérence des politiques publiques menées par les collectivités locales et l’Etat en matière de développement de la vie associative, expliquent notamment ce résultat.
Le secteur « éducation, santé, action sociale » représente 56,4 % de l’effectif salarié dans l’économie sociale et solidaire en Île-de-France, surtout dans les associations. Les activités financières viennent en deuxième place avec 11 % de l’emploi, surtout au sein des banques coopératives et des mutuelles d’assurance.
Avec la crise économique, le secteur enregistre une baisse du nombre d’emplois mais résiste mieux que le secteur privé en raison du caractère non délocalisable des emplois développés. Ce sont des emplois très féminisés. Dans les mutuelles, associations et fondations, on compte plus de 65 % de salariées. Dans les coopératives, plus proche de la parité, la région Île-de-France conserve sa particularité féminine avec 49,5 % de femmes.
On constate un développement de l’économie sociale et solidaire plus marqué dans les départements franciliens de la grande couronne (77, 78, 91, 95), dû à la nécessité de s’appuyer sur les principes de l’économie sociale et solidaire pour apporter des réponses efficaces aux besoins des populations rurales, ou urbaines, relativement importantes dans ces départements.
L’un des objectifs pour 2010 ; mener des actions pour développer l’alternance
A. C. : Nous allons mener des actions en vue de développer l’alternance en direction des jeunes notamment vers les contrats de professionnalisation de niveaux 2 et 3 et envisageons de lancer au niveau national une réflexion sur le développement de l’apprentissage dans nos secteurs. La création d’une bourse des emplois dans l’économie sociale en 2010 sera un des leviers du renforcement de l’attractivité de nos secteurs en direction des jeunes et des demandeurs d’emploi.
Par ailleurs, nous poursuivons la formation de nos managers sur l’égalité professionnelle femmes/hommes, l’insertion des personnes éloignées de l’emploi et notamment des personnes issue de l’immigration et les jeunes...
Enfin, l’année 2010 étant une année électorale pour les régions, nous transmettrons d’ici la fin de l’année 2009 aux candidats une plateforme de propositions afin de favoriser des liens plus forts entre les exécutifs régionaux et les employeurs de l’économie sociale. Nous sommes disponibles pour travailler avec les régions sur l’accompagnement des mobilités professionnelles transversales sur des bassins d’emplois, pour expérimenter des formes de dialogue social territorial.
A. C. : La forte densité démographique accentue la concurrence entre les différentes formes d’économie. Les principes concurrentiels ne favorisent pas le développement de l’économie sociale et solidaire, ce qui explique la relative faiblesse de l’emploi dans les départements les plus fortement urbanisés de la petite couronne et de Paris.
A. C. : Les statistiques comparées avec les autres formes d’économie ne permettent pas de constater la réelle évolution de l’économie sociale et solidaire, qui fidèle à ses principes humanistes fondateurs, nécessite une évaluation essentiellement qualitative. La précision de ce qui définit l’économie sociale et solidaire est primordiale car elle permettra d’en cerner les limites et de clarifier l’appartenance ou non des différentes formes d’entreprises à cette famille.
Dans le même ordre d’idée, il s’agit de se doter de critères d’évaluation qualitative pour améliorer les arguments de l’économie sociale et solidaire qui doivent être constamment exposés aux dirigeants des collectivités locales de la région Ile-de-France afin qu’ils apportent des réponses alternatives aux problèmes économiques et sociaux que génèrent aujourd’hui les autres formes d’économie.
C’est particulièrement vrai dans la période de crise économique que nous connaissons aujourd’hui. Si le secteur de l’économie sociale résiste mieux que d’autres, c’est en partie grâce aux politiques de traitement social du chômage qui sont en partie fléchées vers nos secteurs et notamment toute la politique des contrats aidés. Il persiste une difficulté de lisibilité de l’économie sociale auprès des pouvoirs publics et du Pôle Emploi.
Si l’on veut renforcer l’attractivité de l’économie sociale, ce qui va devenir indispensable dans les dix prochaines années, en raison du renouvellement des générations, cela passe par une meilleure communication entre les employeurs et le service public de l’emploi mais également par le renforcement de la qualification dans nos secteurs.
Car, nous sommes encore trop considérés par les pouvoirs publics comme une variable d’ajustement aux politiques de l’emploi.