Dans le cadre de son Observatoire, l’ANPE publie régulièrement des études et synthèses statistiques sur le marché du travail et de l’emploi. L’Agence interroge notamment des employeurs du secteur privé afin de connaître leurs anticipations en matière d’activité et d’emploi.
Près de 13 500 entreprises métropolitaines consultées en novembre 2004 ont ainsi exprimé leur avis.Et la prudence semble de mise pour 2005. Synthèse.
Si la croissance économique a bien été au rendez-vous en 2004, elle a cependant marqué le pas au troisième trimestre et n’a eu, par ailleurs, que peu d’effet sur l’emploi et le chômage. Alors que les prévisions de croissance pour 2005 étaient en retrait, les anticipations des entreprises pour 2005 restaient sensiblement les mêmes que celles exprimées pour l’année 2004.
Perspectives d’activité
26,5 % des entreprises interrogées anticipaient une progression de leur activité en 2005, soit une proportion identique à celle enregistrée en 2004 ; 11,9 % envisageaient, en revanche, une baisse d’activité (contre 12,4 % en 2004).
Attention, ces chiffres sont des moyennes : les anticipations d’activité varient nettement d’un secteur économique à l’autre. Ainsi, les entreprises appartenant au secteur des services (services aux entreprises, services marchands divers et services collectifs(1)) et au secteur du commerce étaient les plus optimismes : plus d’un tiers (31 % ou plus) s’attendaient à une progression de leur activité.
Tandis que seules 18 % des entreprises du secteur de l’industrie anticipaient une hausse de leur activité et qu’un pourcentage identique s’attendait au contraire à une régression. Le secteur de la construction se montrait plus réservé : 70 % des établissements tablaient sur une stabilité de leur activité.
Les entreprises de grande taille anticipaient plus souvent une hausse de leur activité : celle-ci était prévue par 37 % des structures de 200 salariés mais par 25,3 % de celles de moins de 10 salariés.
Le Languedoc-Roussillon, la Bourgogne, la Lorraine et la Picardie sont les régions où la part d’établissements anticipant une progression de leur activité est la plus importante (+ 30,5 % pour le Languedoc-Roussillon). En revanche, les entreprises implantées en Franche-Comté, en Midi- Pyrénées, dans la région Centre et en Bretagne étaient plutôt pessimistes sur le sujet.
Quant aux entreprises franciliennes, leurs prévisions d’activité sont en net en recul par rapport à l’an passé et elles sont proportionnellement moins nombreuses à prévoir une hausse d’activité (- 3,4 points).
Des anticipations d’embauche en très légère baisse…
Seules 20,7 % des entreprises interrogées prévoyaient des recrutements au cours de l’année 2005, soit un point de moins qu’en 2004. Sont essentiellement concernées les entreprises de grande taille (rappelons qu’elles sont les plus nombreuses à miser sur une croissance de leur activité). Ainsi 70,9 % des établissements de 200 salariés et plus envisageaient de recruter contre 17,5 % pour ceux de moins de 10 salariés.
Cet écart de prévision entre établissements de différentes tailles tend même à s’accentuer.
… mais pour des profils qui changent
Parmi les établissements prévoyant de recruter en 2005, 47,1 % pensaient embaucher des manoeuvres ou des ouvriers (soit 3,7 points de plus en un an). De plus, 16,7 % envisageaient le recrutement d’agents de maîtrise, de techniciens ou de dessinateurs (2,5 points de plus qu’en 2004).
Les intentions d’embauches d’employés affichaient, en revanche, une légère baisse (-1,8 points) et passaient à 49,2 % des établissements prévoyant d’embaucher.
Stabilisation des intentions de recours à l’intérim
Comme en 2004, 12,1 % des entreprises consultées prévoyaient de recourir à l’intérim en 2005 avec, proportionnellement, en première ligne, les entreprises du BTP (24,9%). Certains secteurs ont très légèrement modifié leurs anticipations par rapport celles qu’ils avaient communiquées pour 2004. Ainsi, les établissements de l’hôtellerie- restauration et des services collectifs envisageaient d’y recourir moins fréquemment en 2005 qu’en 2004 (respectivement -1,6 points et - 0,9 point).
A contrario pour les entreprises du secteur des services aux entreprises (+ 1,5 points).
En résumé
Les anticipations restent partagées et réservées. Elles varient selon la taille et le secteur d’activité des établissements interrogés. Le secteur des services reste le plus dynamique : ses entreprises sont celles qui anticipaient le plus souvent des hausses d’activité.
Plus d’optimiste que l’année dernière, le secteur du commerce n’était pas loin derrière (+ 5 points). Le secteur de la construction présentait, lui, des anticipations contrastées. Ses entreprises sont celles qui prévoyaient le plus souvent de recruter (25 %) et de recourir davantage à l’intérim (25 %) mais aussi celles qui planifiaient le moins d’investissements (8,5 % contre 13 % tous secteurs confondus).
Malgré des perspectives d’investissements en hausse de 2,5 points (14 % en 2005), le secteur de l’industrie apparaît comme déprimé : la part des établissements pessimistes quant à leur activité atteint 18 %, soit autant que celle des optimistes. Ils ne sont que 15,5 % à prévoir d’embaucher.
Prévisions franciliennes
L’Ile-de-France compte onze millions d’habitants. Ses 630 000 entreprises totalisent cinq millions d’emplois. 83 % des salariés franciliens travaillent dans le tertiaire, 12 % dans l’industrie, 5 % dans la construction et 0,3 % dans l’agriculture. La région rassemble également 50 % des cadres français et regroupe la plus grande part des sièges sociaux des grandes entreprises. 26 % des établissements franciliens envisageaient une progression de leur activité en 2005 (attention, ces anticipations divergent d’un secteur à l’autre), 11,6 % prévoyaient d’investir et 23,4 % de recruter. 11,8 % d’entre eux pensaient faire appel à l’intérim au cours de l’année.
(1) Les services aux entreprises : activités informatiques, juridiques, comptables et de conseil de gestion ; nettoyage, gardiennage et sécurité ; autres services aux entreprises. Les services marchands divers : activités financières, immobilières, récréatives, culturelles et sportives ; services personnels. Les services collectifs : formation des adultes et autres enseignements ; santé ; action sociale ; activités associatives et extraterritoriales ; postes et télécommunications.