Depuis 1987, la loi impose aux entreprises de plus de 20 salariés un quota de 6% de salariés handicapés. Toutefois, alors qu’elle a été proclamée il y a plus de 20 ans, les résultats ne sont toujours pas à la hauteur. En effet, même si le taux d’emploi des personnes handicapées a progressé, les entreprises restent dans leur majorité encore loin des 6% fixés par la loi. Pour preuve, le taux de chômage culmine à plus du double de la moyenne nationale. Face à ce constat, IMS-entreprendre a lancé une vaste étude visant à évaluer les stéréotypes de 400 managers issue de grandes entreprises françaises car les comprendre constitue le moyen le plus efficace de les limiter par la suite. Une étude pertinente à un moment où les mentalités commencent à évoluer : accords handicap, forums emploi, ateliers de sensibilisation ou encore la fameuse semaine du handicap en novembre, sont autant de manifestations qui prouvent la volonté des entreprises d’entamer une ère de changement. Focus toutefois sur les stéréotypes qui ont encore la vie dure !
1-Le handicap est globalement perçu de façon négative
Les managers interrogés sur la notion de « handicap » ont pour moitié des termes qu’ils jugent négatifs, 30% des termes jugés positifs et 21% sont neutres.
Ainsi, 44% d’entre eux évoquent d’abord les problèmes et difficultés liés au handicap (accessibilité, exclusion, besoin d’aide, défauts…), 26% les caractéristiques même du handicap (type de handicap, contraintes…), 14% de la place du handicap dans la société (valeurs morales, comparaisons sociales, sphère privée…), 6% du handicap dans l’entreprise (quotas, accord entreprise, aménagements…) et 4% les qualités associées au handicap (sympathie, motivation, courage…).
Ainsi, les managers, bien qu’ils soient interrogés sur le lieu de travail, ont du mal clairement à envisager le handicap dans l’entreprise car seulement 6% des évocations font référence à l’entreprise. Le handicap reste donc encore trop peu associé au monde de l’entreprise dans les mentalités.
En outre, le sujet est encore traité sous un angle « moral », les personnes handicapées étant perçues comme des « victimes ». Il est donc difficile de le placer sur le champ de l’emploi et des enjeux liés au business.
Il est donc nécessaire de la part des entreprises de sensibiliser les salariés et orienter leurs actions vers l’emploi. Il faut impérativement communiquer sur les situations de handicap dans le travail.
2-Une perception caricaturale du handicap et des personnes handicapées
Une réduction au handicap lourd
En premier lieu, les managers ont très peu de connaissance face au handicap dans l’entreprise. Pour exemple, seulement 17% d’entre eux ont pris connaissance du quota obligatoire instauré par la loi !
De plus, le handicap est souvent réduit au handicap moteur, alors qu’il existe une multitude de handicap plus ou moins visible. Ainsi, les managers pensent que 22% des personnes en situation de handicap ont une déficience intellectuelle ou psychique et 12% que les personnes handicapées sont en fauteuil roulant. Ces représentations prouvent que le handicap est réduit à un handicap lourd, difficile à gérer en entreprise.
Le handicap comme inné et permanent
Les managers pensent que 31% des personnes handicapées le sont de naissance. Cette surestimation renvoie au fait qu’ils envisagent davantage le handicap comme quelque chose de permanent plutôt que temporaire, et qu’ils ne réalisent pas que ce sujet peut potentiellement toucher tout le monde.
Une vision erronée du niveau de formation des personnes handicapées
Les managers n’ont pas conscience qu’il existe peu de personnes handicapées diplômées à un niveau bac+3 sur le marché du travail. Ils évaluent le taux à 10% alors qu’il est en réalité de 1,8%. Ainsi, ils ne réalisent pas l’importance de mettre en place des actions de recrutement actif pour intégrer ces personnes.
La diversité des handicaps peu perçue
Globalement, la perception de la multiplicité des types de handicap est très mal perçue. Ils ont tendance à surestimer le handicap sensoriel (auditif et visuel) avec 28% contre 16% en réalité, ainsi que le handicap intellectuel et psychique avec 27% contre 16%. En revanche, ils sous-estiment largement les handicaps consécutifs à une maladie invalidante avec 7% des réponses contre 23% dans la réalité.
Cela confirme que les managers ont une vision plus grave du handicap qu’il ne l’est réellement à gérer.
L’entreprise devrait donc privilégier les messages suivants :
- Multiplicité des handicaps
- Caractère non immanent et permanent du handicap et le fait qu’il puisse apparaître au cours de la vie professionnelle
- Donner des exemples concrets, avec des témoignages de salariés d’entreprises par exemple.
La perception du handicap psychique dans l’emploi
Les managers jugent sévèrement le handicap psychique, puisque le terme associé est celui de « dépressif ». Selon eux, les personnes dépressives poseraient des problèmes de communication dans les équipes de travail, auraient un rendement plus faible et ne seraient pas bien acceptées par leurs collègues.
Voici les notes sur 9 données par les managers sur l’acceptation de tel ou tel handicap entre collègues :
-Diabétique : 7,82
-Asthmatiques : 7,67
-Gens en chaise roulante : 6,80
-Epileptiques : 6,57
-Aveugles : 6,39
-Sourds : 6,17
-Dépressifs : 4,70