Winter is coming in Macronie. Après l’euphorie printanière d’après élection qui avait fait verdir bon nombre d’indicateurs économiques, la tendance semble se rafraîchir en cette fin d’année. Mardi 12 décembre, la ministre du Travail Muriel Pénicaud n’avait ainsi pas que des bonnes nouvelles à annoncer sur le front de l’emploi.
Nous ne sommes guère habitués à voir la nouvelle équipe gouvernementale prise de court, et pourtant : la ministre tout comme les analyses se disent « surpris » par la hausse du chômage en ce troisième trimestre (9,7 %, +0, 2 points), et ce malgré les bons chiffres de la croissance et la confiance en hausse des investisseurs. La Dares en parle même comme d’une anomalie, sans doute « corrigée » au prochain trimestre. A l’heure d’expliquer les causes de ce revirement, ça patine d’ailleurs un peu. La suppression des emplois aidés y a sans doute un peu contribués, aux dires de M. Pénicaud, tout comme les politiques de l’ancienne mandature, qui ont dopé artificiellement les résultats du premier semestre. Le recul actuel n’est donc qu’un « effet correctif », un retour à la réalité « probablement dû à une fin des politique court-termistes ». « C’est assumé : moins de traitement statistique, plus de réformes structurelles. Ca concerne plus du moyen-terme, mais ce sera plus robuste. » Contre mauvaise fortune, bon coeur.
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Autre sujet d’inquiétude : l’impact grandissant du diplôme sur le taux d’emploi. L’écart entre l’insertion professionnelle des profils non-diplômés et des plus hauts-diplômés s’accroit, en particulier depuis 2008, faisant de la France une exception au sein de l'Union européenne. « On a circonscrit le problème », estime Xavier Timbeau (Directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques). « Les jeunes sans diplôme sont moins nombreux mais ont de plus grandes difficultés. » En cause : l’automatisation et la mondialisation des emplois les moins qualifiés, mais surtout le fort taux de chômage qui provoque un « phénomène de file d’attente » qui met en compétition pour un même poste des profils aux niveaux d’études différents.
Ce « risque énorme pour la cohésion sociale » selon les mots de la ministre, valide non seulement la refonte prochaine des emplois aidés ainsi que les discutions en cours pour réformer la formation professionnelle. « Ca confirme l'absolue nécessité de mettre l'accent sur les compétences. »