Le Laboratoire de l’égalité et Mediaprism a organisé au Conseil économique, social et environnemental les premiers États Généraux de l’Égalité. L’occasion idéale pour les Français-es de livrer leur perception sur l’égalité femmes-hommes en 2013. Globalement beaucoup reste à faire à leurs yeux, dans un pays qu'ils jugent sévèrement par rapport à ses voisins européens. La vie professionnelle leur semble ainsi encore largement entachée d'inégalité. Une certaine ambivalence caractérise les représentations : elles évoluent, mais parfois persistent dans les stéréotypes sexistes. Enfin et surtout, l'enjeu égalitaire n'est pas perçu comme relevant d'une quelconque « guerre des sexes », mais bien d'un bénéfice collectif profitant à tous, dans tous les domaines de la vie sociale et économique. A bon entendeur !

Les inégalités femmes-hommes : les français-es se disent préoccupés

Les Français manifestent une inquiétude assez générale et portant sur des sujets divers. En tête de leurs préoccupations viennent les sujets économiques et sociaux. La crise économique et sociale est citée comme préoccupante par 89% des interrogés, le système de soin, la maladie, la santé au même niveau, juste devant la baisse du pouvoir d'achat (88%) et l'emploi, le chômage (86%). Dans ce contexte, les inégalités entre les femmes et les hommes (salaires, partage des tâches ménagères) arrivent derrière avec 67% des Français qui se disent préoccupés. Au-delà de l'effet de relativité induit par la présente situation de crise économique, les deux tiers des Français s'en inquiètent (un quart sont même très préoccupés à ce sujet). Témoins ou victimes d'inégalités, les Français peuvent constater que celles-ci persistent.

Des élites perçues comme en retard sur la société

De façon assez spectaculaire, les Français jugent que les classes dirigeantes sont celles qui accusent le plus grand retard dans la diffusion de l'égalité femmes-hommes : les leaders d'opinion en sont éloignés pour 74% des interrogés, le domaine politique pour 71%. À l'autre bout du classement, le monde associatif, profondément enraciné dans la société, est jugé proche de l'égalité femmes-hommes pour 82% des Français.

Des tendances connues mais une réalité qui reste surprenante

Là encore, la France dirigeante et officielle n'est pas épargnée : 75% ne se disent pas surpris de ce que la part des femmes dirigeantes au sein des sociétés du CAC 40 soit très faible (13%), 71% de ce qu'un député sur quatre seulement soit une femme, 67% de ce que moins d'un maire sur sept soit une femme. À l'inverse, la moitié d'entre eux se disent surpris de l'écart très important de retraite entre les femmes et les hommes (932 euros pour les unes, 1603 euros pour les autres). De même, 45% des interrogés n'avaient pas conscience du fait qu'en France, aujourd'hui, trois femmes meurent chaque semaine sous les coups de leur compagnon.

Enfin, concernant les stéréotypes sexistes, la conscience de la situation paraît assez bien partagée : 79% des Français estiment que filles et garçons sont confrontés dès l'enfance à une vision stéréotypée des sexes via les livres, les manuels scolaires, les médias, la publicité.

Cela dit, corriger les inégalités filles-garçons dès l'école ne signifie pas nécessairement uniformiser  'enseignement : pour 55% des interrogés, l'éducation d'une fille et celle d'un garçon doivent être souvent identiques quoique nécessairement différentes sur certains points.

Des pas franchis mais la France reste en retard

Les Français sont très majoritaires (91%) à estimer qu'un chemin important reste à parcourir afin que femmes et hommes jouissent des mêmes droits. Notons aussi que les combats féministes d'il y a quarante ans, qui ont permis de faire bouger une situation très pénalisante, sont toujours d'actualité pour 73% des interrogés. Pour autant, il ne s'agit pas d'une guerre des sexes opposant femmes et hommes : 60% des Français jugent en effet que la condition des femmes a évolué grâce au soutien des hommes. La promesse égalitaire reste à compléter : si, pour 87% des interrogés, filles et garçons ont aujourd'hui les mêmes chances de réussir dans leurs études, ils ne sont plus que 51% à le penser s'agissant de la réussite professionnelle. Conséquence logique, près de 8 Français sur 10 jugent que leur pays est en retard par rapport aux autres pays européens. La dynamique en œuvre pour combler ce retard les laisse sceptiques : ils sont 40% à penser que les inégalités se réduisent, 36% à déclarer ne pas savoir et 24% à déplorer qu'elles s'accentuent.