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Economie circulaire : pourvoyeuse d’emplois recyclés ?

03/05/2021

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Après l’inconscience consumériste des Trente Glorieuses, l’Homme semble atteindre l’âge de raison. Production et consommation se veulent aujourd’hui raisonnées et raisonnables ; le consommateur rejette sa passivité d’antan pour devenir « consomm’acteur ».

Suite logique de toute cette bonne volonté, l’économie circulaire a le vent en poupe et constitue une mine (inépuisable, elle) d’emplois.

C’est l’histoire de la vie, le cycle éternel

Le mode de consommation actuel pose deux soucis sur le long terme : l’épuisement irréversible des réserves en matières premières et l’accumulation exponentielle des déchets.

En s’engageant dans une transition écologique lors de la conférence de Rio en 1992, la France s’est engagée à réfléchir à ces deux problématiques. Il a toutefois fallu attendre le 17 août 2015, date de la promulgation de la Loi de transition énergétique, pour que la notion d’ « économie circulaire » fasse officiellement son apparition. Conceptualisée au début du XXIè siècle face à la montée parallèle des prix des matières premières et des préoccupations environnementales, elle consiste à « dépasser le modèle économique linéaire » et « fermer la boucle » de la consommation.

En clair, il s’agit de sortir du cycle de vie classique d’une ressource (l’extraire, la transformer, la consommer et la jeter) pour parvenir à une consommation durable et responsable. L’économie circulaire englobe donc plusieurs types d’activité, parmi lesquels le recyclage (traitement) bien sûr, mais également la location (optimisation), la réparation (lutte contre l’obsolescence programmée) et le commerce de proximité (réduction des transports et intermédiaires).

Contrairement au recyclage, l’économie verte n’intervient donc pas qu’en fin de parcours, mais tout en long de la vie du produit. Il s’agit donc non plus uniquement de concevoir des produits faciles à recycler, mais surtout susceptibles d’être réutilisables, réparables, démontables.

Impact sur l’emploi

Contrairement à l’économie verte dont les contours sont parfaitement délimités [voir notre article sur le sujet dans ce même numéro], le périmètre de l’économie circulaire est encore flou, rendant difficile l’estimation des professionnels concernés. L’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) liste cependant sept secteurs que sont : l'approvisionnement durable, l'écoconception,  l'écologie industrielle et territoriale,  l'économie de fonctionnalité,  la consommation responsable,  l'allongement de la durée de vie des objets, le recyclage et la valorisation des déchets.

En se fondant sur cette définition, on peut estimer le poids de l’économie circulaire à 800 000 emplois ETP (équivalents temps plein).

Nombreux sont cependant les spécialistes à souligner le formidable développement auquel est promis le secteur au cours des prochaines années, porté à la fois par un accroissement de la demande et l’adaptation des technologies.

L’uberisation est ainsi une formidable opportunité qui, en mettant les particuliers directement en relation les uns avec les autres,  favorise le raccourcissement des canaux de consommation, les réparations et locations. Il est donc possible, bien que difficile à évaluer, que les emplois circulaires de demain découlent d’une professionnalisation des « employés du dimanche » qui caractérise aujourd’hui les services entre particuliers.

Néanmoins, la hausse des effectifs proviendra également des « réallocations sectorielles » entre les activités gourmandes en matières premières (en recul) et celles qui visent à en réduire la consommation. Une redistribution aussi durable que les modes de consommation qu’elle défend, puisque les emplois dont il est question ne sont pas délocalisables.

De quoi justifier, les associations l’espèrent, un changement d’attitude auprès des responsables politiques. on dénonce un recul du petit artisanat de proximité, rarement valorisé dans les cursus scolaires. Aussi, faute de cordonniers, de couturiers, de menuisiers, il reste difficile de motiver les consommateurs à réparer plutôt que jeter alors que la poubelle de la cuisine est si près.

Les Français et la réparation

Les Français sont de bons élèves ; c’est en tout cas ce que semble indiquer un sondage « Les Français et la réparation des objets ». En effet, s’ils sont conscients des mauvaises habitudes prises en matière de junk consommation, ils sont 81 % à décréter faire attention et ne pas jeter systématiquement un objet défaillant.

Et d’ajouter qu’il est « très compliqué de construire un réflexe de réparation ». Seuls 23 % de répondants reconnaissent d’ailleurs réparer « chaque fois que c’est possible ».

La tendance est à la lutte contre le gaspillage, à une rationalisation d’un système de consommation hystérique, comme c’est toujours le cas en période de crise économique. En clair, le « jetable » est has been : 78 % des sondés disent prendre en compte le caractère réparable d’un produit lors de l’acte d’achat, pour des raisons aussi bien économiques qu’idéologiques. Parmi les objets les plus réparés : les voitures (43 %), les ordinateurs (42 %) et les objets électroménagers (35 %).

En revanche, les téléphones portables restent des joujoux dont on aime à posséder la dernière version ; seuls 12 % sont réparés. La faute à un manque de points de réparation ? Il est vrai que rares sont les interlocuteurs qui, en boutiques, proposent autre chose qu’un remplacement pur et simple.

Loin d’un automatisme, la réparation s’apparente donc toujours à une mode, un état d’esprit des adeptes de la « société du slow » et du « do it yourself ». De quoi expliquer que 82 % des répondants disent exprimer de la fierté en s’adonnant au bricolage.  Il convient de souligner également que réparer signifie reprendre le contrôle face à la très commentée obsolescence programmée dictée par les industriels.

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