Le rapport Rapport d’information de M. Éric Bocquet, sénateur du nord, souligne que depuis 2006, le nombre de travailleurs détachés en France a été multiplié par 4, passant de 37 924 salariés à 144 411 en 2011. Les deux derniers exercices ont d’ailleurs été marqués par une hausse du nombre de détachements de 30 %. Il existe à cet égard, un incontestable effet « élargissement de l’Union européenne ». Les principaux secteurs concernés sont ceux de la construction (un tiers des travailleurs détachés), de l’industrie (25 % des travailleurs détachés) et du travail temporaire (20 %). On constate une explosion du nombre de recours aux travailleurs détachés au sein du bâtiment et des travaux publics : 63 659 en 2011 contre 5 865 en 2008. Le secteur de l’agriculture attire également de plus en plus de travailleurs détachés : une augmentation du nombre des déclarations de 58 % a été enregistrée entre 2010 et 2011.
Les détachements provenant de pays membres de l’Union européenne avant 2004 et ceux de « nouveaux États membres » ne relèvent pas de la même nature. Les premiers se concentrent essentiellement dans le secteur des entreprises de travail temporaire quand les seconds privilégient le bâtiment et les travaux publics.
L’ampleur du détachement de travailleurs étrangers en France demeure néanmoins délicate à évaluer, faute de respect par toutes les entreprises de la procédure de déclaration préalable. Le ministère du travail estime ainsi entre 220 000 et 300 000 le nombre de salariés « low
cost », à bas coût, présents sur le territoire français, sans avoir fait l’objet d’une déclaration et rémunérés dans le meilleur des cas selon le principe du pays d’envoi.
En période de crise ce chiffre devient un réel problème politique tant il peut générer au sein de la population le sentiment d’une captation des emplois par des salariés étrangers forcément moins coûteux.