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Créations et destructions d’emplois en France en 2013

26/05/2014

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Mardi 20 mai 2014 – Hôtel Intercontinental Paris Le Grand

Intervenants :

Michel Ghetti Président de F/I/E

Claude Bodeau Associé chez Kurt Salmon, en charge de la  PracticeRH-Managment - Membre du comité de Direction France.

 

Le marché de l’emploi subit de plein fouet les effets de la crise de 2008-2009. Le bilan morose de l’année 2013 souligne une diminution des destructions d’emplois, mais les créations n’augmentent pas pour autant. Les récents associés, F/I/E et Kurt Salmon, ont réalisé la 5ème édition de l’étude « Créations et destructions d’emplois en France 2013 ». Rappelons que France Industrie & Emploi est un cabinet de conseil en ressources humaines et en marketing. Quant à Kurt Salmon,c’est un cabinet de conseil en transformation des entreprises. Au début de l’année 2013, ils ont signé un partenariat afin d’accompagner les entreprises dans leur stratégie de redéploiement. Cette étude s’intéresse aux principales tendances, en termes d’emploi, constatées en 2013 dans l’industrie et les services. 

La création d’emploi en berne quelque soit l’activité :

Quelques chiffres …

Contrairement à 2012, les créations d’emplois diminuent et ne compensent plus les destructions. En 1 an, le nombre de création sa connu une baisse de 18% selon Michel Ghetti, Président de F/I/E. Le secteur industriel est le plus touché avec une chute de 40% :«Ce qui est problématique, c’est que ce résultat est égal à celui pendant la crise de 2008 », explique-t-il. Quant aux services, le pourcentage de créations d’emplois (68%) est en hausse comparé à 2012. Malgré cet aspect positif, « les services ne compensent pas l’industrie ».

Les principales activités créatrices …

Les projets liés aux activités de commerce connaissent la plus forte progression, suivies de près par le secteur de l’énergie avec le programme de GDF Suez notamment. Quant à l’aéronautique, il est bien connu que ce secteur recrute. Grâce aux importantes commandes des compagnies aériennes, il prend la tête des secteurs les plus créateurs. Le secteur public bénéficie de création de postes dans l’Enseignement, avec 60 000 emplois prévus, et 2000 postes chez Pôle Emploi. D’autres secteurs sont plus tournés vers l’international, ce qui est le cas pour les projets de développement de certains grands groupes. Ceux-ci font effectivement plus de 80% de leur chiffre d’affaires hors de France.

Accalmie dans la destruction d’emplois :

En quelques chiffres …

L’augmentation des destructions d’emplois, sur la période 2009-2013, confirme que la France est installée dans la crise. Si on compare uniquement les années 2012 et 2013, le nombre de projets ayant généré des destructions d’emplois a diminué de 13%, s’établissant à 1 290 projets. « Après le courant de restructuration de 2011-2012, il y a moins de destruction. Mais, un niveau record de défaillances d’entreprise est enregistré. Ceci impacte l’activité et la vie économique », ajoute Michel Ghetti. Ce ralentissement concerne uniquement les entreprises de plus de 10 salariéset s’explique par une part importante de projets en liquidations judiciaires.Cela concerne 69 000 sociétés dans son ensemble.

Les principales activités destructrices …

Le secteur de la construction arrive effectivement en tête avec la plus forte hausse (+121%).  A cela s’ajoute les destructions d’emplois dans l’industrie, s’élevant à 46%. « Malgré le volontarisme politique français, c’est irréversible. Il faudrait avoir une politique publique avec un interventionnisme étatique, mais dans le contexte actuel cela semble impossible », précise Michel Ghetti. Le secteur des services commence à suivre les traces de l’industrie. Concernant les activités commerciales, 13 000 faillites sont constatées pour l’année 2013. Le grand gagnant est alors le secteur public, il a perdu moins d’emplois comparé aux années précédentes. 

Des nuances selon les régions :

Les régions créatrices…

L’étude permet de nuancer les données obtenues selon les régions. L’Ile-de-France arrive évidemment en tête du top 5 des régions les plus créatrices, avec plus de 24 000 emplois créés. Les régions Midi-Pyrénées et Pays-de-la-Loire sont les plus concernées par le développement de l’aéronautique et de l’emploi public dans l’Enseignement. Quant à la Bretagne et la région Rhône-Alpes, elles concluent ce top 5 par leur dynamisme. Qualifiées de « riches », ces régionssont pourtant celles qui subissent le plus grand nombre de pertes d’emplois. Comme le rappelle Michel Ghetti, «les régions les plus créatricessont généralement les plus destructrices. »Les projets de création d’emplois aujourd’hui sontuniquement de petites ou moyennes tailles :« Il n’y a plus de grandes implantations »,détaille-t-il.

Les régions destructrices

La région Centre est considérée comme la plus destructrice. Les régions les plus industrialisées, comme le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne Ardenne ou encore la Haute-Normandie, souffrent davantage de la crise, le secteur industriel étant en déclin. L’Alsace est, quant à elle, dans une situation particulière. Elle est moins impactée par la crise puisqu’elle tire son dynamisme des entreprises allemandes. Cette situation est néanmoins à double tranchant car elle commence à perdre des emplois au profit de son voisin.

Solutions : Réduction des effectifs ou fermetures ? Relocalisation ?

En temps de crise, deux questions se posent : faut-il réduire les effectifs ou faut-il fermer le site ? Il y a le choix entre le compromis et le radicalisme. En 2013, le pourcentage de la réduction d’effectif est de 87% et il concerne 45% des emplois détruits. Le nombre de fermetures, s’élevant à 13%, est moindre et correspond à 55% de la part des emplois détruits. Les projets de réduction des effectifs sont une des raisons du ralentissement des destructions d’emplois. Ils sont répartis sur plusieurs régions et ne concernent que les grands groupes et quelques ETI. La Loi Florange, obligeant la recherche d’un repreneur en cas de projet de fermeture d’un établissement, n’a donc pas eu les effets dissuasifs escomptés sur les entreprises en difficulté et celles quittant le territoire. De plus, les projets de relocalisation, bien que soutenus par les pouvoirs publics, ne constituent pas une véritable hausse des créations d’emplois (1% pour les entreprises de plus de 10 salariés). 

Des projets à ou avec l’étranger ?

Les investissements étrangers en France sont essentiels pour l’économie du pays. L’Allemagne, deuxième investisseur direct derrière les Etats-Unis, reste un partenaire historique et participe à la création d’emplois sur le territoire français (27%). L’Hexagone perd de l’intérêt aux yeux des investisseurs étrangers, d’où une diminution des IDE (investissements directs à l’étranger) depuis 2009. Les groupes étrangers préfèrent privilégier les investissements sur les sites existants ou s’implanter sur les marchés émergents. Les projets de création de sites chutent fortement (44% à 33%), ce qui confirme la primauté des projets endogènes. L’attractivité de la France est en berne ! Selon Claude Bodeau, la situation du pays est risible vis-à-vis des autres. Michel Ghetti ajoute que le « millefeuille» est nuisible pour les projets d’implantation d’entreprises.

Situation critique pour l’innovation

L’année 2013 ne rassure pas le secteur de la recherche et du développement. Certes, grâce au crédit d’impôt recherche, la R&D est créatrice d’emplois. Cependant, « c’est la première année que le secteur créé moins d’emplois qu’il n’en perd » explique Claude Bodeau. La création d’emplois est passée de 6600 à 1000 entre 2012 et 2013. Le nombre d’emplois programmés dans la R&D diminue fortement, 1000 sont prévus en 2013 contre 6600 en 2012. C’est une menace potentielle pour l’attractivité et l’innovation. Ce sont aujourd’hui l’ensemble des régions françaises qui doivent prendre le relais de l’Ile-de-France en matière de R&D industrielle. Désormais, la région PACA bénéficie d’un taux de R&D élevé, suivie de près par la région Midi-Pyrénées.

Un problème majeur : la revitalisation

Pour Michel Ghetti, la revitalisation est un problème important. Issue de la loi du 18 janvier 2005, l’obligation de revitalisation instaure une responsabilité sociale des grandes entreprises vis-à-vis des territoires où elles sont implantées.Les entreprises de 1000 salariés et plus, procédant à des licenciements pour des raisons économiques et affectant le bassin de l’emploi concerné, ont l’obligation de contribuer à la création d’activités. Les entreprises de 50 à 1000 salariés, qui effectuent des licenciements collectifs affectant l’équilibre du territoire où elles sont implantées, peuvent également volontairement contribuer à la revitalisation des territoires. 

Pour Michel Ghetti, subventionner des emplois et donner des fonds, n’est pas nécessaire. « Il faut laisser les banques faire leur métier, c’est à elles de donner les fonds. La revitalisation devrait, dans ce cas, être tournée vers l’exogène »,explique-t-il. De plus, les PME sont fortement atteintes. La solution, selon lui, serait de se pencher « sur la relation entre les grands donneurs d’ordre et les PME au sujet d’un co- développement ».

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