En lancement de la Climate Week et comme pour annoncer le One Planet Summit de mardi, Nicolas Hulot s’est rendu au Medef pour discuter changement climatique avec les dirigeants de grandes entreprises françaises. Une rencontre inattendue à première vue, mais qui visait à souligner le rôle stratégique des entreprises et des actifs dans la lutte pour la préservation de la planète.
« Quelque chose a changé. » Le constat du Ministre de la transition énergétique Nicolas Hulot ne porte pas sur l’ironie de la situation et pourtant : l’ancien activiste vert s’étonne et se félicite de pouvoir aujourd’hui se rendre au cœur de la sphère business, le siège du Medef, pour parler changement climatique avec les grands dirigeants français. Preuve qu’à l’instar de son nouveau costume, l’écologie est devenue présentable –voire incontournable– dans les milieux d’affaires. « Nous ne sommes plus dans l’épaisseur du trait. »
N. Hulot et P. Gattaz se rejoignent sur un point : « le temps n’est plus au débat, il est à l’action. » Fini donc les engagements de principe et place aux objectifs et résultats chiffrés. D’où la signature d’un document, le French Business Climate Pledge, par lequel 91 entreprises de renom (Danone, Aéroports de Paris, Total, entre autres) s’engagent à réduire leurs émissions, à faire appel à la finance durable, à choisir leurs fournisseurs et sous-traitants selon des critères verts…
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Si la base est celle du volontariat, le ministre souhaite y voir un changement des mentalités. « Je ne voudrais pas passer d’un pessimisme chronique à un optimisme béat. C’est un premier acquis qui augure –je l’espère– d’une semaine prolixe », déclare ainsi N.Hulot qui a profité de cette bonne volonté témoignée actuellement par les entreprises pour pousser sa chance et annoncer la rédaction d’un « Green New Deal » qui posera pour chaque secteur d’activité les conditions de la neutralité carbone. En parallèle, le ministre travaille actuellement aux côtés de Bruno Lemaire et Muriel Pénicaud sur une évolution de l’objet social des entreprises tel que défini dans le Code Civil. Celui-ci inclura le principe de solidarité, afin d’extraire cette dernière de la seule sphère de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Plus pragmatique encore : l’annonce de nouveaux contrats, appelés « contrats de transition », visant à accompagner les salariés des secteurs polluants ou obsolètes vers les métiers d’avenir. Le tout, en s’appuyant sur la réforme à venir de la formation professionnelle continue annoncée pour le premier semestre 2018. « Si nous anticipons bien, si nous planifions bien, il y aura plus de gagnants que de perdants », prévoit N. Hulot qui promet d’éviter toute « brutalité sociale ». « Dans la forêt, on entend l’arbre qui tombe mais pas les milliers d’arbres qui poussent. Moi, je commence à les entendre. »
[Photo : compte Twitter de Nicolas Hulot]