Dans un Pôle Emploi du 93, c’est l’histoire d’une équipe de quarante agents qui font face à quatre mille demandeurs d’emploi. Samia, Corinne, Thierry, Zuleika doivent soutenir et surveiller, faire du chiffre, obéir aux directives politiques et aux injonctions de communication, trouver du travail là où il n’y en a pas. |
Ils se voudraient petite fées du social ; ils sont en réalité les champions du casse-tête, pris en tenailles entre un marché du travail toujours plus avare en offres et une masse de demandeurs d’emploi de plus en plus nombreuse, obligés de jongler entre des procédures rigides et la grande variétés des situations individuelles. Ils sont, bien malgré eux, les ambassadeurs d’un échec, les visages du chômage. Eux, ce sont les employés des centres Pôles Emploi auxquels Nora Philippe consacre son dernier documentaire.
Pendant trois mois, celle-ci a posé sa caméra au centre Pôle Emploi de Livry-Gargan, petite commune de la banlieue parisienne où se côtoient hommes et femmes de situations et origines très diverses. Autrement dit, un terreau des plus fertiles pour la mission que s’est fixée cette jeune cinéaste, qui est de montrer, de la manière la plus neutre et la plus fidèle qui soit, le quotidien des employés. L’angle est donc inédit : pour une fois, le demandeur d’emploi n’est pas au centre du débat. Et cela change tout ! Exit le potentiel misérabilisme ou le sempiternel exposé sur la précarité ambiante ; si les protagonistes luttent, c’est contre des montagnes d’obscures acronymes et des procédures « simplifiées » dont le seul énoncé donne la migraine. Le spectateur assiste ainsi à des situations qui –surprise ! – sont extrêmement drôles. « Les agents […] sont aux prises avec des systèmes qui les dépassent totalement, sur lesquels ils n’ont pas la main, et qui les empêchent au fond de remplir leur mission, c’est-à-dire de trouver du boulot aux demandeurs d’emploi. […] Face à ce genre de situations, soit on devient profondément dépressif ou désengagé, soit on opte pour l’humour », explique la réalisatrice. Si les deux cas de figure sont présentés au public, il faut souligner que le drôle l’emporte souvent sur le drame et que les employés font preuve d’un sens de la répartie tout simplement jouissif.
A l'issu du visionnage, le spectateur ressort donc avec l'impression d'avoir découvert une autre facette d'un service qu'il pensait pourtant connaître par coeur (ce n'est pas faute de le voir souvent évoqué dans les médias, ces derniers temps !). Il y a donc fort à parier que vous ressortirez de la séance avec une affection toute particulière pour cette profession.
POLE EMPLOI, NE QUITTEZ PAS ! - Bande-annonce VF par CoteCine