La mobilité est une nécessité enrichissante. Rencontre avec Philippe de Lamarzelle, responsable de la division fonds propres et pilotage prudentiel du groupe Crédit Agricole.
Vous êtes dans le secteur bancaire et dans la même société depuis plus de 35 ans… Aujourd'hui, on parle beaucoup de mobilité géographique et de la nécessité d'avoir peut-être à exercer plusieurs métiers au cours de sa vie professionnelle.
La situation a-t-elle beaucoup changé par rapport à l'époque où vous avez débuté ? Pensezvous qu'il soit aujourd'hui encore possible de faire toute sa carrière au sein de la même entreprise ? Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rester auprès du même employeur ?
Philippe de Lamarzelle : La situation a effectivement beaucoup changé depuis l'époque où j'ai débuté. Le groupe dans lequel j'ai fait ma carrière s'est fortement développé par croissance externe et interne en France et à l'étranger.
Il s'est en outre profondément diversifié vers de nouveaux métiers. A ses activités d'origine de collecte de l'épargne et de distribution du crédit en zone rurale, se sont ajoutées la gestion d'actif, l'assurance, la banque d'investissement et de financement, la gestion privée.....
La construction du groupe bancaire universel d'aujourd'hui m'a ouvert de multiples opportunités que j'ai pu saisir grâce à la formation reçue et aux compétences acquises dans des environnements très divers. Dans ce même groupe, j'ai eu six employeurs. La stabilité apparente s'est accompagnée d'une réelle mobilité.
Vous avez été amené à occuper plusieurs postes en France et à l'étranger. Quels ont-ils été ? Quels bénéfices avez-vous retiré de ces différentes expériences et quelles surprises, bonnes ou mauvaises, avez-vous pu avoir?
P. de L. : J'ai débuté ma vie professionnelle dans l'organisation et le management des crédits successivement dans deux banques régionales.
J'ai ensuite élargi mes connaissances à tous les métiers de la finance en étant auditeur puis chef de mission au sein de l'inspection générale et l'audit du groupe. Puis, j'ai mis en pratique l'expertise acquise dans les fonctions d'inspecteur général d'un fonds de développement au Cameroun et de directeur général d'une banque au Togo.
J'ai enfin rejoint la direction de la gestion financière du groupe où depuis plus de dix ans je participe à la gestion des fonds propres et au pilotage de leur affectation en fonction des risques. Les bonnes surprises de ce parcours ont toujours été les femmes et les hommes qui m'ont permis de réaliser les projets confiés.
Les mauvaises surprises ont été les situations irrémédiablement compromises auxquelles j'ai été confronté.
Vous qui connaissez bien le monde de la banque, pouvez-vous nous dresser un bref bulletin de santé du marché de l'emploi dans ce secteur.
Est-il aujourd'hui synonyme d'avenir et quels sont, selon vous, les métiers dont la profession a le plus besoin et/ou ceux dont elle pourrait manquer à court terme ?
P. de L. : L'activité financière, qu'elle soit exercée dans des groupes internationaux diversifiés ou dans des établissements spécialisés nationaux, offre dés aujourd'hui de nombreuses opportunités.
Dans les deux prochaines années, le rééquilibrage de la pyramide des âges spécialement dans les réseaux de distribution va créer des besoins importants de commerciaux de tous niveaux.
Par ailleurs, la multiplication des montages financiers complexes de financement ou d'investissement continue d'offrir des perspectives prometteuses aux ingénieurs. Enfin la recherche de la transparence de l'information, le respect de la conformité aux meilleures pratiques de gestion et à la déontologie ouvrent de bonnes perspectives aux organisateurs, aux juristes et à ceux qui se destinent aux activités de contrôle et d'audit.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune diplômé qui chercherait à intégrer le monde de la banque aujourd'hui.
P. de L. : Je crois qu'il faut cultiver obstinément trois qualités universelles de savoir-être : « Confiance », « Responsabilité », « Liberté ». Confiance, fondement de la banque, nécessaire à toute relation humaine. C'est la base de toute action et le vecteur de toute réussite. La confiance en soi sans présomption, permet d'oser exprimer ses talents.
La confiance dans les autres est nécessaire pour agir ensemble de façon solidaire et efficace. Responsabilité de l'accomplissement des missions confiées, des initiatives prises et des résultats obtenus. Elle suppose discernement de ses forces et de ses limites, respect de la parole donnée, reconnaissance de ses erreurs et volonté de les corriger.
Liberté d'être différent dans le respect d'autrui pour être un vecteur de valeur ajoutée disponible et recherchée, de saisir les opportunités et être autant que possible l'acteur de ses choix, grâce aux compétences acquises et à une mobilité choisie.
Pour le reste, les métiers évoluent, se transforment et disparaissent. La stabilité de l'emploi particulièrement dans le secteur financier dépendra de façon croissante de la capacité à évoluer dans des environnements de plus en plus changeants et incertains.