Vous en parlez depuis des années, vous avez réussi à convaincre votre famille, vous avez défini votre projet professionnel…Vous allez quitter Paris pour mener une vie plus sereine en province. Le salon Provemploi, qui se tient chaque année à Paris la première quinzaine d’octobre, est fait pour vous : tout y est prévu pour proposer des solutions aux parisiens motivés par un départ de la capitale. Entretien avec Antoine Colson, directeur associé et organisateur du salon.

Recrut.com : Quelles motivations vont ont poussé à mettre en place cet évènement ?

Antoine Colson : Tout est parti d’un constat sans appel : celui de l’appétit de mobilité des franciliens. Qu’il s’agisse d’une volonté de retrouver sa région d’origine ou d’en choisir une nouvelle pour y voir grandir ses enfants, nombreux sont les actifs qui désirent exercer leur profession loin de Paris. D’ailleurs, ce mouvement ne date pas d’hier puisque, depuis les années 70, le solde migratoire est négatif en Ile de France. Avec près de 200.000 départ par an pour seulement 100.000 arrivées, la région ne maintient son nombre d’habitants que grâce à un grand nombre de naissance. Globalement, on vient à Paris pour faire ses études, y trouver son premier emploi, y acquérir sa première expérience, puis, on quitte la capitale pour trouver un meilleur cadre de vie lorsque l’on est suffisamment expérimenté.

Recrut.com : Le salon s’adresse donc à tous ceux que ce choix de quitter Paris tenterait ?

Antoine Colson : Parfaitement, nous visons à les aider à organiser leur départ. Pour certains, si l’envie est bien là, de multiples freins retardent le départ ou même sa prise de décision. Le salon Provemploi est là pour leur présenter les dispositifs mis à leur disposition : de l’aide à la recherche d’emploi, grâce à la présence d’entreprises locales et de grands groupes implantés sur tout le territoire, à celle de l’organisation du départ (déménagement, aides financières…). Enfin, nos visiteurs peuvent avoir accès à des informations sur les franchises et la création d’entreprise. La principale angoisse étant bien sûr : « Vais-je trouver un emploi qui me permettra de faire vivre ma famille ?»

Recrut.com : Ce salon est sans équivalent ; comment est-il perçu par les entreprises ?

Antoine Colson : En effet, à ce jour, nous sommes les seuls à proposer cet ensemble de services aux parisiens qui souhaitent partir. Et les entreprises sont au rendez-vous ! Beaucoup de PME ainsi que des grands groupes sont présents chaque année sur le salon et concluent près de 200 embauches par an. A l’issue de leur passage à Provemploi, les visiteurs sont rassurés puisque près de 40 % d’entre eux partent dans les 6 mois. Parmi les 60 % qui restent, beaucoup sont encore en phase de recherche, en quête d’informations.

Recrut.com : Quelles sont les régions les plus attirantes pour les parisiens ?

Antoine Colson : L’an dernier, nous avons noté un regain d’intérêt pour les régions du Sud-Ouest : Rhône-Alpes, PACA et Toulouse ont un succès indéniable. Mais seuls 20 % des visiteurs sont fixés sur leur futur lieu de vie. Ce qui détermine souvent le choix du lieu de vie est le bassin d’emploi de la région.

Recrut.com : Quels sont les postes les plus en tension en province ?

Antoine Colson : Principalement des métiers du tertiaire et des fonctions support. 80 % des emplois dans l’informatique sont concentrés dans la région parisienne et les entreprises de province ont du mal à trouver des candidats dont le profil est adapté à leurs besoins. De la même façon, les régions manquent de managers commerciaux et d’ingénieurs.

Recrut.com : Les exigences professionnelles vous semblent-elles être les mêmes en province et à Paris ?

Antoine Colson : Oui ! A cela près que, ce que les entreprises provinciales recherchent auprès des parisiens, c’est l’expérience, la technique. Nous rappelons cependant aux visiteurs du salon, qu’ils n’oublient pas de considérer la problématique de différentiel de salaire. Il est bien évident que les salaires sont moins élevés en province, ce qui est généralement compensé par un niveau de vie également moins élevé. Cependant, les écarts sont significatifs entre les différentes régions françaises.

Recrut.com : Provemploi est un salon emploi ; comment les candidats et les recruteurs s’entendent-ils ?

Antoine Colson : Le salon est le lieu de la première prise de contact entre les entreprises et les candidats ; c’est pourquoi nous recommandons à ces derniers de venir avec leur CV et en ayant préparé leur rencontre. Leur projet professionnel doit être défini pour être le plus efficace possible lors de leur visite.

Recrut.com : Un conseil pour ceux qui envisagent de partir ?

Antoine Colson : D’abord, avoir fait un très sérieux point familial sur la décision de quitter Paris. Ensuite, évaluer tout ce que l’on est près à perdre en partant. Enfin, il faut choisir : veut-on poursuivre dans son secteur professionnel ou au contraire, envisage-t-on une reconversion ? Dans le cas de création de société, le risque est plus important et une étude de marché local s’avère indispensable. Ce travail de préparation conclu, il faut foncer et ne plus regarder derrière soi ! Provemploi propose d’ailleurs des outils dans ce sens. Si la majorité des visiteurs visent à poursuivre leur vie professionnelle dans le même secteur et parfois sur le même poste, certains exemples font rêver ! Dans le Cantal, 5 ans après leur installation, 50 % des parisiens néo-ruraux gagnent leur vie grâce à leur nouvel emploi !