En dépit de la loi du 11 février 2005 pour "l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées", le taux de chômage des travailleurs handicapés était de 19% en 2020, un chiffre bien plus élevé que la moyenne nationale établie à 10% (source : INSEE).
Quant au quota légal de 6% de salariés handicapés à respecter par les entreprises de 20 salariés et plus, si le public s’en approche, le secteur privé a encore des efforts à faire.
Et si l’alternance permettait de faire concilier handicap et insertion ?
Le manque de qualification : le pire de tous les handicaps
Si les personnes handicapées souffrent souvent des a priori des recruteurs, leur manque de formation freine également leur insertion professionnelle. 80 % des travailleurs handicapésont un niveau de qualification inférieur au baccalauréat (contre 56% dans la population générale).
Problème identique pour les demandeurs d’emploi reconnus handicapés lorsque l’on constate que 66% des inscrits à l’AGEFIPH n’ont pas le bac pendant que 83% des offres recherchent des Bac+3 et plus. Il existe un véritable souci d’adéquation entre la demande et l’offre…
La sous-qualification des personnes en situation de handicap est liée à plusieurs phénomènes :
- Un parcours scolaire difficile.Une partie trop importante d’entre eux n’a pas accès aux filières classiques de scolarité, une autre a un parcours ponctué d’hospitalisations et enfin la problématique du handicap peut engendrer des difficultés psychologiques susceptibles de gêner les apprentissages.
- Un manque d’information.Les élèves en situation de handicap sont trop peu informés sur les filières de formations disponibles et sur les dispositifs d’accueil qui leur sont destinés dans les établissements supérieurs et dans les entreprises.
- Un phénomène d’autocensure.Le manque d’information et la persistance de certaines représentations sociales entraîne nombre de travailleurs en situation de handicap à se dévaloriser. Ils estiment que certains métiers ne sont pas faits pour eux, alors que des dispositifs existent pour les aider à s’insérer dans le monde professionnel.
Face à ces problématiques, l’alternance semble être une solution viable pour ces jeunes.
L’alternance, une preuve d’efficacité
Lorsque l’on est en situation de handicap, il est encore plus nécessaire de bien se renseigner sur le métier que l’on veut exercer afin de s’assurer qu’il s’agit d’un objectif réaliste et de connaître les dispositifs que l’on pourra mobiliser.
L’alternance constitue une solution idéale car elle permet de construire un parcours professionnel adapté à sa situation de handicap.
Conjuguant enseignement théorique et expérience sur le terrain, elle permet une meilleure insertion dans le monde du travail.
L’alternance leur permet d’acquérir un diplôme recherché par les recruteurs et reconnu sur le marché du travail. Elle leur permet aussi d’entrer progressivement dans le monde professionnel. Enfin, suivre une formation en alternance donne des chances d’être embauché par l’entreprise formatrice une fois son diplôme obtenu.
Pouvoir justifier d’une expérience en alternance, c’est pour le travailleur handicapé un gage de performance et d’efficacité sur le terrain qu’il peut présenter aux recruteurs.
Il est à noter que la région Ile-de-France est celle qui recherche le plus d’apprentis en situation de handicap.
Pour faciliter l’insertion de la personne handicapée, certaines règles du contrat d’apprentissage sont adaptées.
Des spécificités pour l’alternance des handicapés
L’âge. Alors que l’âge lors de l’entrée en apprentissage est limité à 25 ans, il n’existe pas de limites pour les personnes en situation de handicap.
La durée du contrat. La durée d’un contrat d’apprentissage varie normalement entre 1 et 3 ans. La durée de la formation peut être portée à 4 ans si l’apprenti est reconnu travailleur handicapé.
Le déroulement de la formation. La formation peut se dérouler tout à fait normalement en CFA ou en section d’apprentissage. S’il existe des difficultés liées au handicap, il est possible de bénéficier, au sein du CFA, d’une formation adaptée à sa situation. Il est également possible de mettre en place des cours par correspondance.
Aides spécifiques. Comme dans le cadre de tout apprentissage, l’apprenti est rémunéré entre 25 et 80 % du SMIC. Les personnes handicapées peuvent également bénéficier de certaines aides de l’Agefiph (subvention forfaitaire et prise en charge de certains frais). L’employeur bénéficie également de subventions (prime de l’Etat et aides de l’Agefiph).
Il faut savoir que le contrat d’apprentissage est un véritable contrat de travail et nécessite la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé.
Les CFA
Les CFA ont développé une politique d’insertion des jeunes handicapés dans le monde du travail. Ils ont la pratique des jeunes en difficulté ; les groupes en classe sont de taille réduite (8 à 12 jeunes) ; l’adaptation, les soutiens et l’individualisation des parcours sont des facteurs pris en compte.
En outre, la majorité des CFA bénéficie aujourd’hui d’un référent handicap en interne.
Les CFAS
Les centres de formation d’apprentis spécialisés s’adressent exclusivement aux jeunes handicapés ou en difficulté sociale. Leur spécificité est d’assurer eux-mêmes tout ou partie de la formation, en collaboration avec les CFA.
Les chiffres clés
· En 2020, 2 720 contrats d’apprentissage et 3 463 contrats de professionnalisation ont été signés par des actifs handicapés, en hausse respectivement de 6 et 10 %.
· 80 % des apprentis handicapés se déclarent satisfaits du déroulement de leur cursus. 72 % d’entre eux réussissent leur examen final.
· 78 % des employeurs ayant reçu un apprenti en situation de handicap (dont 71 % comptent moins de 20 salariés) se disent prêts à renouvelés l’expérience.
· 60 % des alternants handicapés ont signé un contrat trois mois après la fin de leur cursus : 12 % en CDI, 18 % en CDD et 30 % de nouveau en apprentissage.
· Les secteurs qui accueillent le plus d’alternants handicapés sont le commerce (20 %), l’industrie manufacturière (17 %), la restauration (16 %) et la construction (15 %).