C’est la nouvelle un peu angoissante de ce mois de février. A l’heure où la France garantit à ses actifs un « droit un la déconnexion », nos voisins belges empruntent un chemin radicalement contraire. En cause : une puce que les salariés s’implantent sous la peau pour accéder à leur lieu de travail.
C’est à croire que le personnel de Newfusion est un peu tête en l’air. Confrontée à la perte récurrente des badges d’accès, cette petite entreprise belge a pris depuis le début du mois une décision radicale : remplacer ces bouts de plastique faciles à égarer par une puce électronique directement implantée sous la peau de ses salariés. Plus de clé ni de badge, il vous suffit d’avoir votre main avec vous pour être sûrs de ne pas rester sur le trottoir.
De la taille d’un grain de riz, cette puce RFID (pour « identification par radio-fréquence ») fonctionne comme un Pass Navigo et possède un nombre potentiellement infini d’applications (accéder aux locaux, allumer son ordinateur et activer la photocopieuse). Elle contient également des informations sur le salarié, qui peut transmettre sa carte de visite uniquement en passant son poignet devant le smartphone de son interlocuteur.
Les huit salariés (sur les douze que compte la boîte) ayant accepté de se prêter à l’expérience semblent ravis de leur choix, même s’ils reconnaissent son côté un peu gadget.
Nouvelle en Belgique, cette technologique est déjà bien utilisée aux Etats-Unis, pour des raisons aussi bien commerciales (paiement sans contact) que médical. En effet, les puces implantées permettent aux secours d’accéder au profil santé de victimes d’accidents ou de malades d’Alzheimer.
Leur arrivée en terres belges n’est pourtant pas sans inquiéter Alexis Deswaef, président de la Ligue des Droits de l’Homme locale. « C’est un réel danger », estime-t-il. « On flique dorénavant les employés au plus profond de leur chair. C’est un outil de contrôle total. » De fait, la puce peut collecter des informations d’intérêt pour les dirigeants : heure d’arrivée et de départ, temps de pause, nombre de cartes de visite distribuées… le tout donnant lieu à un calcul de la productivité du salarié. Au-delà-même de la sphère professionnelle, les défenseurs de la vie privée s’inquiète d’une possible concentration d’information sur des puces facilement consultable (voire piratable) à distance.
De ce côté de la frontière, leur mise en circulation n’est actuellement pas permise dans les entreprises françaises. La CNIL et le Code du Travail imposent en effet la règle de la "juste mesure de la réponse" dans les demandes des employeurs vis-à-vis de leurs salariés.